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N’imposte quoi

11 décembre 2016, 09:35

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«Ansam kom enn sel pep pou dir non a premie minis limpost.» C’est joli, ce slogan, prononcé vendredi soir à La Louise… La rhétorique aurait presque pu nous donner envie d’applaudir Navin Ramgoolam. Mais assortie des promesses de supprimer les grosses berlines pour les ministres et les repas gratuits à l’Assemblée, on ramasse nos deux mains au fond des poches (vides) ! Voilà comment perdre toute crédibilité en quelques mots. Comme si on allait y croire… Comme si l’ex-Premier ministre n’avait pas déjà été au pouvoir pendant une décennie, avec les champs (de canne) à la clé…

Comme si les voyages aux frais de la princesse population étaient une nouveauté ! Et puis, Navin, ça rime avec berline ou Aston Martin… On aime bien aussi la nuance : il faut que l’opposition s’unisse, qu’on fasse un pacte républicain, mais attention, pas question d’alliance ! Avec le même discours du côté mauve… on doit se mettre ensemble mais pas en alliance et on va aller seuls aux élections. À l’ère de l’informatique et des datas, il serait amusant de voir combien de fois ces partis ont dit qu’ils «iraient seuls aux élections» sans jamais le faire (c’est plutôt la garantie du contraire…). Un peu comme le nombre de fois où ils réclament des élections anticipées. Non mais ! Il n’y a pas de plus stupide requête.

Les gars en face sont au pouvoir et vous croyez qu’ils vont le lâcher comme ça ? En organisant des élections parce que vous les réclamez ? Mais vous n’en avez pas assez de dire les mêmes insanités, années après années ? Vous n’êtes pas fatigués ? Vous vous enregistrez parler parfois ? Au moins, le coup de l’imposte, c’est un peu nouveau, ça égaye les discours creux qui enfoncent des fenêtres ouvertes. On l’a bien compris, «government decides». Il durcit la loi sur le terrorisme, il pense à créer une Prosecution Commission, il maintient le Freedom of Information Act à l’état d’annonce, il nomme qui il veut…

À part poser des questions au Parlement pour les opposants qui y siègent, il n’y a rien que vous puissiez y faire. Il ne vous reste qu’à compter que ceux au pouvoir soient suffisamment nuls pour qu’ils se fassent déboulonner aux élections suivantes. Une grande manifestation de rue contre la (toujours théorique) passation de pouvoir entre le père et le fils ?
  
C’est sans compter la peur des uns et des autres d’être surveillés, camérisés, NSSisés puis embêtés. C’est sans compter la léthargie populaire, l’absence de sens commun, l’absence de motivation à se mouiller ou à sortir de sa zone de confort, l’implacable force de gravité qu’est la défense de son petit pré carré, l’angoisse de perdre le petit peu que l’on a. Les réseaux sociaux peuvent peut-être changer quelque chose (et vous feriez bien de ne pas recommencer l’erreur de 2014, à les sous-employer), mais le passage des mots à l’action est bien plus étroit qu’une imposte fermée à triple tour.