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Un ministère pour quoi faire?

10 février 2017, 11:57

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«Lakaz diab» n’est plus hantée. Prithviraj Roopun succède, dans l’ordre (d’autres diraient dans le désordre) à Mahen Gowreesoo, Mookhesswur Choonee et Dan Baboo.

La nomination d’un ministre des Arts et de la Culture, est-ce un événement? Toutes proportions gardées, le secteur privé est en transe quand un nouveau ministre des Finances pointe son nez. Ses décisions pèsent sur la ­ fiscalité autant que le prix des couches pour bébé.

Il en va autrement pour celui qui trône au septième étage du Renganaden Seeneevassen Building. Nombreux sont les artistes qui gardent surtout l’image d’une porte fermée à leurs demandes de subvention.

Que peut vraiment un ministre des Arts et de la Culture ? Prithviraj Roopun annonce des actions à deux volets. «Redonner la place à la culture au quotidien» et «exploiter le potentiel économique de la culture». Mais est-ce vraiment lui qui décide ?

Un dossier, deux exemples. Prenons le musée de l’esclavage. Quand le PMSD est au gouvernement – jusqu’au 19 décembre 2016 - c’est Xavier Duval, Premier ministre adjoint, qui tire les ­ celles. C’est lui qui dévoile les négociations pour l’achat d’un entrepôt d’United Docks, pour abriter le futur musée de l’esclavage. Entrepôt par ailleurs déjà identi­fié pour l’extension du centre d’interprétation situé à l’Aapravasi Ghat.

Changement de gouvernement. Le 1er Février dernier, c’est le Premier ministre Pravind Jugnauth qui donne l’assurance que l’État ira de l’avant avec le musée de l’esclavage. Faut-il à chaque fois que les higher quarters s’en mêlent pour qu’un projet des Arts et de la Culture aboutisse ?

Que permet réellement le budget des Arts et de la Culture ? Sa dé­finition de la culture passe par le socioculturel, à qui il accorde des subventions par millions.

À peine arrivé, le titulaire est pris dans la spirale des fêtes. Il passe de la Fête du printemps, au 1er-Février, avant les 25 ans de la République, le mois prochain. Les fonctionnaires du ministère sont mobilisés pour trouver des fournisseurs de take away. S’assurer qu’il n’y a pas de plis au tapis rouge. Avant d’accompagner les hauts dignitaires jusqu’au siège avec leur nom étiqueté dessus, le jour-J. Essayez de faire avancer un dossier de demande de subvention, dans pareil contexte.

Quelle énergie reste-il alors pour soutenir la création, encourager l’éveil artistique, détecter les jeunes talents ?

À charge pour Prithviraj Roopun de répondre à cette question cruciale : un ministère des Arts et de la Culture pour quoi faire ?