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Héritaires et honorage

16 octobre 2016, 11:00

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Héritaires et honorage

On avait cru à un poisson d’avril en plein octobre cette semaine, en lisant que les honoraires des avocats et des avoués seraient affichés ! Cela paraissant aussi probable que de voir Showkutally Soodhun danser le French cancan ou Navin Ramgoolam devenir ermite ascétique. Heureusement que Ravi Yerrigadoo nous a rassurés : «La campagne d’affichage des prix ne s’applique pas aux avocats et avoués», a déclaré l’Attorney General, à la sortie du Conseil des ministres. Ouf ! On n’est pas devenu Alice au pays des Merveilles. Nos seules merveilles sont toujours celles que l’on grignote avec du satini. L’omerta sur les honoraires des avocats reste aussi solide qu’un char T-90 russe en train de préparer la 3e guerre mondiale (si, si, Poutine y croit et s’organise, c’est pas gagné pour Diego Garcia…). Sur l’argent qu’ils perçoivent, les avocats sont aussi volubiles qu’un fonctionnaire muet. «La confidentialité» est la graine de sésame de ce magnifique exemple de solidarité confraternelle. Elle balaye le sujet aussi vite que le Mouvement patriotique disparaît. Les sous des hommes en noir les soudent plus fort que de la Power Glue, qu’ils soient d’un bord ou de l’autre.

 

À propos de bord, mais de la mer cette fois... Nous avons encore eu droit à une sortie de notre ministre des Terres contre les écolos. Soodhun s’en prend aux ONG qui ne vociféraient pas quand les plages étaient accaparées sous l’ancien gouvernement. Vrai ou pas, s’il s’élevait un peu au-dessus du niveau de la mer ? Être ministre (et c’est valable pour tous) ce n’est pas dire que ceux d’avant étaient (plus) mauvais. Ou que les écologistes sont anti-développement. C’est avoir une vraie politique de développement durable. Il est temps de passer l’âme à gauche. De tuer ce qui dans le capitalisme nous conduit à une fin certaine. Pour que l’humanité, exsangue parce que trop exploitée, ne meure pas.

Arundhati Roy, qui vient de publier Capitalisme, une histoire de fantômes et Que devons-nous aimer ?, appelle à redéfinir nos priorités : «Une forêt vierge, une chaîne de montagnes ou une vallée fluviale sont plus importantes et certainement plus dignes d’amour que tout pays ne le sera jamais. Je pourrais pleurer pour une vallée fluviale, et cela m’est déjà arrivé. Mais pour un pays ?» Quant à une cité administrative, n’en parlons même pas ! D’ailleurs, la romancière et activiste indienne propose également de supprimer l’héritage… «L’héritage, ce n’est pas seulement des biens financiers et matériels. Quand vous observez la prégnance du système des castes en Inde, vous saisissez à quel point l’héritage est aussi une question de position, de statut, de droits. Si l’on veut changer les choses, il me semble important de commencer à penser une manière de ne pas perpétuer les privilèges et les acquis», dit-elle dans un entretien à Mediapart, jeudi. Vite, qu’on la nomme special adviser du gouvernement !