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Discours programme: Revoilà BIOT (British Imported Outdated Tradition)
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Discours programme: Revoilà BIOT (British Imported Outdated Tradition)
Remontons quelques siècles, l’Angleterre, Sa Majesté le Roi assis sur son trône, lisait un message, faisant part à ses sujets les ordres qu’il aura donnés à ses ministres d’exécuter, afin que soient justifiés les taxes et autres prélèvements imposés au peuple pour maintenir l’armée pour défendre le pays, les dépenses de la famille royale et l’entretien de la cour du roi. Puis vint le siècle où cette tradition, la lecture du discours du trône, a été transmise aux colonies, dont Maurice qui la préserva même après l’Indépendance du pays, avec un discours lu par le gouverneur général. Et même, le passage du pays au statut de République ne mit pas fin à cette tradition copiée, pour ne pas dire singée, d’une histoire qui ne fut jamais la nôtre.
My Government ?
Et le folklorique aidant, on a même repris le «My Government», répété au début de chaque paragraphe du discours, comme pour réveiller ceux qui sommeillent. C’était une formule utilisée lorsque le roi, choisissant lui-même ses ministres, pouvait parler en termes de «ses» ministres, «son» gouvernement, tout comme il aurait dit «mes loyaux sujets, mon armée, mes châteaux». Il possédait tout. Mais ce temps-là est révolu. Et lorsque la République de Maurice, on entend résonner un «My Government», on a du mal à suivre, car chez nous ce n’est pas le président qui choisit les ministres ou le gouvernement. Bien au contraire, c’est le gouvernement qui choisit le président et lui donne des ordres. Mme Gurib-Fakim appréciera!
Si une démocratie est le «government of the people», logiquement, le gouvernement devrait appartenir au peuple et non pas à une personne en particulier. Même pas au détenteur de tous les pouvoirs politiques, au Premier ministre : celui-ci n’étant que le premier parmi ses pairs, ses collègues, avec qui il constitue un ensemble appelé gouvernement n’appartenant à personne, sauf au pays, au peuple.
Utilité de l’événement
Mais on doit pouvoir se demander à quoi ça sert aujourd’hui ce discours qui autrefois se lisait dans la salle du trône, vieux bâtiment en bois gris qui revêtait ce jour-là ses beaux atours car, convention parlementaire oblige, Sa Majesté n’ayant pas droit d’accès à la Chambre des communes, son représentant ici ne pouvait prendre place dans la salle du Conseil législatif. Si l’événement est monté pour que nos dirigeants nous informent de ce qu’ils feront du pouvoir qui leur a été confié, en quoi ce serait différent de ce qui est écrit dans leur manifeste électoral, ou de ce qu’on a entendu dans les différents messages à la population depuis les élections?
Dans une époque où nous parlons de gestion basée sur la performance avec indicateurs objectivement vérifiables, à quoi servent des déclarations vagues d’intentions, sans aucun engagement, sans aucune obligation de résultat? À moins qu’on y voit dans cet événement, plus people que de substance, et surtout dans les débats talk-show qui s’en suivront, un petit exercice de communication pour nous montrer le visage de ceux qui aspirent à gouverner nos vies. Surtout les nouveau venus, et ceux dont les médias ne parleront peut-être jamais.
N’était-il pas mieux que nos élus se mettent au travail avec des questions parlementaires et que nos ministres nous présentent leur calendrier des priorités en matière de législation?
BIOT
Aujourd’hui, nous n’avons plus de bal le soir, dans la salle du trône, et les notables ne rentrent plus chez eux en calèches. Mais on perpétue la tradition, avec quelques nuances. Et même si ces jours-ci on cherche à apaiser les Anglais à cause des Chagos, on pourra aussi leur dire qu’ils n’y voient pas dans notre geste une quelconque Built-In Obséquieux Tradition (BIOT).
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