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Wikileaks confirme : le parc marin créé exprès pour empêcher le retour des Chagossiens

2 décembre 2010, 00:00

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Wikileaks confirme : le parc marin créé exprès pour empêcher le retour des Chagossiens

Les notes rendues publiques par le site Wikileaks fait mention du projet britannique pour la création d’un parc marin aux Chagos. L’idée première est non la protection de l’environnement mais bien pour empêcher ceux qui sont nés dans l’archipel de s’y réinstaller.
 
La mise en ligne de 250 000 câbles de diplomates américains par Wikileaks réserve bien des surprises. Dans son édition du mercredi 1er décembre, le quotidien britannique The Guardian relève qu’Américains et Britanniques ont décidé de venir de l’avant avec la création d’une réserve marine aux Chagos afin d’enlever toute envie aux natifs et à leurs descendants de retourner s’installer dans l’archipel.

Dans des notes classées confidentielles, datées du 15 mai 2009, et transmises par l’ambassade américaine à Londres, le conseiller politique Richard Mills met en exergue la parade trouvée par le gouvernement britannique. Plus loin, il souligne que le seul intérêt que Port-Louis pour réclamer le retour de l’archipel est la pêche.

Si la réserve marine est créée, fait ressortir cette note, cela ne va en aucun cas remettre en question l’usage militaire que les Américains font de Diego Garcia. Il est ainsi question de pourparlers entre Londres et Washington pour «carefully negotiate the details of the marine reserve» afin que les intérêts américains soient sauvegardés. Et aussi «that the BIOT''''s former inhabitants would find it difficult, if not impossible, to pursue their claim for resettlement on the islands if the entire Chagos Archipelago were a marine reserve».

Citant Colin Roberts du Foreign and Commonwealth Office (FCO), le conseiller politique explique que l’archipel est déjà régi par les lois anglaises contre tout développement mais qu’il n’existe rien quand à la protection de la zone maritime. Il indique également que les ministres britanniques sont tous d’accord avec ce projet.

Le Labour rue alors dans les brancards. Il veut faire vite. Avant les élections législatives. Afin que la loi soit votée avant mai 2010. Cerise sur le gâteau : les détails quant à la création du parc marin ont été discutés durant les consultations annuels entre Britanniques et Américains sur les sujets militaires et politiques.

Si Londres veut absolument aller de l’avant avec ce projet, il se base aussi sur l’accueil réservé quant à la création d’une réserve marine aux îles Hawaï. C’est là qu’entre en jeu le Pew Charitable Trust, derrière la création de la réserve marine, pour une campagne de relations publiques, afin que l’idée soit bien accueillie par le public. D’autant que le trust en question a bonne presse.

Colin Roberts met de l’avant trois conditions avant que le parc soit créé. Il veut avant tout que le gouvernement américain donne son feu vert. Il veut aussi que le niveau de sécurité autour de Diego Garcia soit revu à la hausse ou laissé comme tel. Mais à ce stade, l’accord conclu en 1966 prévoit qu’aucun changement ne soit apporté au British Indian Ocean Territories (BIOT) et qui pourrait mettre à mal son «usage stratégique».

Il est aussi question de l’assentiment du gouvernement mauricien pour ce projet. Afin que Port-Louis «n’aille pas se plaindre à la tribune des Nations-Unies». Colin Roberts note ici que Maurice «had expressed little interest in protecting the archipelago’s sensitive environment and was primarily interested in the archipelago’s economic potential as a fishery».

Colin Roberts poursuit. Les premières discussions “formelles” avec Port-Louis datent de janvier 2009. «The talks included the Mauritian Prime Minister» mais celui-ci «cast a fly in the talks over how we could improve stewardship of the territory» et les représentants mauriciens «were not focused on environmental issues and expressed interest only in fishery control».

Les Britanniques et les Américains ironisent aussi sur la réflexion d’un représentant du gouvernement mauricien qui s’est plaint que l’océan Indien «the only ocean in the world where the fish die of old age». Dans ces notes, il est aussi question de la réaction de la communauté chagossienne. Colin Roberts indique qu’avec le plan du gouvernement anglais, «there would be "no human footprints" or "Man Fridays" on the BIOT''s uninhabited islands». Un tel projet allant les refroidir. Surtout que c’est uniquement les lobbies des groupes environnementaux anglais qui pèse plus lourd dans la balance. 

Les Anglais ne «regrettent pas» l’expulsion des Chagossiens dans les années soixante et explique que l’utilisation de Diego Garcia a permis de protéger les intérêts des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

Mention est aussi faite de l’un des ardents avocats de la cause chagossienne : l’ancien haut commissaire britannique à Maurice, David Snoxell. Mais que celui-ci «entirely lacking in influence» au sein du Foreign and Commonwealth Office.

Il est aussi question du fait que si jamais le Labour perde les élection «the Conservatives, if in power after the next general election, would not support a Chagossian right of return». Mais que de l’autre les Liberal Democrats sont pour ce retour.

Le ministère des Affaires étrangères britannique donne plus loin des détails relatifs à la démarche des Chagossiens auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme, la stratégie des Britanniques étant : cette instance n’a aucune juridiction sur les BIOT. 

 
A lire ces notes sur http://www.intelink.sgov.gov/wiki/Portal:United_Kingdom