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La pêche aux millions

19 août 2018, 07:54

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Question pour un champion : qui veut gagner des millions ? Plus précisément, qui veut remporter un million de roupies ? Je pense que chacun de nous y répondra par un «moi» sonore. Car, qui cracherait sur du fric si l’occasion lui est donnée d’en avoir ? Depuis le samedi 11 août, la MBC diffuse l’émission-jeu «Qui veut gagner des millions ?» Et depuis une semaine, la performance de la présentatrice, comme celle des trois premiers candidats à être sur le «hot seat», est passée sous la loupe par nos compatriotes. Avec la dose d’analyses tous azimuts, de critiques positives et négatives, d’humour potache et de comparaison avec d’autres émissions qui accompagnent généralement des jeux de ce type. Allons à la pêche aux millions…

Saluons tout d’abord l’initiative de la MBC. C’est une excellente décision que celle d’offrir aux Mauriciensla possibilité de participer à ce jeu et aussi de le regarder. Surtout dans un paysage audiovisuel local très pauvre en émissions de divertissements ludiques mais néanmoins intelligents. Ce type d’émissions, comme le fameux «Questions pour un champion», fait appel aux connaissances générales des candidats. Ce qui présuppose un bagage intellectuel assez conséquent. Qui couvre toutes les disciplines et domaines possibles ou imaginables. Sinon, gare aux pannes de mémoire ou aux réponses farfelues, qui amènent le candidat malheureux à prendre la porte de sortie plus tôt qu’il ne le prévoyait. Donc, en règle générale, ceux qui veulent y participer doivent au moins s’assurer qu’ils sont adéquatement «armés».

Cependant, et c’est aussi cela la beauté du jeu, ceux qui se disent qu’ils peuvent au moins répondre positivement aux cinq premières questions, et donc de remporter les Rs 10 000 de gains de cette étape initiale du jeu, ont définitivement le droit de s’y inscrire. Car, même si au fond de chaque candidat il y a le vœu de remporter le million, la participation est déjà une victoire. Vous croyez que le fait de s’asseoir devant des caméras, sous l’œil souvent critique et sévère de dizaines de milliers de téléspectateurs, est une partie de plaisir pour la plupart de personnes ?

Beaucoup de candidats, quel que soit leur niveau de «brillance», ont le trac dès qu’il s’agit d’être sous les feux des projecteurs. C’est là que le rôle de l’animateur de l’émission devient important. Un bon présentateur doit savoir mettre le candidat en confiance. Il doit faire son maximum pour l’aider à se détendre, lui faire oublier la présence des caméras braquées sur lui et essayer de diminuer le stress qui ne manquerait pas de s’accumuler sur ses épaules au fur et à mesure que les questions sont évacuées. Il ne faut surtout pas que l’animateur lui-même soit crispé, stressé par son rôle, communiquant ainsi son humeur au candidat.

Le présentateur doit avoir les mots justes et précis, en gardant en tête que ce candidat est venu sur le plateau pour participer au jeu – et tenter de gagner le maximum d’argent possible – et non pas pour bavarder sur des sujets qui n’ont rien à voir avec le contenu de l’émission. L’animateur doit établir une connexion instantanée avec le candidat. Le minimum serait déjà de l’appeler par son prénom, ce qui rapproche toujours les gens. L’appeler par son nom de famille n’est pas conseillé, car trop formel.

Une condition primordiale de l’animation serait de donner la même importance et le même professionnalisme à tous les candidats. Dire que l’animateur, s’il a été moyen lors d’une émission, pourra se rattraper lors de la prochaine, est une aberration. Car le candidat passe une seule fois, lui. Il n’aura pas de seconde chance. Il a le droit de s’attendre à ce que toutes les conditions soient réunies autour de lui, pour lui donner la chance d’accéder aux plus hauts paliers du jeu. L’animateur doit donc être professionnel dès la première minute de la première émission. Et garder le même tempo lors de toutes les émissions.

Derrière ce genre d’émission ludique, il y a toujours des choses que le téléspectateur moyen ne voit jamais. Ou n’y pense pas. Les concepteurs doivent rentabiliser leurs investissements. Pour cela, il leur faut une participation populaire. Cantonner le jeu aux seuls «intellectuels» serait contre-productif pour les annonceurs et autres mécènes. D’où le fait d’avoir des candidats de différentes forces. Le peuple, comme à l’époque de la Rome antique, a toujours besoin de pain et de jeux. Il se sent rassuré quand il voit des candidats qui lui ressemblent. Et quand, épisodiquement, il découvre un véritable «winner», celui qui ira jusqu’au million, il est heureux. Car, les champions ne courent pas les rues, n’est-ce pas ? C’est cela, avoir la pêche…