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Yves Saint Laurent : 20 ans dans l’intimité d’une icône

28 janvier 2014, 00:00

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Yves Saint Laurent : 20 ans dans l’intimité d’une icône

Paris,1957. À tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main la destinée de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s’associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent. Malgré ses obsessions et ses démons intérieurs, Yves Saint Laurent s’apprête à révolutionner le monde de la mode avec son approche moderne et iconoclaste.

 

C’est à une entreprise tout à la fois aisée et délicate que s’est livré Jalil Lespert en adaptant librement l’ouvrage éponyme Yves Saint Laurent, de Laurence Benaïm. La relation amoureuse entre un créateur génial, Yves Saint Laurent, et un extraordinaire bâtisseur, Pierre Bergé, est en effet un sujet très romanesque. Mais que pouvait nous apporter de plus un film sur YSL, et ce d’autant plus qu’une autre fiction, de Bertrand Bonello celle-là, sous le titre de SaintLaurent (avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier et Léa Seydoux), est également en préparation – sa sortie est prévue en mai 2014 ? Livres – notamment la décapante biographie de Marie-Dominique Lelièvre –, magazines, journaux, expositions, documentaires (notamment Yves SaintLaurent, Pierre Bergé : l’amourfou, en 2010) ont évoqué régulièrement les moindres dessous de la passion qui a réuni deux personnages d’exception.

 

Jalil Lespert a réalisé un film qui hésite trop souvent entre documentaire et fiction. Le résultat est certes sympathique, bien chapitré et ponctué par les divers événements qui ont jalonné ces vingt ans de vie commune d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. De leur rencontre en 1958 au défilé de 1976, en passant par la collection «Mondrian», le lancement du prêt-à-porter, la découverte des paradis marocains… Les reconstitutions de ces différentes manifestations sont soignées.

 

 

La futilité de ces événements mondains, en pleine période des Trente Glorieuses, on y croit. On n’échappe toutefois pas au traitement style roman- photo ou magazines sur papier glacé, voire journaux à scandale. Certaines scènes auraient gagné à être traitées moins superficiellement et avec beaucoup plus de hardiesse. On regrette ainsi que la situation politique de 1958 n’ait été que légèrement évoquée : intéressante, en effet, la scène où Yves Saint Laurent est agressé par une mère lui reprochant de s’être fait réformer du service militaire pour ne pas partir combattre en Algérie, contrairement à son fils à elle.

 

On aurait pu de même insister sur l’éviction pour des raisons «politiques» de YSL de la maison Dior. Sans doute Jalil Lespert aurait-il été également inspiré de montrer combien le couple Bergé-Saint Laurent était libre et audacieux pour cette époque comme pour la nôtre…

 

Les deux comédiens Pierre Niney et Guillaume Gallienne sont absolument remarquables. C’est avec une totale sincérité qu’ils incarnent ces deux grands hommes que sont Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Le jeu de Pierre Niney met en lumière les facettes multiples d’YSL : l’homme blessé, le timide maladif, l’inventeur perpétuel, l’artiste maudit, mais aussi l’homme qui sombre dans l’alcool, la drogue et s’enfonce dans les bas-fonds des jeux sadomasochistes.

 

Guillaume Gallienne, lui, donne toute la puissance de Pierre Bergé – mais aussi toute son intelligence sensible. Jalil Lespert ne semble pas s’être beaucoup intéressé aux personnages féminins, qui restent fades et sans consistance. On croit davantage aux compositions de Xavier Lafitte dans le rôle de Bernard Buffet et de Jean-Edouard Bodziak dans celui de l’amant sulfureux d’un moment d’YSL, Jacques de Bascher.

 

Bref, ce film se regarde sans déplaisir mais parfois avec un vague sentiment d’ennui. Tempéré certes par le soin tout particulier apporté à la musique dont la partie originale est d’Ibrahim Maalouf – Jalil Lespert n’oubliant pas la Callas à laquelle YSL et Bergé portaient un véritable culte.

 

Fiche technique

 

Genre : Biopic, drame

Durée : 1h 40

De : Jalil Lespert

Avec : Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon

Salles : Star La Croisette, Bagatelle, Caudan