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Lettre à «enn royos»

27 janvier 2019, 08:39

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J’ai des choses à te dire, mon garçon. À toi aussi, ma fille. Je te parle comme un ami. Je ne vais pas te faire la morale, loin de là. Juste quelques remarques. Des vérités universelles, comme il en existait du temps où tes parents étaient à l’école, comme il en existe toujours et comme ce sera encore le cas dans le futur. Je ne vais pas entrer dans la polémique autour de l’éducation publique. Depuis l’Indépendance, l’éducation nationale a toujours été influencée par les différents gouvernements en place. Ce sera pareil dans le futur. Non, je ne vais pas prendre position pour ou contre les 3, 4 ou 5 «credits» minimum au School Certificate (SC). Mais j’ai ceci à te dire…

On n’a rien sans effort. Même le gratuit a un prix, qu’il faut payer tôt ou tard. Tu sais, toi qui reçois une éducation publique gratuite depuis le primaire, qui ne paie pas le transport pour te rendre au collège, qui ne paie rien pour ta première tentative aux examens du SC et du Higher School Certificate (HSC), tu crois que tes parents se la coulaient douce eux aussi, comme toi ?

Tes parents, bien que bénéficiant de la scolarité gratuite (c’est le cas depuis janvier 1977), devaient payer leur transport pour aller à l’école. Leurs parents devaient trouver une grosse somme d’argent pour leurs frais de SC et de HSC. Mais surtout, et c’est là où je veux en venir, tes parents devaient travailler dur pour avoir un minimum de 5 «credits» aux examens du SC. Tes parents, leurs parents et leurs profs savaient qu’il fallait faire des efforts pour les obtenir, ces 5 «credits».

Ainsi, en HSC, ils gardaient leurs options ouvertes, pour les trois matières principales. Mais surtout, passer le SC avec au moins 5 «credits» leur ouvrait plus de possibilités au niveau de l’emploi. Quoi, tu dis que c’est déjà difficile d’avoir 3 «credits», sur 8 matières, et qu’en obtenir cinq, c’est la mer à boire ? «To pé badiné ?» Vois-tu, jeune homme, jeune fille, la question que je te pose est simple : veux-tu d’une société qui grimpe vers l’excellence ou d’un pays qui plonge vers la médiocrité ? Réfléchis.

Toi, fiston, tes parents t’appellent «Prince». Toi, ma fille, tu te prends pour une «Pwinchess». Tu te dis «Royos», tu crois que tout est simple, tout est beau, tout est facile. Mon chou, non, tu n’es pas de la royauté. Sache que rien n’est facile dans la vie. On doit mériter chaque chose qu’on fait. Et pour cela, il faut travailler. Travailler dur. Chaque enfant est unique. Mais chaque enfant porte en lui la capacité de se surpasser. Tes parents, avec des moyens limités, des fois sans leçons particulières, sans l’apport de la technologie numérique, par exemple, sortaient du collège avec, au minimum, 5 «credits» au SC et 2 A-Levels au HSC.

Toi, tu as tout. Tu as le monde à la portée d’un simple clic de ton smartphone. Tu as toute la connaissance universelle à ton service dès que tu sollicites l’ami Google. Mais, au lieu de ça, tu fais quoi de ta journée scolaire ? Tu glandes «anba lagar» ; passé 8 heures, tu es toujours à flâner dans la rue au lieu d’être en classe ; à midi tu es déjà «lor bistop», direction les centres commerciaux ; arrivé le deuxième trimestre, tu planques tes fesses chez toi, prétextant que «miss ou monsieur pa pou travay» ; le troisième trimestre, n’en parlons même pas.

Oui, tu ne travailles pas. Et quand arrive l’heure des résultats, tu vas jouer la victime. Tes parents vont entrer dans ton jeu et réclamer du ministère qu’il remette les 3 «credits», pour que tu puisses continuer à glander en Grade 12 et Grade 13. J’ai été assez dur avec toi ? Non, détrompes toi, ce n’est rien en comparaison de ce que la vie te réserve, mon ami.

Alors, si tu sais que tu ne les auras pas, ces 5 «credits», va vers une autre filière, comme la formation préprofessionnelle. Arrête de dire que les autres sont responsables de ton échec. Assume tes responsabilités. Mieux vaut tomber avec les honneurs que ne rien faire du tout et s’attendre à ce que le gouvernement, le pays, te mâche le travail. Fais un effort. Compris ?