Vous avez peut-être entendu parler d’IoT ou Internet of Things, un thème qui s’impose dans de nombreux domaines d’activités aussi variés que les loisirs, la production industrielle, les smart cities ou encore la grande distribution. Que se cache-t-il derrière cette notion ?

L’IoT est une tendance de fond. Elle désigne la capacité à faire dialoguer les univers réels (les objets au sens large interagissant avec le monde physique) et numériques (les données émises et leur traitement).

Aujourd’hui, votre smartphone peut se connecter à différents capteurs permettant de vous informer de la distance que vous avez parcourue, de votre fréquence cardiaque, voire de la durée de votre sommeil. Vos vêtements eux-mêmes deviennent connectés, donnant lieu à des applications aussi variées que votre suivi médical ou l’optimisation de votre performance sportive.

Dans l’industrie, le XXe siècle a vu l’émergence de la production à la chaîne puis de l’automatisation. Aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle révolution avec l’industrie 4.0. Elle se caractérise précisément par une utilisation d’objets connectés à différentes étapes clés du processus industriel. Des capteurs permettent de géolocaliser des composants stockés, de faire un suivi de chaque pièce en production et ainsi d’optimiser les contrôles qualités (comme c’est le cas pour l’automobile). Avant l’IoT, il était nécessaire de faire des échantillonnages ponctuels sur une chaîne de production afin de vérifier si la pièce produite était conforme. Aujourd’hui, avec l’Internet des objets dans l’industrie 4.0, toute non-conformité est immédiatement repérée.

Dans l’élevage, un capteur diffuse des informations sur la mobilité ou l’état de santé de l’animal, ce qui permet de minimiser la diffusion d’une maladie, réduisant ainsi les traitements antibiotiques en cas d’infection. Il est également possible d’individualiser la quantité de nourriture fournie, etc. Dans la distribution d’eau, des capteurs répartis le long des canalisations autorisent une mesure des débits et ainsi l’identification et la localisation de potentielles fuites. En matière de production agricole, des drones dotés de capteurs fournissent des données, comme l’hydrométrie ou le taux d’azote, donnant lieu à une optimisation de l’usage des engrais.

Mais l’IoT ne se limite pas à l’amélioration des processus. Elle est à l’origine de nouveaux services à valeur ajoutée pour les clients, tels que le réapprovisionnement automatique des stocks ou la géolocalisation de leurs marchandises. C’est l’ensemble du business model d’une entreprise qui peut se trouver revisité : sa proposition de valeur (le produit, le service ou encore l’expérience client proposée), ainsi que son architecture de valeur (les processus de conception, fabrication, toute l’architecture permettant de mettre sur le marché le produit, service ou expérience).

Compétitivité renforcée

Au-delà des usages individuels de produits connectés (montres, smartphones, habits, etc.), en quoi l’île Maurice est-elle concernée par cette révolution liée à l’IoT ?

Ce fut le thème de la récente conférence organisée par l’Association of Mauritian Manufacturers à laquelle l’Association pour le développement industriel de La Réunion a été associée. En Europe, le CEA Tech a eu l’occasion d’accompagner non seulement de grandes entreprises (PSA, AREVA, SAFRAN, etc.) mais également de nombreuses PME, regroupées au sein d’écosystèmes. Les entreprises mauriciennes, notamment le tissu de PME locales, ont tout à gagner à s’engager dans cette voie afin de renforcer leur compétitivité.

En effet, quand la taille du marché insulaire limite la capacité à bénéficier d’économies d’échelle, l’IoT peut être une manière d’optimiser les coûts et proposer de nouveaux services associés, conduisant à renforcer l’attractivité de l’offre Made in Moris. Le train de l’IoT est en marche et les entreprises de la région ont tout intérêt à ne pas rester sur le quai !

Il est important que le gouvernement mauricien fournisse un cadre fiscal et réglementaire adapté, dans une logique de libéralisme éclairé ou de protectionnisme ouvert (comme nous l’avons évoqué dans un précédent article). Cela permettra aux entreprises mauriciennes de s’inscrire pleinement dans cette nouvelle révolution industrielle. Elles seront plus compétitives non seulement localement, mais aussi à l’échelle régionale (incluant le continent africain).

Afin de se donner un maximum de chances de tirer profit de la révolution IoT, les entreprises mauriciennes auraient tout à gagner à s’allier avec leurs homologues basées à La Réunion. En unissant leurs forces, elles n’en seront que plus performantes à l’international. Le succès d’Airbus met bien en évidence combien, en matière industrielle, l’union fait la force.

L’IoT offre aux industriels réunionnais et mauriciens une opportunité de pratiquer la «coopétition» (alliant compétition et coopération), et de rayonner conjointement sur le continent africain.

Si l’ensemble des parties prenantes en prennent conscience, l’Internet des objets sera l’un des moteurs du développement économique de Maurice et de La Réunion.

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