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Partielle… ment vrai

24 décembre 2017, 09:57

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Certains philosophes postulent qu’il n’y a que des vérités partielles. Ce postulat est un paradoxe, car d’une «vérité», on peut logiquement affirmer qu’elle est soit fausse, soit vraie. Mais non qu’elle soit partiellement vraie, donc partiellement fausse. Si on fait intervenir le facteur temps dans notre «vérité», l’idée peut effectivement être vraie à un moment donné avant d’être réfutée lorsque les conditions qui assuraient sa véracité ont changé. C’est en ce sens qu’on peut dire qu’il n’y a que des vérités partielles, valables à un moment dans le temps mais toujours susceptibles d’être réfutées, plus tard. Refermons cette page philosophique et ouvrons une autre, plus politique. Quelles sont les «vérités», mêmes partielles, de la partielle du nº18 ?

Avant de parler du député-élu, Arvin Boolell, une des vérités de la partielle demeure la sixième défaite de rang du MMM dans une élection législative (générale et partielle réunies). En effet, après la victoire de l’alliance MSM-MMM en 2000, le MMM perd la partielle de 2003 (alliance avec le MSM), les générales de 2005 (même alliance) ; la partielle de 2009 (alliance avec l’Union nationale et le MMSD) ; les générales de 2010 (même alliance) ; les générales de 2014 (alliance avec le PTr). Et, en dernier, la partielle de 2017 (seul contre tous !).

Quatorze ans déjà (depuis 2003) que la traversée du désert des mauves, dans une élection législative, dure. Et toujours, après chaque défaite, autre vérité, les militants entendent la même rhétorique : ce sont les facteurs en dehors de la volonté des dirigeants mauves qui sont responsables de la débâcle. Dans n’importe quelle entreprise ou organisation démocratique au monde, des dirigeants se seraient fait virer pour cette série de mauvaises performances. Mais pas au MMM, qui est «plus fort que jamais» depuis au moins les 14 dernières années…

Ne jetons pas la pierre uniquement au leader du MMM. Paul Bérenger n’est pas le seul responsable des contre-performances du parti du coeur. Le bureau politique mauve doit assumer une responsabilité collective. Avec 14,33 % des voix exprimés, ce parti, qui est (fut ?), avec le Parti travailliste, un des deux plus grands partis politiques de Maurice, se retrouve au plus bas de son histoire. Même après la défaite de 2014, en alliance avec le PTr, leur score global était de 38,51 %. Mieux, en 2010, le MMM, qui était presque seul (l’UN et le MMSD étaient des poids ultralégers), recueillait 42 % des voix nationales. Des vérités qu’il ne faut pas occulter…

Il y a une régression régulière du MMM. Les mauves peuvent-ils rebondir ? En ont-ils la capacité ? Ou seront-ils une proie facile pour Pravind Jugnauth, en vue des négociations d’alliances qui ne tarderont pas à venir, malgré l’affirmation de tous qu’ils iraient seuls aux élections générales ? On le saura bientôt.

Le MSM, parlons-en. Le chiffre colossal de l’abstention au no18 ne veut aucunement dire que le gouvernement bénéficie du soutien de 45 % de l’électorat ! Il y a d’autres facteurs qui expliquent cette abstention. Et, peu importent toutes les explications fournies, il y a une seule raison derrière la non-participation des oranges à la partielle : le candidat du gouvernement se serait fait battre. Mais c’est une vérité partielle, car la donne, pour le gouvernement, peut changer dans les deux ans à venir. Avec un renversement de la vapeur en leur faveur.

C’est ce que le Parti travailliste cherchera à tout prix à éviter. Car, venons-en, la victoire d’Arvin Boolell serait, pour les rouges, un premier pas vers la reconquête de leur électorat. Une vérité : après l’élection, les partisans du PTr se sentent requinqués. Ils croient que ce sera un «walkover» des rouges lors des prochaines élections générales. C’est partiellement vrai. Donc, partiellement faux. Règle numéro 1 en politique : ne jamais vendre la peau de l’ours (le MSM et/ou le MMM dans ce cas) avant de l’avoir terrassé. Donc, «Labour revival» sûrement, mais le chemin de la reconquête du pouvoir est encore long.

Autre vérité : en politique, on ne peut impunément se déclarer aussi grand que le boeuf quand on n’est pas plus gros qu’un oeuf. Certains partis l’ont appris à leurs dépens au moment des résultats. Et le PTr, le vainqueur de la partielle, ne manquera pas de rappeler cette vérité à tous ceux qui veulent intégrer le train rouge : la locomotive est déjà lancée sur les rails.

À ce jour, ce qui est partiellement vrai c’est un MMM affaibli, un PTr ragaillardi, un PMSD déconfit, un MP opportuniste, des partis de gauche divisés et un gouvernement sur la défensive. Des vérités qui sont toujours susceptibles d’être réfutées… dans deux ans

*(ou moins). Joyeux Noël à tous !