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Jour de gloire

15 juillet 2018, 07:58

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La France sera championne du monde de football au soir du 15 juillet. Ou pas. Le fervent supporter de l’équipe de France qu’est l’auteur de ces lignes a forcément un p’tit chouïa de parti pris en écrivant cette chronique. Tous les signaux sont au vert pour les Bleus. Le Graal, cette Coupe du monde dont le créateur fut un Français, Jules Rimet, en 1932, semble leur être promis. Vingt ans après leur unique sacre mondial contre le Brésil, douze ans après la finale perdue contre l’Italie, les hommes de Didier Deschamps ne sont plus qu’à un match du couronnement ultime. Battre la Croatie et entrer dans la légende. Le jour de gloire est arrivé.

Au lendemain de la Fête nationale tricolore, cette finale jouée en Russie est aussi le symbole d’une France ouverte sur la diversité. C’est une équipe qui reflète les réalités socioethniques de l’Hexagone qui livrera bataille dimanche soir contre des Croates fatigués par des matchs éliminatoires à rallonge, mais néanmoins teigneux. Et qui viendront jouer crânement leur chance de remporter leur première étoile de champion du monde. Ce qui serait un exploit pour ce petit pays européen de 4 millions d’habitants, indépendant depuis 1991.

Cette France de la diversité, avec, pour certains, des joueurs nés de parents aux origines africaines ou ultramarines, mais tous bien Français, est aussi bigarrée que ne l’était la génération Black Blanc Beur de 1998, avec ses Thuram, Blanc, Desailly, Viera, Zidane, Karembeu, Petit et autres Henry, et surtout un certain Deschamps. Le capitaine emblématique de 98, souvent décrié pour son jeu que beaucoup qualifient de défensif, est en passe de faire son entrée dans le cercle très fermé des joueurs, devenus entraîneurs, qui ont remporté la Coupe du monde. Une consécration pour «la Dèche»…

Forcément, un pays qui qualifie son équipe nationale en finale de la Coupe du monde de football a bien le droit d’exprimer sa fierté patriotique, toute légitime d’ailleurs, envers ses «soldats». L’honneur de la patrie est en jeu. L’enjeu dépasse le cadre national pour entrer carrément sur le terrain mondial. Qu’ils soient Croates ou Français, ou tout simplement supporters des Vatreni (les Flamboyants, en croate) ou des Bleus se trouvant aux quatre coins du monde, c’est normal aux fans des deux sélections de s’enflammer pour cette finale, et même de se montrer un peu chauvins. N’en déplaise à certains…

Ce qui nous ramène à Maurice. On peut avancer, sans grand risque de se tromper, que l’équipe de France compte beaucoup plus de supporters, chez nous, que l’équipe de Croatie. On parle là de vrais supporters, ceux de toujours, qui suivent leur équipe peu importe sa forme du moment, qu’il pleuve ou qu’il vente. Et non pas des «fans» par défaut, qui, faute de mieux, vont «pipé» pour l’une ou l’autre sélection, ou plutôt, «contre» une des deux en particulier. Les vrais fans vont suer sang et eau pendant les 90 minutes, ou plus, de la finale. Avant de pleurer de joie ou de désespoir, au coup de sifflet final.

Maurice a un lien très fort avec la France, n’en déplaise aux Croates. Peut-être tout simplement en raison des 95 ans de colonisation française, entre la prise de possession de l’ancienne Isle de France, en 1715, et sa cession à l’Angleterre, en 1810. Mais surtout, la langue française est demeurée vivante sur ce petit caillou perdu au milieu de l’océan Indien, 218 ans après le départ des Français. La preuve, vous êtes en train de lire cette chronique dans la langue de Molière, de Charles Baudelaire, de Marguerite Duras, et aussi dans celle d’Edouard Maunick, de Jean-Marie Le Clézio, de Marcel Cabon ou d’Ananda Devi.

La France, pays de peuplement pour une partie de notre population, a gardé de solides liens socioculturels, économiques, ou politiques avec notre pays. C’est une puissance amie, une grande soeur sur qui on peut toujours compter. Bien sûr, cela ne veut nullement dire que tous les Mauriciens doivent supporter les Tricolores. Chacun sa préférence quand il s’agit de foot. Ou de géopolitique !

Souhaitons quand même bonne chance aux Croates. Ils ont fait un excellent parcours et méritent leur place en finale. Néanmoins, à tous les fans des Bleus qui sentiront leur pouls s’accélérer lors de la finale, à tous ceux qui feront des crises d’angoisse à chaque attaque croate contre les buts de Hugo Lloris, à tous ceux qui pousseront les Tricolores à l’attaque, je vous dis le mot de Cambronne ! Allez les Bleus, le jour de gloire est arrivé !