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Responsabiliser l’écriture
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Responsabiliser l’écriture
ON CONNAÎT TOUS CE PROVERBE : «Les paroles s’envolent, les écrits restent». Nous finissons tous, un jour ou l’autre, par voir les mots-boomerangs que nous avons couchés sur papier ou «postés» sur la Toile, un jour de colère ou un jour où nous nous sentions l’esprit machiavélique, nous revenir à la figure. Et nous prenons alors la pleine signification de leurs poids quand ces mots – ces maux – nous font avoir des ennuis de toutes sortes. D’où le fait que chacun d’entre nous se doit d’avoir une approche responsable envers l’écriture, surtout par rapport aux différents types de «posts» qui se font sur Internet, accessibles à un grand public et susceptibles d’être rapidement partagés par la communauté des internautes (écrits au vitriol, photos qui choquent, entre autres). Et contrairement au proverbe, les paroles ne s’envolent plus une fois sur le Net. Elles y restent, sous forme de bandes sonores ou de vidéos.
La loi protège ceux qui se sentent lésés, diffamés ou blessés par des paroles, des écrits tendancieux ou des images non-autorisées. Elle existe déjà en ce qu’il concerne l’écriture-papier (journaux, magazines, pamphlets, lettres, etc.) et aussi, avec l’avènement de l’informatique et de la technologie numérique, la justice tient aussi compte de ce qui a été écrit sur le Net, sur des réseaux sociaux ou des messages électroniques, entre autres. Les vidéos ou les enregistrements audio, surtout ceux pris à l’insu des protagonistes, sont des couteaux à double tranchant s’ils outrepassent ou violent les droits constitutionnels de ceux qui se disent «victimes».
Le gouvernement vient de passer la Judicial and Legal Provisions Act. Déjà approuvée par la présidence de la République, elle n’a cependant pas encore été promulguée. Cette loi, selon le gouvernement, est un paravent contre des abus en tous genres sur le Net ou via l’utilisation d’appareils numériques. Ainsi, certains articles ont aussi été amendés dans l’Information and Communication Technologies (ICT) Act. Ils visent à mieux protéger la population contre des dérapages non-contrôlés de la part des internautes de tout poil. Mais le problème réside dans les détails de ces lois, surtout concernant certains amendements à l’ICT Act.
Ces amendements sont vus comme contraignants, des entraves à la liberté d’expression. De là à faire tout le monde penser que nous vivons dans un état policier, voire dictatorial, le pas est aisément franchi. Du moment que les gens sentent que leur droit démocratique et constitutionnel d’exprimer leurs pensées en toute liberté est menacé, le malaise, la peur et la méfiance s’installe. À qui profite le crime ? Certainement à ceux qui ont des choses à cacher. Il y a déjà un cas entré en Cour suprême, pour contester ces amendements. Laissons la justice trancher.
En attendant, il serait bon que les internautes agissent en citoyens responsables. On n’est pas obligé de tomber dans la bassesse, la méchanceté ou de donner des coups sous la ceinture pour faire passer nos messages. On doit apprendre, si on ne le sait pas déjà, à écrire et à agir de manière civilisée et intelligente sur la Toile, en particulier sur les réseaux sociaux. L’écriture est une responsabilité. La démocratie nous donne la liberté de critiquer si nous ne sommes pas satisfaits des agissements de certains. Nous n’aimons pas, par exemple, la manière de faire d’un politicien, nous avons le droit de le critiquer, tout en restant dans les limites de la décence et de la justice.
Si l’internaute pense qu’il peut tout dire et tout faire, il ne vaudra guère mieux que celui ou celle qu’il ou elle dénonce. Si vous ne voulez pas vous faire attraper par la patrouille, si vous ne voulez pas être condamné à des amendes sévères ou à dix ans de prison, vous n’avez qu’à avoir un comportement irréprochable sur le Net. Écrivez intelligemment.
L’écriture est un art que nous nous devons de maîtriser. Bien utilisés, les mots peuvent faire trembler la personne ou l’institution visée. On n’est pas obligé d’avoir l’insulte facile ou de tomber dans le dénigrement. Une claque infligée avec des mots, si bien travaillée et intelligemment tournée, peut fait plus de mal que de vulgaires insultes ou des attaques sous la ceinture. Alors, en citoyens respectueux de la loi, faites marcher vos méninges et vos neurones et écrivez de manière responsable. La claque n’en sera que plus sonore.
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