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Enaad et… l’avenir

7 septembre 2018, 15:14

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Les courses au Champ de Mars – malgré tout le mal qu’on a tendance à leur attribuer – ne cessent de s’enrichir, avec notamment un nouveau chapitre qui vient d’être écrit en lettres d’or par Enaad.

En 206 ans d’histoire des courses à Maurice, le stayer de l’écurie Gujadhur est devenu le troisième cheval seulement à avoir enlevé le Maiden deux fois de suite. Sous la selle du jockey australien Daniel Stackhouse, Enaad a, dans une ambiance festive, rejoint au panthéon la jument réunionnaise Tahara Maid (1905 et 1906) et le hongre bai brun sud-africain Lines Of Power (1988 et 1989).

S’il est vrai que de nombreux vainqueurs du Maiden, jusqu’en 1983, n’ont pas eu pareille occasion dans le passé, dans la mesure où ils n’avaient pas le droit de défendre leur titre, cela ne diminue en rien les mérites d’Enaad. Car gagner le Maiden deux fois d’affilée demeure un véritable exploit. La preuve, depuis 1983, sur 35 éditions du Ruban bleu, seul Lines Of Power a réussi ce fameux doublé pour rejoindre Tahara Maid.

Là également, il est impératif de replacer l’Histoire dans son juste contexte sans pour autant la remettre en question, car l’exploit de Lines Of Power en 1989 et celui d’Enaad dimanche ont été réalisés dans des conditions incomparables à celles qui prévalaient en 1906. Quand le nombre de journées de courses en une année, par exemple, pouvait se compter sur les doigts d’une seule main. Mais personne ne peut changer le cours de l’Histoire et Tahara Maid restera bel et bien celle qui a réalisé le tout premier doublé du Maiden.

L’édition de dimanche dernier, en raison de l’aspect historique de l’événement, restera elle aussi mémorable. Et pour l’Histoire et pour l’écurie Gujadhur, qui a remporté sa 21e victoire dans le Maiden. Cette course mythique a encore une fois fait la démonstration de sa popularité inégalée au risque même de faire des envieux parmi la classe politicienne… avec les quelques centaines de gens qu’elle attire dans ses activités !

La journée du Maiden de cette année appartient à l’écurie Gujadhur, dont les succès dans les plus grands rendez-vous depuis quelques années sont une juste récompense par rapport à sa volonté d’être parmi les meilleures. La nouvelle génération des Gujadhur a su réinventer cet établissement qui, malgré sa riche histoire, avait presque touché le fond à un certain moment où les victoires, même dans les petites catégories, arrivaient au compte-gouttes.

Cette génération-là, à bien y voir, doit une fière chandelle au valeureux Hinterland. C’est de cet alezan, auteur du triplé classique Duchesse-Barbé-Coupe d’Or en 2004, qu’est venu le déclic, ayant propulsé l’écurie Gujadhur vers les sommets. Dimanche, Enaad est venu s’ajouter à une liste de cracks qui ont fait honneur à la casaque bleu électrique depuis Hinterland, dont, entre autres, Il Saggiatore, Vettel, Tandragee, Kremlin Captain et Bulsara, pour ne citer que ceux-là.

Avec le succès d’affluence qu’a connu le Maiden dimanche, il incombe maintenant au MTC de se pencher sérieusement sur l’avenir de l’industrie des courses. Car cet avenir, s’il n’est pas menacé à court terme, dépendra, dans 10 ans et au-delà, énormément des innovations que pourra y apporter le MTC. Que le Maiden serve de déclic et aide à attirer les jeunes vers les courses. «Il est important de prendre en considération que dans le business d’entertainment, il y a une concurrence féroce et je pense que le MTC doit sortir les violons s’il veut accrocher plus de jeunes. Il n’a pas de choix : il faut qu’il renouvelle son public.»

Paroles d’un jeune, signées Dimitri Descroizilles, dans nos colonnes la semaine dernière. Au MTC d’en prendre note, car son avenir et celui des courses en dépendent.