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La bataille de Grand Port

20 août 2017, 12:08

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Le 20 août 1810, il y a de cela 207 ans, débutait une célèbre bataille au large de nos côtes : Grand Port. Elle aura même son nom gravé dans le marbre de l’Arc de Triomphe, à Paris, car elle fut l’unique victoire navale française de l’ère napoléonienne. Grand Port (ou Port Impérial comme il s’appelait en 1810) était, avec le Port-Louis (Port Napoléon), d’une importance stratégique pour la défense de l’Isle de France (Maurice). Les Français, qui dirigeaient l’île depuis 1715, devaient faire face, en cette année 1810, à la menace d’une invasion anglaise.

Les Anglais avaient pris possession de l’Île Bonaparte (La Réunion) quelques semaines auparavant et lorgnaient l’Isle de France. Robert Farquhar, gouverneur de la nouvelle possession anglaise, autorisa le capitaine Nesbit Willoughby à faire route vers la colonie française. Les Anglais voulaient prendre possession de l’île de la Passe, qui gardait l’entrée dans la baie, avant de s’attaquer pour de bon à l’île principale. L’île de la Passe fut prise dans la nuit du 13 au 14 août 1810. Le capitaine Willoughby, commandant le Néréide, pouvait compter sur la corvette Staunch pour se défendre en cas d’attaque du côté français.

Et la menace française se précisa au matin du 20 août. Cinq vaisseaux apparurent dans le sud-est. C’était la division commandée par le capitaine Victor Guy Duperré, qui rentrait de croisière dans le canal de Mozambique. Duperré commandait la frégate la Bellone, armée de 48 canons, et avait sous ses ordres la Minerve, 52 canons ; la corvette le Victor, 18 canons et deux frégates de 30 canons chacune, récemment prises aux Anglais, le Windham et le Ceylan.

Par ruse, le capitaine Willoughby décida d’attirer l’escadre française à l’intérieur de la baie. Il fit hisser le drapeau français sur l’îlot et sur son navire. Quatre vaisseaux français s’engagèrent dans la passe. À 13 heures, le Néréide, hissant ses vraies couleurs, fit feu sur un des bâtiments français. Il eut plusieurs morts et des blessés chez les Français, qui se regroupèrent au fond de la baie.

Le 21 août, Willoughby envoya un messager au Sirius du commandant Samuel Pym, qui croisait avec deux autres frégates anglaises, l’Iphigénie et la Magicienne, au large du Port Louis. Le lendemain, le Sirius arriva dans la baie de Grand Port, rejoint le 23 août par l’Iphigénie et la Magicienne. Le gouverneur de l’Isle de France, le Capitaine Général Charles Decaen, prit, lui, ses quartiers à Mahébourg, le chef-lieu de la région.

Les bâtiments ennemis, à cause des hauts fonds et des eaux peu profondes de la baie, jetèrent l’ancre et s’amarrèrent à portée de canons. À 17 h 30, en ce 23 août, le capitaine Bouvet, sur la Minerve, ouvrit le feu, suivi par tous les autres commandants de la division Duperré. Plus de 200 canons tonnèrent, couvrant les huit navires d’un épais nuage de fumée. Ce fut sanglant.

Toute la nuit la bataille fit rage. Les pertes furent plus conséquentes du côté anglais. Au lever du jour, le 24 août, le Néréide de Willoughby était en piteux état. Le commandant anglais était blessé à l’oeil. Duperré avait lui aussi été blessé pendant la nuit. Les deux commandants ennemis reçurent les premiers soins puis ils furent transportés à terre, dans la belle demeure de Monsieur de Robillard (actuel musée naval de Mahébourg), pour y être soignés.

Le 25 août, les Anglais résolurent de faire sauter la Magicienne et le Sirius, pour qu’ils ne tombent pas entre les mains des Français. Ce n’est que le 28 août, à 10 heures, que le dernier navire anglais capitula. Il y eut 105 hommes tués et 164 blessés du côté anglais. Et 34 tués et 112 blessés chez les Français.

La bataille du Grand Port n’entama pas la détermination des Anglais de prendre l’Isle de France. La capitulation française aura lieu le 3 décembre 1810, mais ceci est une toute autre histoire…