Publicité

Le grand bluff de la partielle

23 juin 2019, 12:16

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Arrivé le 13 novembre, il n’y aura pas d’élection partielle au n°7. Ceux qui, surtout au gouvernement, tendent à nous faire croire du contraire, sont en train de nous mener en tram. C’est du bluff et comme tout bon bluff, le coup réussira si le joueur qui bluffe arrive à se maîtriser et, aussi, à «lire» le jeu de ses adversaires. Et s’il détient aussi une bonne main, le bluff fera une tuerie. Sauf que, pour la partielle, les signaux ne sont pas au vert pour la majorité. Depuis le 21 mars dernier, il n’y a plus de troisième député au n°7. Et le 13 novembre, cela fera presque 8 mois que les habitants de Piton–Rivière-du-Rempart, incluant les quelque 43 000 électeurs, voient leur droit d’être représentés au Parlement bafoué. Sur un mandat de 60 mois, huit mois sans un député, c’est beaucoup.

Les pense-petits diront que le Premier ministre fait déjà beaucoup en annonçant la tenue de la partielle. Sauf que Pravind Jugnauth s’est appuyé sur les délais maximaux que lui autorise la loi pour fixer les dates importantes de cette consultation. Attendre presque le dernier jour légal pour que la Présidence émette le décret électoral, fixer le jour du dépôt de candidature à la fin de la période de 60 jours autorisée et caler la partielle le 13 novembre, soit trois jours avant la limite maximale à ne pas dépasser, montre le peu de sérieux avec lequel le droit constitutionnel des habitants du no7 a été traité. Le PM, si vraiment il avait voulu que la partielle se tienne, aurait pu s’appuyer sur les délais minimums pour qu’elle se tienne plus tôt. Non, la majorité cherche simplement à gagner du temps.

Selon l’auteur, dans le contexte politique actuel, il est mieux que
la population soit rappelée aux urnes pour des élections générales.

Tout cela nous amène à un constat : le Parlement sera dissous avant le 13 novembre et le pays se dirigera vers des élections générales. Cette dissolution anticipée (puisque l’Assemblée nationale se serait dissoute automatiquement le 21 décembre, soit cinq ans après sa première session du 22 décembre 2014) pourra intervenir autour du 6 novembre car le Premier ministre, s’il manoeuvre en ce sens, ne peut permettre à la commission électorale d’imprimer les quelque 43 000 bulletins de vote, gaspillant ainsi des fonds publics. Car, en principe, le vendredi 8 novembre, ces bulletins devraient être prêts.

On sait que la démocratie n’a pas de prix mais, dans le contexte économique actuel, le pays ne peut se permettre le luxe de dépenser plus de Rs 70 millions pour qu’un nouveau député élu le 13 novembre ne reste en fonction que 38 jours, soit jusqu’à la dissolution automatique de la Chambre. Et encore, il faudrait qu’il puisse prêter serment, le Parlement devant être probablement en congé à cette période de l’année. Non, il n’y aura pas de partielle mais bien des élections générales. Quand ? Cette réponse, seul le Premier ministre la détient.

Mais, si on connaît un peu l’histoire politique du pays et si on comprend les réalités sociologiques voire climatogéographiques de Maurice, la fenêtre de tir du leader du MSM n’est pas bien grande. S’il dissout le Parlement dans la première semaine de novembre, il peut, selon la Constitution, gouverner le pays jusqu’à fin mars 2020 voire jusqu’aux premiers jours d’avril. Sauf que Pravind Jugnauth ne pourra plus s’appuyer sur ses députés et autres PPS, car seuls ses ministres et lui continueront à expédier les affaires courantes.

Plus de possibilités de passer des lois ou de faire des opérations «coupe-ruban», par exemple. Il y a aussi la multitude de fêtes religieuses de janvier à mars, avec leurs lots de périodes de jeûne. Il y a la période cyclonique qui battra son plein, avec les risques d’inondations un peu partout, qui provoqueront grognes et colères parmi la population. Il y a la pression que ne manquerait pas de mettre une opposition en mode électoral. Il y a les facteurs impondérables liés au Metro Express et à d’autres projets infrastructurels. Il y a la dissipation des effets post-budgétaires parmi ceux qui y trouvaient quelque chose de bon. Bref, des éléments qui tendent à démontrer que les élections générales se tiendront avant la mi-décembre.

Dans le contexte actuel, avec des parlementaires, surtout ceux d’un des côtés de la Chambre, qui ne brillent pas par leur finesse, avec certains élus qui ne méritent pas le qualificatif d’«honorable» tant leur comportement dans l’Hémicycle et en dehors dévalorise la noblesse de l’institution (gestes obscènes, paroles inappropriées, affaires et scandales à n’en plus finir, non-maîtrise des dossiers, etc.), le mieux pour la population serait que le pays soit rappelé aux urnes. Le plus tôt possible.