Les 45 000 électeurs de Belle-Rose–Quatre-Bornes vont donc devoir bientôt passer à la casserole. Pour se faire tondre (comme des moutons) ou se faire farcir (comme le proverbial dindon). Vous croyez que l’allusion est trop forte ? Dites ça aux électeurs qui avaient voté pour l’alliance Lepep en décembre 2014 (ou contre l’alliance PTr–MMM, au choix). Question tonte ou farce, ils en savent quelque chose, depuis les deux ans et demi qu’ils «pratiquent» ce gouvernement qui a vu son capital-confiance fondre comme un «glaçon râpé» au soleil. Alors, une élection partielle, vous pensez bien que ce doit être le dernier de leurs soucis, aux Quatre-Bornais !

Bien sûr, ce scenario qui n’excite, pour l’instant, que les mordus de la politique (et quelques heureux sangsues qui salivent d’avance à la perspective du pactole qu’ils se feront pendant l’éventuelle campagne électorale) ne se réalisera que si, d’ici quelques jours, le député Roshi Bhadain tient sa promesse de démissionner du Parlement. Et invite de par cette action l’électorat du no 18, à deux ans des élections générales, à retourner aux urnes. Que ces électeurs le veuillent ou pas !

Quels sont les enjeux de cette élection ? Roshi Bhadain, élu sous la bannière du MSM, a déserté le navire orange en début d’année. Coïncidence, son colistier au no 18, Xavier-Luc Duval, avait, lui, pris ses coqs bleus et abandonné lui-aussi la barque Lepep, en décembre dernier. Et depuis, il semblerait que les deux hommes sont sur la même longueur d’onde politique. Il est fort probable que le PMSD n’aligne pas de candidat. Et soutienne Bhadain.

La joute qui s’annonce est, avant tout, une lutte entre Bhadain et le MSM. Le leader du Reform Party l’a dit au Parlement vendredi : il souhaite que cette partielle serve de sanction contre le MSM. Et il semble lancer des appels du pied aux autres partis de l’opposition pour que ces derniers n’alignent pas de candidats. Dans l’éventualité où cela s’avère, il ne faut pas être devin pour prévoir une réélection de Bhadain contre un candidat du MSM.

Mais le MMM avait déjà annoncé qu’il y aura un candidat mauve en cas de partielle. Belle-Rose– Quatre-Bornes est une circonscription imprévisible. Paul Bérenger en sait quelque chose, pour y avoir été battu en 1983 (mais repêché en tant que Best Loser) et 1987. Le MMM y a une bonne assise néanmoins, mais la personnalité du candidat mauve sera déterminante.

Quant aux rouges du PTr, rien ne dit pour l’heure s’ils auront un candidat. Le parti est en pleine réorganisation et le moment ne paraît pas propice pour se lancer dans la bataille. L’option pour eux pourrait être de laisser Bhadain en découdre avec le MSM. Une question de Realpolitik. L’art de la guerre, aurait dit Sun Tzu, consiste aussi «à ne pas attaquer trop tôt… ». Les dés seront bientôt jetés…