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Post-Covid-19: Place à l’amour

1 avril 2020, 12:43

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Post-Covid-19: Place à l’amour

“And ‘mid this tumult Kubla heard from afar Ancestral voices prophesying war.”
Coleridge

Il est fort probable qu’avant dix ans nous aurons marché sur Mars. Il est malheureusement certain que pendant ces dix ans nous serons assommés par d’autres virus calamiteux.

D’une part donc des ressources considérables consacrées à la quête de nouvelles disponibilités minérales et matérielles au nom d’une certaine idée de ce qu’est le développement. D’autre part une amnésie récurrente et généralisée sur ces valeurs fondamentales que sont dialoguer, modérer, comprendre, partager. Valeurs auxquelles nous aurions intérêt à accorder beaucoup plus d’importance par l’enseignement, les prêches, les écritures, les arts. 

Les circonstances actuelles nous pousseraient-elles à privilégier une tangente catastrophique ? 

Oui. A désespérer de l’homme. Ce tumulte est depuis des âges cause d’appétit de pouvoir, de despotisme, de conflits larvés comme actuellement au Moyen Orient ou de guerres mondiales, comme celles du siècle dernier. Ce tumulte toutefois n’est pas dans les épidémies et autres catastrophes qui nous affligent. Il est dans la nature belliqueuse de nos gènes. Nous n’aurions donc jamais tiré de leçon salvatrice de nos pulsions malsaines. Aussi, selon certains mystiques, et même selon Bill Gates, la Terre, ayant pris conscience de nos turpitudes, aurait choisi de se venger par l’entremise d’une chauvesouris avalée goulûment par les Wuhanais. 

«Faut-il pour autant désespérer de l’humanité ? Oui. A condition cependant que de cette désespérance nous puissions enfin nous élever et nous accorder sur les vraies valeurs qui sont celles de la main qui fraternellement étreint plutôt que celle qui tue…»

Quelle dérision ! 

Il est vraiment désespérant de constater qu’après Lincoln et Kennedy nous sommes affligés d’un Trump qui ment comme il respire, d’un joker : BoJo obsédé par un brexit ruineux et sa théorie de «herd immunity»*, d’un Jacob Zuma succédant à l’humanisme de Mandela, du crapuleux Modi après Gandhi, d’un Poutine machiavélique après Lenine le visionnaire, d’Hashem Al Atassi suivi de Bachar Al Assad… la liste des indignes successeurs serait longue. Trop longue.

Faut-il pour autant désespérer de l'humanité ? 

Oui. A condition cependant que de cette désespérance nous puissions enfin nous élever et nous accorder sur les vraies valeurs qui sont celles de la main qui fraternellement étreint plutôt que celle qui tue, d’essayer de comprendre plutôt que de juger, de préserver notre environnement naturel plutôt que de le bétonner, d’investir dans les laboratoires et les hôpitaux plutôt que dans les missiles intercontinentaux, de céder à l’ivresse de la contemplation méditative plutôt que de persévérer dans une obsédante recherche de prestige et d’argent. 

Bref, comme l’a écrit Aragon : «Il n’est qu’AMOUR qui vivre vaille.»

***«herd immunity» : Laissons filer l’épidémie. Aucune restriction. Elle finit par s’estomper naturellement. Nous sauvons l’économie au coût de 500 000 victimes, majoritairement des vieux et des malades !

Armand Maudave, ancien diplomate et cadre du privé.