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Une réforme pour le people

30 septembre 2018, 10:50

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La réforme électorale ne se fera pas. Du moins, pas selon la formule proposée par Pravind Jugnauth. Ce qui fait que le gouvernement est condamné à venir avec un amendement constitutionnel, au Parlement, pour contourner le problème de déclaration ethnique des candidats lors des prochaines élections générales. Comme en décembre 2014. Mais jusqu’à quand cela durera-t-il ? N’est-il pas vraiment temps de venir avec une véritable réforme consensuelle, qui aurait été travaillée par l’ensemble des parties prenantes du monde politique et social ? Et non pas uniquement par le gouvernement du jour ?

Accoucher de quatre pages et demie d’un document, après quatre ans de pouvoir, en occultant des facteurs importants comme le financement des partis politiques, les dépenses des candidats, le rééquilibrage et le redécoupage des circonscriptions, la fin du «transfugisme» à tous les niveaux, l’abolition du Best Loser System, le besoin d’avoir un Speaker apolitique, d’avoir des hommes et des femmes intègres et de calibre comme députés, d’ajouter une vraie dose de proportionnelle afin de refléter le vote de l’électorat, entre autres, cela sent le travail bâclé. Pire, on pourrait même penser que c’est fait exprès, que le gouvernement et les partis qui le composent ont tout à gagner en tablant sur le statu quo. Pour se dédouaner plus tard, en rejetant la non-approbation des propositions sur les partis de l’opposition.

Il nous faut des députés dignes de ce nom. Pas des hommes et des femmes qui rabaissent le niveau de notre auguste Assemblée de par leur comportement indigne. Vous électeur, êtes-vous content de l’homme ou de la femme que vous avez envoyé au Parlement lors des élections ? Vous fait-il (elle) honneur ou honte ? Est-il (elle) honnête ou bassement corrompu ? Est-ce un paresseux, qui se contente de prendre sa paie (ponctionnée de vos poches), ou est-ce une personne qui travaille dur pour sa circonscription et pour le pays ? Eski li get figir kan ou al tap so laport oubien li enn Morisien ki ed tou bann Morisien ?

Ces questions simples sont finalement un condensé des préoccupations du Mauricien moyen. Lequel n’en a que faire, en général, de la réforme électorale. Pas qu’il soit intellectuellement limité, loin de là. Mais plutôt que la refonte du système électoral est perçue par la majorité de la population comme une chose non-prioritaire dans sa vie quotidienne. Car nous avons des préoccupations bien plus pressantes, comme faire bouillir la marmite, trouver du travail, avoir un toit sur sa tête, envoyer ses enfants à l’école, etc. D’où le besoin, pour les politiques, de faire une réforme qui n’agace pas les gens et qui leur permettra de mieux vivre leur vie.

Les leaders de nos partis politiques, actuels et futurs, doivent se mettre au diapason de leur temps. On doit vivre avec notre époque, mem si letan margoz ti paret pli korek. Donc, nous devons avoir des représentants qui parlent notre langage, qui nous comprennent, qui peuvent apporter des solutions à nos besoins. Des députés qui font tout pour rendre notre vie meilleure et non pas qui rendent la leur plus belle, à nos dépens. Les leaders ont donc une responsabilité sociale. Quand viendra le moment d’octroyer des investitures, choisissez la compétence au lieu de l’appartenance ethnique ou religieuse. Optez pour ceux et celles qui ont un passé et un présent qui plaide en leur faveur. Ne prenez pas des lèche-bottes ou des pyromanes patentés juste parce qu’ils ont porté vos valises ou vous ont caressé dans le sens du poil.

Osons croire que, pour les prochaines élections, les Mauriciens voteront avec intelligence. Qu’ils ne voteront plus «pour» ou «contre» une équipe avec leurs tripes mais plutôt avec leur tête. Qu’ils plébisciteraient ceux et celles qui sauront nous offrir le meilleur programme pour la gestion du pays. On commence à avoir un peu marre de se réveiller chaque matin avec un nouveau scandale politique ou de nouvelles frasques de nos chers députés. Un peu marre de voir que nos gouvernants se comportent en propriétaires du pays alors qu’ils ne sont que les serviteurs du peuple. Nous voulons un gouvernement qui gouverne. Un gouvernement visionnaire, intelligent, compétent.

 

 

Donc, réforme électorale ou pas, il faut que le pays avance et progresse. Notre système politique est basé sur la démocratie. Il n’est pas dynastique ou monarchique. Les fils de ou filles de, s’ils veulent faire de la politique, qu’ils se mouillent comme tout le monde. Qu’ils fassent leur preuve sur le terrain. Et non pas cueillir le pouvoir assis confortablement sur leurs fesses. Il nous faut des hommes et des femmes de bonne volonté pour mener ce pays vers les années 2020. Et au-delà. Commençons par réformer nos mentalités.