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Jackpots et sinécures

3 avril 2017, 12:57

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Les tribulations de Vijaya Sumputh retiennent l’attention des internautes. Depuis que le ministre Anwar Husnoo a révélé le quantum de ses émoluments mensuels, l’Executive Director démissionnaire du Trust Fund for Specialised Medical Care voit se cristalliser sur sa personne toute la hargne d’une population dépitée.

Les Mauriciens se disent trompés, floués, ballottés par des politiciens qui, une fois au pouvoir, se ressemblent tous. Les pratiques sont les mêmes peu importe la couleur des gouvernants. Rouge-bleu, orange-rouge, orange-bleu-blanc : les teintes et les nuances sont différentes, mais les pratiques sont similaires. Hier Soornack, aujourd’hui Sumputh ; hier Seeruttun, Gooljaury et les autres, aujourd’hui Choomka, Trilochun et les autres.

L’opinion semble ressentir un trop-plein et en a marre des politiciens. Les internautes le disent à leur manière. «I wish this government goes down as soon as possible in the light of the number of scandals prevalent», affirme Abimanu Mathoorasing. Prak est, lui, plus direct : «Le ML est sans doute la plus grosse déception de l’électorat urbain», alors que pour Heena, «partou kot ou alé, c’est la frustration maintenant». La colère et le désarroi de De Sica Christian sont manifestes quand il écrit : «Sa politik pouritir ki existé dan Moris-la fer ou dégout tou politisien

Il semble que le népotisme, le favoritisme et la mal gouvernance sont devenus des constantes dans la gestion des affaires publiques. Aux yeux d’un important segment de l’opinion, la pratique politique est synonyme de deux choses : se remplir les poches et faire profiter ses proches.

Aujourd’hui, les postes de conseiller de ministre ou les fonctions à responsabilités dans des corps parapublics et les sociétés d'État sont devenus sources de généreuses prébendes ou de sinécures assurées. Les politiciens seraient-ils devenus autistes ? Ils semblent s’isoler dans le doux confort que leur procure l’exercice du pouvoir et refusent de voir la réalité environnante ou d’écouter la rumeur de la rue.

Quand un homme politique vient justifier qu’une personne proche de lui puisse toucher 20 fois le salaire d'un travailleur, c’est qu’il vit sur une autre planète. L’internaute 2deven fait un constat douloureux : «Éna dimounn zot pansion Rs 5 000 pé koupé, andikapé pansion pé koupé, ek madam-la pé gagn Rs 323 000 par mois.»

Du matin au soir, les politiques se gargarisent de bonne gouvernance et du respect des principes. Cependant, quand on en vient aux travaux pratiques, l’éthique est mise au placard et les valeurs sont piétinées. L’inconduite de certaines personnalités publiques affaiblit la parole politique et dévalorise les fonctions d’État.

N’est-il pas temps de créer un mécanisme qui permettra à la population de juger du sérieux et de la compétence d’un individu nommé à un poste de responsabilité ? Au nom de la transparence, les autorités devraient répondre à l’attente de l’opinion. «It would be good if we had a list of all political appointments… their salaries, background, conditions of service and the metrics for their performance», suggère London Eye.

Ailleurs, les postulants à des fonctions exécutives, même parrainés et nommés par le Prince du jour, se présentent devant une commission et les débats sont publics. Pourquoi ne pas envisager ce modèle ? Il a le mérite d’être transparent. Cela épargnera au député Sangeet Fowdar de devoir écrire sur sa page Facebook : «Pour certaines personnes, ce gouvernement est un jackpot.» Cela, la population l’a constaté depuis longtemps.