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Triste girouette

23 septembre 2017, 13:43

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«Cette époque est désaxée» (William Shakespeare, Hamlet)

Tandis qu’à New York, notre Premier ministre distribue chaudes poignées de main et sourires de circonstance aux leaders de la région, à l’Assemblée générale des Nations unies, au pays, la cacophonie s’impose de plus en plus… Après avoir pris connaissance, éberlués, du manque de respect d’un membre – hélas – très en vue et en verve ! du gouvernement envers une jeune journaliste de l’express mardi soir, c’est avec un haut-le-cœur que nous avons été témoins de la volte-face du «dénonciateur» Hussein Abdool Rahim (HAR) ce jeudi 21 septembre.

Le lanceur d’alerte controversé a en effet choisi une radio privée pour revenir publiquement sur les allégations de blanchiment d’argent portées contre l’Attorney General fraîchement déchu, Ravi Yerrigadoo. Pire, alors que le directeur des publications de La Sentinelle, Nad Sivaramen, épaulé par les journalistes Axcel Chenney et Yasin Denmamode, lui avait tendu une oreille secourable quand il a soutenu que personne ne voulait le croire, implorant : «Vous êtes mon dernier recours. Ma vie est en danger. Aidez-moi.» (l’express, 14.09.17), le jeune homme choisit une plateforme d’expression à grande écoute – concurrente, cela va de soi – pour se retourner contre ces mêmes professionnels de la presse.

À l’ère de l’hypermédiatisation, HAR a cru frapper fort au micro de Nawaz Noorbux et de Jean-Luc Emile lorsqu’il est venu affirmer que les trois journalistes susmentionnés, de même que le leader du Reform Party, Roshi Badhain, en sa qualité d’avocat, l’ont en fait «manipulé pour faire tomber Ravi Yerrigadoo» ! Pour notre part, en lecteur éclairé du quotidien l’express, nous ne pouvons nous empêcher d’exprimer notre profond sentiment d’injustice et d’incompréhension face au mea-culpa douteux d’un HAR projeté depuis quelques jours sous les feux des projecteurs et qui semble de toute évidence s’y plaire… au point de vouloir en jouer.

Si l’express a pris la décision de s’engager aux côtés d’un homme dont la parole pouvait être mise en doute au vu de ses démêlés avec la justice dans une affaire d’escroquerie (swindling), c’est bien sur la base de documents accablants contre la personnalité dénoncée, d’ailleurs publiés dans ces mêmes colonnes, en toute transparence. A-t-il donc seulement mesuré la portée de ses propos ce jeudi après-midi ? En cherchant à revenir dans les bons papiers d’un Yerrigadoo ému jusqu’aux larmes, faisant valoir sur les ondes que «la vérité a triomphé», qui HAR croit-il duper ?

De par la teneur des documents portés à la connaissance du public, nous peinons à sympathiser avec notre ancien ministre qui, par l’«au revoir» lancé à sa démission, souhaite visiblement être lavé de tout blâme dans cette sinistre affaire. C’est sans compter, toutefois, avec une presse libre, solide et solidaire qui, à une «époque désaxée», selon les termes de William Shakespeare dans sa pièce Hamlet – oui, celle-là même où il est dit qu’«il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark»…–, continuera à se battre pour que la vérité – la vraie – triomphe. Contre cette liberté-là, quelques vains aboiements n’y pourront rien… les actes de contrition puérils non plus.