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Le dernier 1er-Mai bon enfant…

29 avril 2018, 07:51

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… Avant les élections générales ! La politique mauricienne connaît des changements. Depuis quelques années déjà, certains partis traditionnels, pour des raisons qui leur sont propres, n’organisent plus de meeting populaire le 1er-Mai, jour de la Fête du travail. Cela, contrairement aux décennies précédentes. Cette année, ni le MMM ni le Parti travailliste n’ont voulu organiser de meetings publics lors de la fête des travailleurs. Par contre, l’alliance MSM-ML rameute, elle, ses troupes à Vacoas. Il n’en saurait être autrement pour la majorité gouvernementale, le contraire aurait été synonyme de frousse envers l’électorat. Alors, est-ce la fin du traditionnel 1er-Mai politique ?

Non. Depuis la célébration de la première Fête du travail, à Maurice, le 1er mai 1938, et surtout après que cette fête soit déclarée fériée le 1er mai 1950, les rencontres publiques du 1er-Mai ont été à la fois politiques et syndicales. Le tout sur fond de militantisme pour la classe des travailleurs. Cette année, le MMM camoufle sa sortie du 1er-Mai par la tenue d’une assemblée des délégués élargie, à Rose-Hill. En salle. Le PMSD sera, lui, à Réduit, le même jour, pour un congrès. En salle aussi. Le Parti travailliste démarre, lui, une série de congrès et de meetings par une rencontre, le 4 mai, à St-Pierre, dans la circonscription de Pravind Jugnauth.

Mais au-delà de ces petites guéguerres politiques, on ne peut conclure que le 1er-Mai, tel que nous le connaissons historiquement, soit en voie de disparition. Le 1er-Mai 2019 sera différent de celui de 2018. En 2019, il y aura le dernier 1er-Mai avant les élections générales. Beaucoup d’observateurs supputent que ces élections seront organisées vers la fin de 2019. Mais, et là, les récentes déclarations de Pravind Jugnauth et d’Ajay Gunness tendent à pointer vers cette direction, il serait plus probable que ces élections se tiennent vers avril ou mai 2020. Soit à la limite légale du mandat de ce gouvernement.

La première session de cette présente Assemblée a eu lieu le mardi 27 janvier 2015. Et d’après la Constitution, sauf dissolution anticipée, le Parlement est automatiquement dissous cinq ans après la tenue de la toute première session. Qui nous ramène à la date du 26 janvier 2020. Et avec les délais, poussés à leur maximum, pour la publication du décret des élections et pour le «Nomination Day», entre autres, le jour des élections générales pourra se situer en avril ou mai 2020.

Pravind Jugnauth, pour nombre de raisons, pourra privilégier cette option. Car, s’il n’arrive pas à accrocher ni le MMM ni le PMSD à son panache orange, et qu’il soit forcé d’affronter l’électorat qu’avec son «minority partner», le ML, le Premier ministre a tout intérêt à jouer les prolongations, une réédition du coup de décembre 2014 semblant peu probable. Ce qui, du coup, fera du 1er-Mai 2019 un événement hyper politisé.

D’ici cette date, les choses se seraient décantées. On saura un peu plus sur l’affaire MedPoint. Pravind Jugnauth a l’épée de Damoclès du Conseil privé suspendu au-dessus de sa tête. Navin Ramgoolam aura, lui, probablement, de sérieuses indications si les deux charges qui pèsent contre lui, sur les 11 initiales, seront abandonnées ou retenues. Le PMSD, qui a déjà affirmé qu’il n’ira pas seul aux élections, sera à suivre. Le Mouvement patriotique d’Alan Ganoo cherchera, à coup sûr, une branche pour se poser, car pas assez fort pour voler de ses propres ailes. Le MMM, malgré tout ce que disent ses dirigeants, n’est plus aussi fort que jamais. Les mauves seront-ils réduits à n’être que le partenaire minoritaire d’une alliance avec le MSM ? Où feront-ils cavaliers seuls, avec tous les risques que cela comporte en termes de survie politique ?

Et les nouveaux partis ? Les mouvements syndicaux ? Auront-ils un rôle de premier plan à jouer pour les prochaines élections ? Les enseignements de la partielle de décembre dernier, de même que les résultats des élections de décembre 2014, laissent penser que l’apport des nouveaux partis, de même que celui des partis issus du mouvement syndical, pour 2019/2020, serait minime. On va devoir composer encore une fois avec les partis traditionnels. Qui injecteront certainement du sang neuf parmi leurs candidats. Avec de nouvelles idées, de nouvelles visions pour le développement du pays et de toute la république. Le 1er-Mai 2019 sera tout sauf tranquille. Un an à attendre.

Jayen Teeroovengadum