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Désespéré humanum est

28 août 2016, 15:24

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Désespéré humanum est

 

Sont-ils tous fous ou sommes-nous trop sages ? Ça s’émeut face à la photo du petit Omrane sauvé des bombardements en Syrie, mais ça agresse, bottes aux pieds et fusil à la main, une femme trop habillée sur la plage qui aurait pu être sa mère. Ça s’enferme, se renferme. La palme du dégoûtant est allée cette semaine à un député hongrois qui a proposé de placer des têtes de porcs le long de la frontière pour empêcher les réfugiés de passer. Même les maires de Cannes et de Nice n’y ont pas pensé ! Ici, également, quand Jack Bizlall avait demandé d’accueillir des réfugiés syriens, fallait voir les commentaires chauvins qu’il a reçus ! N’a-t’on aucun sens de l’histoire, aucun recul, l’ère informatique nous fait-elle avancer tellement vite qu’on oublie tout ? Aucun sens de la civilisation, de l’humanisme non plus ? Aucune notion de l’humanité, des grandes causes ? Aucun sens d’appartenance à ce grand tout qu’est le monde ?

Dans le New York Times, Nicholas Kristof fait un parallèle entre la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui. En 2016, «Anne Franck est une enfant syrienne», écrit-il. Les parents de la petite juive tuée par les nazis se sont vus refuser l’entrée sur le territoire américain par peur des autres. Les juifs étaient perçus comme une menace, des communistes potentiels etc. “The reasons for the opposition then were the same as they are for rejecting Syrians or Hondurans today:W e can’t afford it, we should look after Americans first, we can’t accept everybody, they’ll take American jobs, they’re dangerous and different”, écrit Kristof

Toujours le même prétexte, ici ou là-bas, occuponsnous des nôtres avant. C’est d’ailleurs ce qui entraîne ces copinages, ces passe-droit, cette absence de méritocratie, cette injustice... Mais les nôtres peuvent être les leurs demain. Les Mauriciens qui émigrent, ne sont-ils pas heureux d’être accueillis, même si, pour les pays d’accueil, leurs coutumes, leurs habitudes, le fait qu’ils travaillent à la place d’un «local» peuvent être perçus comme dérangeants ? Si, demain, le père d’Anne Franck écrivait à Maurice, que lui répondrait-on ? Allez au BOI, investissez et retenez les services d’un avocat (ou peut vous en conseiller) parce qu’on ne veut que des étrangers qui «rapportent» ?

On sait bien que vous préféreriez lire sur Trilochun et consorts. Mais ils nous rendent petits. Ils nous font voir de tout près tous ces sales travers de l’humanité : l’égoïsme, le désir de puissance, l’arrivisme, la soif d’argent, les mesquineries qu’on baptise complots, les jalousies… bref, ils nous font davantage désespérer de l’espèce humaine.

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Si la viande des animaux atteints de fièvre aphteuse est propre à la consommation, à condition d’être bien cuite, pourquoi n’a-t-on pas organisé un barbecue géant, et convié les gens à manger gratuit les bêtes abattues plutôt que de faire tout ce gaspillage de nourriture ? Cela aurait aussi permis d’incinérer les carcasses au lieu de les enterrer, avec le risque sanitaire que cela comporte pour l’environnement et les nappes phréatiques.