Publicité

Les examens en examen

22 octobre 2018, 11:54

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

«Le plus grand crime que l’on puisse faire à un enfant, c’est de le tester sur quelque chose que l’on ne lui a pas enseigné.» Ces mots, prononcés cette semaine par le président de la GTU, Vinod Seegum, résument l’état d’esprit dans lequel se trouvent enseignants, élèves et parents depuis qu’il a été constaté que des questionnaires d’examen, que ce soit pour la Grade 4 ou la Grade 5, comportaient des anomalies. «Le MES fait preuve d’un amateurisme inadmissible», a, pour sa part, décrié Soondress Sawmynaden, le président du syndicat des recteurs des collèges d’État, il y a quelques jours. C’était par rapport à des faits tournant autour de la tenue des examens nationaux pour la Grade 9. L’organisme en charge de la préparation de ces examens, le MES, se retrouve donc, comme c’est le cas depuis ces dernières années, au centre d’un nouveau bras-de-fer avec les enseignants, entre lequel d’innocents élèves se retrouvent coincés. 

L’éducation primaire compte quelque 92 000 élèves et 5 100 enseignants. Une trentaine de milliers d’enfants viennent de passer les examens de Grade 4 et de Grade 5. Nous avons aussi eu droit aux Modular Exams pour le PSAC de 2019, pour la Grade 5. Et le PSAC de cette année se tiendra du 23 au 26 octobre. Le point commun pour les examens qui sont derrière nous : des protestations entourant certains papiers, venant du corps enseignant. Et aussi, soit un rejet complet de ces mêmes remarques par le MES ou, des annonces de cet organisme qu’il allait revoir les parties décriées et rajuster les marking schemes en conséquence. De deux choses l’une : soit le MES a raison sur toute la ligne, maintenant mordicus n’avoir pas fauté, soit des milliers d’enseignants ne connaissent pas leur travail et l’on mal fait pendant toute une année.

Les enseignants du primaire, comme les élèves, soulignent des incongruités comme des questions testant la connaissance scientifique, par exemple, mais écrites dans un anglais qui semblait plutôt tester la compétence langagière des écoliers. Ou des questions sur des chapitres qui ne figurent pas dans le manuel étudié toute l’année durant (comme pour le papier de mathématiques de Grade 4, où les enseignants parlent de 24 points ‘perdus’ par beaucoup de leurs élèves). Ou des papiers comptant plusieurs dizaines de questions, à répondre en une heure seulement.

Le MES, en fin d’année scolaire, a un seul et unique travail à faire : préparer des questionnaires pour les examens nationaux des Grades 4 à 6 et, aussi, pour la Grade 9. Il ne faut absolument pas se louper. Ce sont des papiers d’examen qui doivent être irréprochables. Leurs marking schemes ne doivent pas être sujet à des changements après la tenue des épreuves (par exemple, comme celui du papier de mathématiques l’a été, pour l’examen de Grade 9). Le MES doit veiller à ne pas causer de stress additionnels aux élèves surtout. Alors, comment se fait-il que tel n’est pas le cas ces derniers temps ? On n’a pas inventé les protestations venant des profs du primaire et du secondaire. Les faits sont avérés. Où est le problème ?

Le point de discorde semble être le mode de préparation de ces papiers d’examen. Les enseignants dénoncent une certaine opacité entre le MES et l’éducation publique, à ce sujet. Les profs parlent de «déconnexion», d’examinateurs «dépassés, coupés de la réalité du monde éducatif», et se demandent si les étapes de vérification et de contrôle qualité fonctionnent comme il se doit, avant qu’un papier ne reçoive l’approbation finale du régulateur. 

Au-delà de la personnalisation du problème, au-delà du fait de questionner la compétence des personnes installées à la tête de l’examination body (le débat autour des nominations politiques dans des corps parapublics est vaste, car il y a nominé politique et nominé politique et tous ne sont pas à mettre dans le même panier), reste le point focal que toutes les parties prenantes du système éducatif ne doivent pas oublier : le bien-être de l’enfant. 

Le ministère de l’Éducation aussi a son mot à dire. Idem pour l’Institut de pédagogie (MIE), le SeDEC ou la PSEA, par exemple. Chacune de ces institutions doivent être au courant de ce que les autres font. Les décideurs politiques aussi doivent apprendre à regarder au-delà des cinq ans de leur mandat. Afin qu’un nouveau ministre de l’Éducation ne vienne pas complètement chambouler ce que son prédécesseur a fait. 

Les parents ont marre qu’on prenne leurs enfants pour des cobayes. Tous n’ont pas les moyens de payer pour un système autre que l’éducation publique. Alors, quitte à imposer une réforme éducative aux apprenants, autant s’assurer que les examens la sanctionnant soient conduits de manière irréprochable. 

Jayen Teeroovengadum