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La femme, un homme comme les autres

10 mars 2019, 08:39

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Célèbre-t-on la Journée de l’Homme ? Je veux dire, y a-t-il un jour spécial où les humains de sexe masculin se rencontrent en congrégation et se tiennent épaule contre épaule, en se donnant des tapes d’encouragement dans le dos et en écoutant des discours dithyrambiques et ampoulés, prononcés par des femmes ? Non ? Il n’y en a pas ? Vous ne m’en voyez pas étonné du tout. Et vous ne l’êtes pas non plus, chers lecteurs. Et lectrices. Parce que les hommes, ces êtres qui se comportent, en général, comme des maîtres du monde, n’ont que faire d’une journée dédiée à leur magnificence. Ils ont 365 jours pour célébrer, pardi ! Alors, quel est le but d’avoir UNE Journée de la Femme ?

Au risque de me faire lyncher par des féministes pures et dures, je vous demanderai, lecteurs avisés et pas intellectuellement limités pour un sou, de bien réfléchir avant de me jeter la pierre. Pourquoi vous, femmes, devez-vous vous contenter d’UNE seule et malheureuse journée alors que vous avez 364 autres à conquérir et à faire vôtres ? Malheureusement, et c’est cela le triomphe de la société patriarcale, on vous a conditionné, vous femmes, à accepter la Journée de la Femme comme le summum de la récompense de vos durs labeurs. Beaucoup d’entre vous ont fini par trouver cela normal. Le patriarcat est une arme de destruction massive, souvent utilisée par des femmes, contre des femmes. Hélas…

Donc, heureuses créatures, vous avez une journée rien qu’à vous ! 24 heures où vos louanges seront chantées, votre magnificence magnifiée, votre travail reconnu, votre rôle dans la société ovationné ! Tout ça, grâce à qui ? À l’Homme, chères amies ! L’Homme, qui dans son infinie bonté, vous a fait cadeau d’une journée de répit, où vous ne serez pas battues, pas violées, pas martyrisées, pas blessées dans votre chair et dans votre tête, pas exploitées sexuellement, pas abusées professionnellement, pas l’objet de discriminations en tous genres, pas foulées au pied par l’Homme, le seigneur et maître. Bon, ça, c’est ce que l’Homme voudrait. Mais vous, vous savez que Journée de la Femme ou pas, «kan éna pou ramas bézé, péna zour, dat ou bien ler».

Alors, quoi faire ? Faut-il ne plus avoir cette journée spéciale ? Faut-il supprimer le ministère qui, en théorie, s’occupe du bien-être de la femme, entre autres ? La réponse n’est pas évidente. Au lieu d’aller grossir des foules et applaudir des leaders politiques qui viennent, le coeur sur la main et la bouche en fleur, vous promettre monts et merveilles, tout en vous donnant l’assurance d’une vie à l’eau de rose, il serait mieux que vous les femmes, de concert avec des hommes ouverts d’esprit et progressistes, vous mettiez vos connaissances et expériences socioprofessionnelles au service de la cause féminine. Sans parti pris politique ou féministe.

L’heure n’est plus aux revendications sociétales et juridiques du siècle dernier. Les mouvements féministes ont beaucoup fait avancer la cause de la femme de par le monde. Maurice n’a pas été en reste. Mais il serait temps de «think out of the box» et de briser les paradigmes établis et gravés dans le marbre. Pourquoi une moitié de la population mondiale doit-elle se contenter de miettes laissées par l’autre moitié ? Ce n’est pas faire honneur à la femme que de l’enfermer dans des stéréotypes conventionnels. Heureusement, le monde change. Par exemple, des parents modernes ont compris que, pour avoir une société moins machiste et plus juste envers la femme, il faut éduquer et bien élever un être essentiel à cette réalisation : le petit homme, le garçon.

Un garçon élevé dans une éducation parentale où la fillette, l’adolescente, la jeune femme, la mère de famille, la femme vieillissante et la femme pivot de la société est valorisée, reconnue, traitée en égale de l’homme, sera un imbécile et un macho de moins qui passerait son temps à taper sur les femmes, dans tous les sens du terme. Attention, l’obstacle majeur à la création de ce petit homme bien dans sa peau est souvent… la femme elle-même. C’est une femme élevée dans le patriarcat pur et dur, qui a été endoctrinée aux valeurs machistes dès son jeune âge et qui se révèle souvent être un obstacle aux autres femmes de son entourage.

Il faut réfléchir et ensuite agir. La parité du genre n’est pas une réalité à l’aube des années 2020. Surtout à Maurice. Des femmes continuent à être tuées, violées, battues, exploitées malgré les grands discours politiques du 8 mars. Il faut que les hommes et les femmes cessent de se comporter en adversaires et se muent en coéquipiers. Nous sommes tous dans la même équipe. Foutons ceux et celles qui sont encore primitifs dans leurs actions dehors et travaillons à une vraie égalité du genre humain. Car la femme est un homme comme les autres…

Jayen Teeroovengadum