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Plaidoyer pour un vrai débat politique

11 août 2019, 12:28

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Selon des politologues de tout poil (c’est-à-dire presque l’ensemble de l’électorat), nous ne serions plus qu’à quatre mois des élections générales. Certains se basent sur des calculs savants, d’autres sur la prédiction des astrologues, pour avancer la période du début du mois de décembre comme la plus probable pour le scrutin national. Le «Nomination Day» pour la partielle au no7 samedi prochain n’est qu’anecdotique car, hormis certains naïfs, personne ne croit à cette élection de remplacement. La campagne pour les générales est bien lancée. L’occasion pour la population de plaider pour un véritable débat entre les principaux adversaires politiques, autour des enjeux qui préoccupent le pays. Des défis pour des face-à-face ont été lancés et relevés, certes, mais force est de constater que notre histoire politique n’a, hélas, jamais vraiment donné vie à ce type de joute démocratique. 

Déjà, on semble se diriger vers un mano a mano entre Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam pour le poste de chef du gouvernement pour les prochains cinq ans. Les petites phrases assassines n’ont pas manqué entre les deux hommes ces derniers jours, ce qui vient ajouter du piment au sel de la campagne électorale. La mayonnaise monte et, avec elle, grimpe aussi l’attente de l’électorat. Il y a certes la petite armée d’irréductibles «die hards», qui ne jure que par leur leader respectif. Ceux-là n’ont, en règle générale, que faire de débats sociopolitiques ou autres. Eux, ils ne sont intéressés que par la meilleure façon de soutenir leurs poulains et de les faire gagner. Coûte que coûte. 

Par contre – et ils sont de plus en plus nombreux, les indécis, ceux qui ne sont pas forcément «fans» d’un parti quelconque – qui veulent connaître un peu mieux le programme électoral (s’il existe) des diverses forces en présence. Surtout celles qui, selon toutes probabilités, réunissent les meilleures chances de l’emporter lors des élections. Ces gens-là ont soif de véritables débats démocratiques, de discussions civilisées et constructives, entre adversaires polis et calmes, qui se respectent. Des adversaires qui peuvent défendre leurs convictions et leurs projets de société avec force et vigueur, sans se sentir obligé d’attaquer l’adversaire sous la ceinture, en entrant dans sa vie privée ou en le dénigrant physiquement, par exemple. 

En général, les Mauriciens, ceux qui savent ce qui se fait de mieux en termes de débats politiques dans des pays démocratiques, ne veulent plus de ces types de campagnes comme le faisaient leurs parents. Ou comme le font toujours certains. On a un peu marre des propos grivois sur la vie privée des adversaires, des discours tenus debout, sur des «kes kamion», par des politiciens plus proches du comédien faisant du «stand up» que de la personne responsable et sérieuse qui nous demande de lui confier les clefs de l’État pour les cinq prochaines années. Ce type de campagne est dépassé à l’orée des années 2020. Les politiciens doivent comprendre cela, surtout les vieux de la vieille. 

Alors, oui, il faut rajeunir la classe politique. La rajeunir en termes d’hommes et de femmes mais, aussi, en termes d’idées et de manière de faire. Il faut que le prochain chef de gouvernement comprenne que pour gagner les élections, des choses doivent changer. Il faut, pour reprendre un mot cher à Navin Ramgoolam, une veritable politique de rupture avec l’état actuel des choses. Un changement en profondeur et non des retouches cosmétiques. Des tares, comme la corruption et le népotisme, doivent disparaître. Car elles sont, hélas, toujours là. Sait-on que, tous les ans, des centaines de jeunes migrent vers d’autres cieux parce qu’ici leur avenir est bouché par des considérations autres qu’académiques ou professionnelles ? Juste parce qu’ils sont «mal nés» ou qu’ils n’ont pas les «pistons» appropriés pour les faire aller de l’avant ? Combien de fonds publics continuent à être détournés de leurs missions premières ? Il est temps de remédier à tout cela. 

Ce pays se fera un bien fou si vraiment, avant les élections générales, on arrive à assister à des débats politiques solides et sérieux, où les enjeux de la société sont débattus de manière civilisée. Que la classe politique écoute aussi ce que la population a à dire sur ce qui la préoccupe. Que les jeunes aient une plateforme appropriée pour faire entendre leur voix. Ce pays aura besoin de tous ses bras pour le faire avancer. Il ne faut pas que certains soient laissés au bord de la route. Que nos «bêtes» politiques comprennent (enfin) cela. Qu’elles comprennent que le peuple voit et réfléchit. Et que les abus finissent toujours par être sanctionnés. Par la justice ou par le tribunal populaire.