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Peuple pollueur

23 février 2020, 07:00

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Le pays est sale. Non, nous ne gagnerons pas le premier prix du plus beau pays (malgré la beauté naturelle de nos paysages) et nous ne figurerons pas sur le podium, non plus, si jamais un tel concours est organisé à l’échelle mondial. Du moins, tant que des mesures, voire des remèdes de cheval, ne sont pas appliquées pour que le peuple mauricien cesse de polluer à tout va. Car, hélas, oui, le pays n’est pas d’une propreté impeccable. La saleté règne en maître dans nos villes et villages, sur nos plages comme dans nos espaces verts. Même la mer n’est pas épargnée, encore moins nos cours d’eau.

Maurice, pays à vocation touristique, qui se vante (avec raison) de tant de beaux atouts et de beaux atours, pèche par un grave défaut d’irrespect de l’environnement. Là, il ne faut pas tirer sur le pianiste, c’est-à-dire sur les organismes qui sont d’ordinaire impliqués dans la gestion du dossier environnement, tel le ministère de tutelle, les ONG ou les cellules éco-environnementales du secteur privé. Eux, ils font de leur mieux pour aider à combattre la pollution et protéger l’environnement. Non, s’il y a un coupable qui joue les innocents, c’est bien le Mauricien lambda. Il pollue mais ce n’est jamais lui qui se sent responsable.

Ouvrez les yeux autour de vous. Qui, de par ses actions, contribue à la dégradation de l’environnement ? Qui, de par son égoïsme et son «je m’en-fout-pas-malisme», balance ses détritus chez le voisin ou dans des drains, jette son mégot de cigarette ; ses papiers gras de dholl puri ou de farata ; sa canette de boisson, ses «take-away» de nouilles frites, de briani ou de «gadjaks» ; son sac en plastique rempli de chutes et d’abats de poulet, de poisson ou de viande ; ses vieux appareils électroménagers ; son matelas ou son sofa usé, et bien d’autres joyeusetés de ce genrelà où il se trouve : dans la rue, sur les berges de la rivière d’à-côté, sur le bord des autoroutes, sur les esplanades publiques, dans les autobus, sur le littoral, à la mer, ou partout là où le pollueur qui ne dit pas son nom pense pouvoir s’en tirer, ni vu ni connu. Qui ? Cela vous rappelle quelqu’un ? On peut parier que oui.

Le Mauricien pollueur est d’un naturel paresseux. En général, il ne fait pas faire d’effort pour se débarrasser d’un objet encombrant en se servant d’une poubelle. Par exemple, lors de processions, de concerts, de meetings ou d’autres événements réunissant une multitude de personnes, des âmes charitables, des organisations bénévoles font des donations en termes de boissons rafraichissantes servies dans des gobelets en plastique ou de gâteaux frits servis dans du papier. Ou des buvettes et des stands de restauration rapide sont prévus, pour répondre aux besoins de la foule. Des poubelles et de grands sacs en plastique sont mis à la disposition des gens, pour qu’ils y jettent leurs détritus. Sauf que, dans la majeure partie des cas, que font les gens ? Ils ne restent pas manger ou boire près des poubelles, préférant continuer leur marche ou aller ailleurs. Résultat des courses, une fois le gobelet ou le papier ou carton d’emballage vidé de son contenu, il n’y a plus de poubelle dans les parages. Et hop, par terre, la saleté ! Sans état d’âme.

Ne parlons pas de l’état de nos plages et de nos fronts de mer, une fois le week-end passé. La liste des méfaits du citoyen pollueur est longue, très longue. Alors, que faire ? Comment un enfant, à qui l’école enseigne l’importance de la protection de l’environnement, les rudiments de l’écologie et la nécessité du développement durable et de l’énergie verte dans notre société, peut-il militer pour une meilleure protection de notre planète et de ses ressources quand, en même temps, il voit ses parents et les adultes autour de lui se comporter en pollueurs invétérés de la nature ?

L’éducation formelle fait sa part des choses. Le ministère de l’environnement aussi. Mais il est temps, désormais, d’agir contre les pollueurs. Avec sévérité. Il faut mettre un frein, par exemple, au dumping sauvage. Les lois doivent être amendées, les peines alourdies. Mais surtout, il faut continuer à dénoncer ceux qui polluent. C’est un devoir citoyen. Le temps est à l’action, car les belles paroles ne suffisent plus. Petit à petit, on tue le tourisme, la saleté ambiante faisant fuir nos visiteurs. Alors, stop au massacre de notre environnement. C’est notre devoir à tous.