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Les salaires de la discorde

23 octobre 2017, 10:10

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Le rapport salarial de Mauritius Telecom (MT) a été paraphé, vendredi, avec une hausse de 10 %. La compagnie de téléphonie et le gouvernement gardent cependant jalousement l’information sur le salaire de Sherry Singh, le Chief Executive Officer de MT. Au nom de la Companies Act. Mais ce même gouvernement n’hésite pas à balancer des salaires tombant sous cette même Companies Act dans le cas d’Air Mauritius et des cleaners.

Lors de la «grève» des pilotes, le jeudi 5 octobre, des sources officielles ont fuité des informations sensibles sur le salaire. Il s’agit de la paye des pilotes et copilotes. Entre Rs 80 000 et Rs 400 000, c’était la guerre des chiffres : ceux avancés par une source officielle, ceux émanant des syndicats et des pilotes eux-mêmes. Dans ce cas, pas d’omerta, car on veut faire le parallèle entre la soumission et le salaire. Si vous êtes payés au-delà de Rs 80 000, il vous faut être un employé docile.

Étienne Sinatambou, le porte-parole du gouvernement, va jusqu’à dire que les pilotes touchent trois fois son salaire. C’était le 14 octobre. Le 8 juillet, il a également parlé du salaire de Paul Bérenger. Selon lui, le leader des Mauves touche Rs 157 685 pour ne rien faire.

Des employés des compagnies de nettoyage sont aussi victimes de cette levée de voile sur les salaires. Alors que des cleaners entament leur huitième jour de grève ce lundi, le porte-parole du gouvernement a balancé des informations sur le salaire des personnes faisant grève. Selon Étienne Sinatambou, aucun cleaner ne gagne Rs 1 500. Ils travaillent à temps partiel et toucheraient Rs 3 000, voire jusqu’à Rs 10 000.

Étienne Sinatambou, les yeux rivés sur des documents, affirme que ces employés ont trois jobs et travaillent deux heures par jour dans les écoles. Il cite le cas d’une gréviste qui est employée auprès d’une collectivité locale et cumule deux emplois.

Le ministre du Tourisme, Anil Gayan, lorsqu’il était à la Santé, s’était intéressé au salaire d’un employé de La Sentinelle Ltée en mai 2016. Il avait lancé qu’il touchait Rs 300 000 sans HSC. Un non-sens, diront certains.

Toutefois, lorsque l’Information and Communication Technologies Authority a payé Rs 19 millions comme honoraires à une équipe d’avocats, dont le «leading counsel» est Me Kailash Trilochun, aucun blâme. Lorsque Vijaya Sumputh touchait Rs 323 000 en tant que directrice du centre cardiaque, ce n’était pas un scandale. Lorsque des proches du gouvernement perçoivent des sommes mirobolantes, aucune honte de la part du gouvernement.

Il faut dire que les parlementaires s’étaient (auto) accordés une hausse de salaire et diverses allocations proposées par le Pay Research Bureau en mai 2016. Pourtant, il n’y a eu que 24 séances du Parlement jusqu’ici, avec 500 questions parlementaires. Dans ce cas, on dira que cette hausse, pour qu’un ministre touche Rs 330 750 plus les allocations diverses, est justifiée. Qu’un Premier ministre empoche Rs 552 000 plus les allocations, par mois, ne cause pas de malaise.

Lorsqu’on parle de salaire, il faut comparer «like with like», Monsieur Étienne Sinatambou. Comparer le salaire d’un pilote à celui d’un ministre est presque une insulte. Un pilote perçoit le salaire d’un cadre, voire d’un Chief Executive, pour sa mission. Un cleaner doit avoir plusieurs jobs pour toucher 30 fois sa paye mensuelle pour atteindre celle d’un ministre.

Mais un ministre empoche un salaire mirobolant, qu’il travaille ou pas. Tout est relatif dans la vie, même les salaires!