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Post-Covid-19: Le pouvoir politique est confiné

1 avril 2020, 12:19

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Post-Covid-19: Le pouvoir politique est confiné

Pas encore dans l’après Covid-19. Parlons plutôt des transformations qui vont avoir lieu dans les jours et semaines à venir, lorsque le nombre d’infectés augmentera de manière sensible, ou que, malheureusement, le nombre de décès commencera à nous effrayer. Même si nous ne le souhaitons pas, cette éventualité est plus près de nous que la réalité d’une crise résolue : la découverte d’un vaccin, pour le moment, n’est qu’une variable aléatoire, quand bien même qu’elle soit porteuse s’espérance. 

Les transformations dans nos habitudes vécues jusqu’ici vont s’amplifier : d’un pays qui roulait au ralenti depuis quelques jours, on passera au point mort - le jeu de mots est exclu. Tous les secteurs de la vie publique aussi bien que le quotidien du Mauricien, son existence, seront secoués dans leurs routines établies lors de la période de l’avant-crise. 

Plus le pays s’enfonce dans la pandémie, plus les détenteurs de pouvoir de l’argent, les chefs autoproclamés des lobbies, castes et communautés, les protégés et impunis notoires, mesureront la nature éphémère de leur pouvoir. 

«La police sévira, des méthodes qu’approuveront les bien lotis : recette pour des tensions qui transformeront le Mauricien calme et solidaire en réfractaire des ordres imposés, mais irréalisables.»

Le pouvoir politique, lui, est confiné : condamné à gérer les chiffres qui montent en inquiétude et les tensions que provoquent ses décisions. Et, bien qu’acculé par les dysfonctionnements au niveau du «preparedness» pour ce type de crise, il va accentuer la pression sur la population pour qu’elle cède encore plus de sa liberté. 

Chez le peuple, certains auront la chance de continuer à vivre comme avant, évidemment avec quelques petits inconvénients et modifications à leurs appétits : ceux qui ont fait leur stock de provisions, ceux qui travaillent chez eux, et les salariés aux émoluments garantis. Le calvaire sera pour les autres. Et la police sévira, des méthodes qu’approuveront les bien lotis : recette pour des tensions qui transformeront le Mauricien calme et solidaire en réfractaire des ordres imposés, mais irréalisables. 

Avec le nombre croissants d’infectés, les hôpitaux seront pris d’assaut, donnant lieu à une insuffisance de lits, de respirateurs et autres équipements. Les malades du Covid-19 viendront s’ajouter aux cas, en temps normal, de crise cardiaque, d’AVC ou autres résultant d’accidents graves, provoquant manque de place dans les ICU et pression sur les médecins. Lorsque la situation rendra incontournable le triage-procédure cruelle qui fait choisir parmi des patients, ceux à laisser mourir- le Covid- 19, en continuant son expansion, verra notre rapport avec la mort se transformer ! 

Avec de pires jours à venir, une adhésion totale de la population aux mesures difficiles dépasse le cadre de l’utilité : elle est une exigence logique. Le pouvoir n’a d’autre choix que de s’y conformer, s’il ne veut pas avoir à gérer une crise à l’intérieur d’une autre. 

Nos élites politique et économique et autres détenteurs des pouvoirs deviendront plus humbles, et pas seulement dans leur discours. Ils s’imprégneront d’un sens sincère d’écoute des autres, en dehors de leur giron de complaisants. Fini leur ton péremptoire vis-à-vis du peuple, des médias et l’opposition. Fini leur refus de la critique contre la gestion des fonds publics, contre leurs projets mirobolants. Fini leur cynisme sur les questions de l’environnement. 

Maintenant que Covid-19 leur rappelle qu’elle est vaine… la recherche d’éternité !

Kris Valaydon, avocat, démographe.