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Promesse électorale: Violation flagrante de la loi!

24 octobre 2019, 01:24

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Toute promesse faite ou toute pression exercée pour influencer le votede l’électeur est formellement interdite. Et pourtant, ces jours-ci, que  voyons-nous?  Après  le  mercato des candidats transfuges, une vente à l’encan de la conscience... proposée aux électeurs.

La course aux promesses électorales  est  lancée.  Le  politicien s’acharne  à  offrir  plus  et  encore plus, alors que le peuple fait ses comptes pour savoir pour qui voter. L’électeur attend avant de se prononcer, il est indécis. Il va se laisser influencer, s’il ne l’a pas encore été par une offre alléchante déjà faite ou un gain déjà obtenu. Le vote de l’électeur n’est plus libre lorsqu’il est ainsi conditionné. Les élections ne sont plus «free and fair»: c’est la raison pour laquelle la loi condamne la promesse faite avec pour but d’influer sur le vote et l’élection d’un candidat. Et pourtant...

On constate la défiance de la loi, la Representation of the People’s Act, qui interdit formellement la promesse qui est faite dans l’intention d’influencer  l’électeur  dans  son choix. Il est même prévu que la violation de la loi est punie par amendes et peines d’emprisonnement. Mais dans le tourbillon électoral dans lequel le pays se trouve, la surenchère est devenue la règle. L’illégalité est devenue acceptable. Et ce ne sont surtout pas ceux qui en tirent profit, politiciens et bénéficiaires, qui vont se plaindre. Chacun y trouve son compte: de la liberté du vote, des élections libres et justes, de la démocratie, ils n’en ont que faire!

Si la loi interdit la vente d’alcool le jour du scrutin, c’est pour empêcher qu’il sert à saouler l’électeur et l’amener à voter pour un candidat ou un parti quelconque. L’alcool peut aussi servir pour décourager l’électeur dont la couleur politique est connue, afin qu’il n’aille pas voter. Cette interdiction autour de la vente d’alcool est ancienne, sinon on y aurait inclus la drogue aussi. Elle fut introduite dans la réglementation sur le déroulement des élections afin d’empêcher que le flot de vin, bière et rhum n’affaiblisse le sens de jugement de l’électeur, et qu’il perd sa liberté d’exercer son choix. La loi a ainsi prévu une disposition qui n’est en somme que l’expression simple du souci de protection de l’électeur susceptible de perdre son sens de la raison sous l’effet de l’alcool. Les élections doivent être free and fair.

La promesse  électorale,  violation de la loi, a évolué dans le temps. Aujourd’hui,  elle  est  devenue  acceptable et fait partie des pratiques usuelles  dans  notre  société.  L’atteinte à la loi électorale condamne tout acte de «bribery» des électeurs et le «undue influence». Regardons également l’esprit de la loi: c’est un moyen de juger si une proposition faite par un parti politique constitue une  promesse  électorale  ou  bien c’est une mesure qui peut figurer dans un manifeste électoral.

Il n’y a pas d’équivoque entre un programme ou manifeste électoral et une promesse électorale.  Hier, un travailleur social a dénoncé le bribe électoral pour qualifier la proposition d’offrir un lopin de terre aux planteurs qui avaient été délogés il y a quelques années pour faire de la place au projet Jin Fei. On est au courant de la surenchère entre adversaires politiques autour de la pension de vieillesse dont la promesse d’augmentation en 2014 avait porté ses fruits: aujourd’hui, on constate la récidive. Et il y a les 100 000 roupies aux propriétaires d’une patente de taxi, des bateaux aux pêcheurs.

Par ailleurs, il y a de ces cadeaux qui sont offerts aujourd’hui hors de la vue du public et des médias. Ou encore, ces promesses qui se feront la veille des élections, comme pour donner l’estocade aux adversaires, les mettre K.-O.

Ainsi va le système, l’argent achète tout, et le puissant va tenter d’escroquer l’électeur de son vote. Une mission rendue possible seulement que si le peuple veut bien vendre sa conscience.