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JIOI et droit d’accès au sport

1 août 2019, 08:11

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Non, ce n’est nullement pour jouer à troubler ces moments de liesse qui ont traversé le pays, ni faire oublier ces instants de vrai bonheur, tout à fait légitimes, qui ont gagné nos coeurs. On veut seulement rappeler l’effort de tous ceux qui ont participé aux JIOI, les sacrifices qu’ils ont consentis, les moyens qu’ils y ont mis, eux et leurs parents, pour faire que Maurice retrouve son âme et ses espoirs. Mais on veut surtout saisir l’opportunité que nous offre l’ambiance régnante pour se rappeler que sans des moyens, rien n’aurait été possible. Et que, d’ailleurs, ils sont peut-être des milliers de jeunes dans notre pays à ne pas en bénéficier. D’où cette petite réflexion qui suggère ou signale que dans le sport, nous avons toujours un problème d’accès équitable. Même si un enfant de Batterie-Cassée ait pu revenir à la maison avec une médaille.

Démocratisation

On a certes fait du progrès dans la démocratisation de la pratique du sport à Maurice, c’est un phénomène inévitable. On ne pouvait en faire moins. Mais notre victoire aux JIOI ne devrait pas nous faire croire que tout le processus de rendre l’accès à la pratique sportive est terminé. Nous avons encore des tours de piste à faire, des buts à marquer. La médaille que le sport mauricien a remportée n’est en or que de nom, suffit de gratter le vernis du plaqué pour s’en rendre compte.

On doit pouvoir être lucide et se demander combien de jeunes n’ont jamais mis les pieds dans un gymnase, ou sur un court de tennis, ou sur un vrai terrain de foot ; combien peuvent se procurer d’une bonne paire de chaussures pour pratiquer la course, le basket ou le foot ; combien peuvent s’offrir tous ces accessoires qui même s’ils ne sont pas fortement taxés, coûtent trop chers pour être payés en puisant dans un mois de salaire minimum. Oui, ils sont nombreux ces jeunes qui en ont de l’énergie à dépenser, de l’enthousiasme, des envies de pratiquer un sport, de briller eux aussi. Mais faut-il qu’ils aient accès à des cours de formation, d’entraînement, à un coach et aux équipements nécessaires pour monter sur un ring, ou donner des coups dans un «punching-ball» au lieu de cogner leurs voisins ou leurs camarades de classe à la gare du Nord ou à Jan Palach.

Golf, tennis…

On ne parle pas d’accès au golf réservé à l’élite, cela, on va l’oublier, ni de l’escrime, de l’équitation, et autres tir à l’arc. Parlons du simple badminton, par exemple : ça a l’air d’être accessible, mais l’est-il totalement, comme on le croit ? Et qu’en est-il de la natation : combien de jeunes de Résidence Barkly s’entraînent à la piscine de Serge Alfred, qui pourtant se trouve à quelques mètres ? Ils doivent être comme ces nombreux jeunes qui ne connaissent que l’eau salée, encore doivent-ils s’estimer heureux qu’un promoteur immobilier ne soit pas passé par là pour «kokin nou laplaz».

Et du cyclisme, est-ce que c’est donné à tout jeune d’en faire ? Et ainsi de suite. On vous laissera ajouter les gants de boxe, les vitamines, la raquette… C’est pour dire que l’accès n’est pas aussi facile que l’on croit, et que la démocratisation de la pratique sportive a encore du chemin à parcourir.

Problématique

Terminons par ce post-it : Dans les années 90, l’accès à ce club de tennis était fondé sur un critère peu honorable, celui de la couleur de la peau. Aujourd’hui, les choses ont changé : c’est l’argent qui compte, la profession des parents. Traduisant toujours, hélas, l’existence de la problématique d’accès !