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Vers la dictature des leaders
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Vers la dictature des leaders
Pravind Jugnauth peut se targuer d’avoir pu répondre aux injonctions onusiennes relatives à l’organisation des élections. Il pense pouvoir monter sereinement à la tribune à New York, la semaine prochaine. Mais ici, à Maurice, ses propositions ne parviennent pas à obtenir l’adhésion populaire.
Plusieurs propositions du projet de réforme électorale, présenté par le Premier ministre, vendredi dernier, sont contestées. Aux yeux de nombreux Mauriciens, elles constituent un recul sur le plan démocratique. «Ce que propose le gouvernement est pire que le mal. Le plus grand perdant sera la démocratie», avance Johnny Cash. Quant à Patriot, il fait un constat plus sévère. «We are regressing on all fronts», dit-il.
Des internautes perçoivent la démarche gouvernementale comme une tentative d’imposer une mainmise des leaders des partis sur la vie politique du pays. «Pé zis ‘empower’ bann leaders», note Kesto. Hashtag, pour sa part, lance : «Pouvoir au peuple, pas aux leaders des partis politiques.»
La possibilité que les leaders désignent des députés parmi des personnes non-élues est fortement contestée. «The proposal suits leaders as they will exert more authority within party because they will decide who enters Parliament! This is clearly against public interest», fait remarquer Mauritian Patriot. Pour Solo, le contexte mauricien est particulier. «Dan Moris, parti politik aparténir a bann famiy. MSM pou Jugnauth, MMM pou Bérenger é PMSD pou Duval. Pa kapav éna dépité swazir par leader.»
Ce pouvoir de désignation des députés accordé aux leaders politiques dévalorise la fonction parlementaire. La personne choisie par un leader n’aura aucune légitimité. «Tout député doit être élu par le peuple et non être nommé par un chef de parti. Un élu du peuple n’est pas un nominé», proteste Siven.
L’opinion rejette également la proposition visant à porter le nombre de parlementaires à 81. «Augmenter le nombre de députés, c’est gaspiller l’argent public», affirme Chant du cygne. Alors que Abimanu M explique que «the number of MP’s is already on the high side». Il demande de «add-up what the Assembly costs the taxpayers, and then think of the end-result». Avec une pointe d’ironie, Rudy, lui, fait une prédiction : «Avek létan, tou larzan lépep pou fini ar pey dépité ek zot pansion.»
Les commentateurs, qui sont aussi des électeurs, réclament que la réforme électorale fasse l’objet d’une plus large consultation populaire. «On ne peut pas laisser les politiciens décider seuls, entre eux, et en catimini, du système électoral», estime Roh. «Réform élektoral ti bizin pas par référendum, kar li konsern avan tou bann élekter», renchérit Feroz. Parce que comme le dit Mauricien, «tout changement doit prendre en compte ce que le peuple pense». Carreau est, lui, lapidaire dans sa conclusion : «Il nous faut une démocratie, pas une dictature.»
En conclusion, l’internaute Team lâche : «Avec sa réform-la, komadir bann politisien pé konstrir zot lavénir politik, pa lavénir lépep.» Les leaders des partis politiques sont prévenus. Ils ne doivent pas s’arroger des prérogatives qui ne sont pas les leurs. Attention à un remake de décembre 2014, soit le rejet brutal des projets de réforme constitutionnelle et leurs promoteurs avec.
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