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La rentrée des dépités

26 mars 2017, 13:15

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La rentrée des dépités

Oui, tu as bien lu, cher lecteur. Et non, ce n’est pas une faute. Mardi, jour de reprise des activités parlementaires, nos députés reprendront le chemin de l’Hémicycle. C’est vers une Chambre recomposée que les yeux de la population se tourneront. Car il s’est passé des choses entre le début des vacances parlementaires, le 21 décembre dernier, et la prochaine rentrée, dans deux jours. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Des eaux qui ont commencé à remplir le barrage de Bagatelle, mais, ça, c’est une autre histoire. Revenons à nos députés dépités, et Dieu seul sait qu’il n’y en a pas mal…

Les coqs bleus sont des dépités de première. Imaginez un gars chanceux tel que Xavier. Il a été de tous les bons coups pendant onze ans. «Kot Xavier zete, samem sa !» Il est un homme du pouvoir. Et de pouvoir. Et puis, paf, la tuile ! La Persecution…, non, pardon, la Prosecution Commission qui pointe son vilain museau. Et voila notre beau coq de race qui se dresse sur ses ergots et qui rue dans les brancards. Résultats (lor rezilta), le 19 décembre, soit deux jours avant les vacances du Parlement, l’alliance Lepep vole en éclats. Les bleus se retrouvent de l’autre coté de la barrière et regardent le Sun Express partir sans eux. Et notre ami Xavier devient chef de gare de l’opposition. Un rôle pas du tout taillé à sa mesure. Un rôle qu’il doit encore maîtriser. Sans compter ses bleuets, qui ont laissé des plumes dans l’affaire, perdant un camarade coq et une amie poule en cours de route. Autant de gallinacées récupérés par l’ami Pravind.

Justement, parlons-en du prince héritier Pravind. Eh bien, il n’est plus héritier du tout ! Car, un mois après le départ des coqs de Xavier, Pravind a été adoubé roi. Le roi est parti, vive le roi ! Papa roi devient roi mentor, et Pravind devient le Preums parmi ses pairs. Et dans deux jours, Pravind 1er affrontera le Parlement, pour la toute première fois auréolé de son statut de jeune Premier. L’Assemblée des députés, surtout dans les rangs des dépités, a déjà laissé entendre qu’il ne lui fera pas de cadeaux. Pas même une boite de biscuits au miel Made in Moris ! Imaginez le stress du gars ! Surtout que son ancien compère Xavier a déjà informé la populace qu’il ne compte pas faire de cadeaux (même pas enn bal kouler) au fils du dieu Soleil. 

Si encore il n’y avait que cela ! Mais comment passer sous silence les retournements de vestes les uns les plus spectaculaires que les autres ? Des députés «indépendants», anciens dépités de première importance, tels que Joe, Raffick ou encore Zouberr, ont, par miracle (non encore attesté par de hautes autorités religieuses), trouvé le «sime lalimier» grâce aux rayons du Soleil. Dorénavant, ils marchent à l’ombre de Pravind 1er, mais vont devoir eux-aussi affronter la vindicte de leurs anciens camarades de l’opposition, surtout des mauves de Paul, qui les attendent au tournant. Chaud devant !

Un autre bouillant député, ancien camarade de jeu de Pravind 1er, le preux Roshi, a préféré, lui, dire «non, merci» au maroquin que lui offrait son roi Pravind. Ce qui constitue un crime de lèse-majesté suprême, car, le vassal Roshi, qui n’avait pas hésité à faire un baisemain à son souverain, pratiqua la politique de la chaise vide le jour de l’adoubement de son royal ami. Et s’en fut rejoindre les rangs des dépités. Où son camarade Xavier lui fit fête et moult gestes de paix et de collaboration. Reste à voir le Roshi en action dans la Chambre (honni soit qui mal y pense !) et jauger sa capacité à bruler aujourd’hui ce qu’il avait adoré (et aidé) hier. Ne dit-on pas que «lalang pena lezo» ? En sus de cela, les dépités ont la mémoire courte. 

Que dire des anciens alliés d’hier et frères d’armes (de circonstance) d’aujourd’hui : les rouges de Navin et les mauves de Paul ? Eux, ce sont des dépités de catégorie supérieure. Il y a deux ans, ils s’y voyaient tellement en propriétaires du château-fort que les troupes (alors en union) de Pravind et de Xavier étaient pris pour argent comptant. C’est-à-dire pour quantité négligeable. La suite on le connaît. La troupe rouge-mauve fut décimée, les cœurs déchirés, les clés perdues, le tout emporté par le cyclone Lepep. Il ne resta dans l’Hémicycle que quelques rares rescapés rouges et mauves, amputés de beaucoup de leurs vieux soldats sur le retour. Les rouges explosèrent et les mauves implosèrent, avec des retombées bordeaux ou indépendants ici et là. Bref, une catastrophe phénoménale. Navin et Paul sont encore à reconstruire leurs partis. Mais, chez eux, les dépités se retrouvent plutôt en dehors du Parlement qu’à l’intérieur.

Donc, ami lecteur, la rentrée d’après-demain a l’air de tout sauf d’une promenade de santé. Surtout pour les troupes du roi Soleil. Mais cela ne veut pas pour autant dire que ces messieurs les dépités de l’opposition auront, eux, la partie facile. Ils avancent déjà en ordre dispersé. Et rien ne dit qu’ils vont arriver à unir leur force pour combattre le Preums et ses troupes. Sauf si ces derniers continuent les opérations-suicides qui consistent à se tirer des balles dans le pied. Du style des nombreuses affaires qui ont secoué leurs rangs. Et qui, apparemment, vont encore les secouer à l’avenir…