«Un Premier ministre doit incarner une certaine autorité et la capacité de trancher sans états d’âme pour rappeler à l’ordre, voire sanctionner, ses ministres qui se permettent des comportements inadmissibles.» Ce post de l’internaute La Fayette est un concentré de ce qu’éprouvent de nombreux Mauriciens devant l’indécision qui caractérise le leadership de Pravind Jugnauth.

Showkutally Soodhun est parvenu, avec ses propos fort contestables, à mettre en relief le déficit d’autorité de Pravind Jugnauth. L’opinion s’attendait à une réaction vigoureuse du chef du gouvernement devant la faute politique de son vice-Premier ministre. Les nombreux commentaires des lecteurs en témoignent. Goldfinger écrit : « Pravin bizin faire couma dire li ene vrai PM…. li bizin tranche dans le vif.» Ode à la Joie exprime la même attente: «Pravind Jugnauth doit prendre ses responsabilités et trancher comme ça se doit.»

L’incident Soodhun suscite moult commentaires sur la manière dont Pravind Jugnauth mène son gouvernement. En fait, le caractère pusillanime de son leadership déçoit. Les citoyens affichent une certaine lassitude devant autant d’hésitation et de manque de vigueur, de la part du Premier ministre, pour faire régner la discipline dans son entourage.

Déjà, la mise en cause des notables du Mouvement socialiste militant (MSM) devant la commission Lam Shang Leen semait le désarroi parmi les citoyens. Des commentateurs semblent déçus par l’absence de réaction de la part du chef de la majorité. «Il est clair que Pravind Jugnauth n’a pas d’autorité et soutire non seulement la corruption dont sont friands ses lieutenants, suiveurs et autres complices mais aussi l’indiscipline et autres bêtises de leur part», écrit Taj Mahal.

En l’absence d’action de la part du leader du MSM, sa parole est dévalorisée, ses explications ne sont pas prises au sérieux. Ainsi, Yann le vrai interpelle Pravind Jugnauth en ces termes : «Ki sann la pou prend toi compte...kan ena doute lors to ban propre dimoune Teeluckdarry, Gulbul, Roubina...ek les autres.» Pire, le chef est tenu responsable des turpitudes de ses lieutenants. «Le problème n’est pas Gulbul ou Soodhun, mais bel et bien Pravind Jugnauth !» affirme Bomlisek.

En s’abstenant de réagir sur des dossiers d’actualité touchant des éléments de son parti, Pravind Jugnauth entame sa crédibilité et semble loin de se douter qu’il souffre de la compa- raison avec son prédécesseur. De nombreux internautes regrettent l’absence de sir Anerood Jugnauth, sa détermination et sa capacité à trancher dans le vif. Le commentaire de Jesuis résume bien ce sentiment: «Mr PM, remuez-vous, vous êtes bien loin de ce père qui fut jadis intransigeant envers les fauteurs de trouble.» D’autres estiment que l’indécision dont il fait preuve nuit au pays. «Your lack of decisiveness is poisoning our society, our vivre-ensemble is now on the brink of death », écrit Amika Bhujun.

Le PM se rend-il compte que son attitude réservée pourrait hypothéquer ses chances d’être reconduit à la tête de l’exécutif ? L’internaute GNU fait preuve d’à-propos : «Like it or not your fate in 2019 is sealed, unless you demonstrate a radical change.» C’est le même avertissement qu’émet Zoro: «Pravind doit bien réfléchir : soit il protège Showkutally Soodhun, soit so natte pli dans coup de vent prochaine élection.»