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WikiLeaks : Interrogations américaines sur les intentions de l’Inde sur Agaléga

2 avril 2011, 00:00

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WikiLeaks : Interrogations américaines sur les intentions de l’Inde sur Agaléga

Quelles sont les visées véritables des Indiens sur l’archipel de 24 km2 ? Les Américains se sont intéressés à la question et ont transmis une note à Washington le 15 décembre 2006. Pétrole ou stratégie militaire ? Maurice n’en sait rien mais ne refusera rien à l’Inde selon eux.

Maurice va-t-elle finir par mettre Agaléga à la disposition de l’Inde ? La question n’a jamais cessé de faire polémique depuis la publication d’un article du Times of India à cet effet, le 25 novembre 2006. Vu que l’archipel aurait été utilisé par la Grande Péninsule pour y installer une base militaire et navale, c’est sans surprise que l’ambassade américaine, à Port-Louis, s’est penchée sur ce dossier.

Dans une note confidentielle de l’ambassade américaine adressée à Washington le 15 décembre 2006 et rendue public par WikiLeaks dans le quotidien indien The Hindu ce samedi 2 avril, mention est faite que Maurice semble faire allégeance à l’Inde et qu’elle ne pourra jamais rien lui refuser. Les Américains s’interrogent cependant sur les véritables motivations des Indiens sur les îlots de 24 km2 situé à 1 070 km au Nord de Maurice.

Si ce n’est pas une base militaire ou un centre d’écoute de communication, les Américains se demandent si la région autour de l’île ne recèlerait pas du pétrole, ce qui expliquerait l’engouement des Indiens pour l’archipel. En tout cas, ce 15 décembre 2006, le chargé de mission, Stephen Schwartz, indique dans sa note que Maurice a nié avec virulence avoir l’intention de céder les îlots à bail à l’Inde mais que celle-ci lui a proposé son assistance dans des travaux infrastructurels et le développement économique sur place.

A l’époque, il s’avère que trois experts indiens avaient effectué une mission dans l’archipel. Mais nul n’est jamais sûr de ce qu’est advenu de leur rapport. Les Indiens ont aussi effectué une étude hydrographique autour d’Agaléga, ce qui pousse les Américains à se demander si les Indiens n’ont pas de « hidden agenda ».

Après avoir cité les deux bras droit du chef du gouvernement, Kailash Ruhee et feu Raj Mudhoo, à l’effet que l’archipel n’allait pas être cédé, les Américains sont toutefois d’avis que, face à la nervosité des officiels mauriciens sur ce dossier, il doit y avoir bien plus derrière ce dossier.

C’est ainsi que la possibilité d’un gisement de pétrole est évoquée. Guy Adam, le président du Seychelles Petroleum Company, a soufflé au consul américain qu’il soupçonne la présence d’une réserve de pétrole dans la zone s’étendant entre Agaléga et les Seychelles.

Pour les Américains, même si l’Inde n’a aucune visée stratégique sur Agaléga, Maurice semble lui faire allégeance. Allant jusqu’à citer une conversation privée entre le leader de l’opposition, Paul Bérenger, avec le chargé de mission de la Haute Commission indienne à l’effet que Maurice a tout à gagner avec la Grande Péninsule.

Mais comment l’Inde a-t-elle pris autant d’importance pour Maurice ? Pour les Américains, il n’y a pas que les liens ombilicaux. Avec la remise en question du protocole sucre et les accords dans le textile, les liens commerciaux de Maurice, à savoir la France et la Grande-Bretagne, sont en déclins.

De l’autre, Maurice a signé des accords de non double imposition avec l’Inde, ce qui a donné un coup d’accélérateur à son service financier. En contrepartie, la Grande Péninsule a aidé Maurice dans certains projets d’envergure, tels que le centre de conférence international Swami Vivekananda, à Pailles, ainsi que la cybertour d’Ebène.

Pour le quotidien The Hindu, les aides indiennes envers Maurice ne sont pas sans intérêt. Et que selon les diplomates de New-Delhi, « Mother India » ne fait pas cela par sentiment. Chose qu’admet le leader de l’opposition mauricien, Paul Bérenger. Lors de sa conférence de presse hebdomadaire ce samedi 2 avril, il explique que Maurice n’est pas naïve non plus.