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Washington soupèse les risques de son départ d''Afghanistan

17 mai 2012, 00:00

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Washington soupèse les risques de son départ d''Afghanistan

Quelques dizaines de combattants d''''Al Qaïda sont de retour dans les montagnes de l''est de l''Afghanistan, un nombre certes réduit mais qui est jugé préoccupant par les responsables américains dans la perspective du retrait des troupes de l''Otan et du transfert de la sécurité aux forces afghanes d''ici la fin 2014.

Ces combattants arabes et pakistanais, dont le nombre n''excède pas la centaine, ont selon toute vraisemblance franchi la frontière du Pakistan pour s''établir dans les provinces de Kunar et du Nouristan, où le regroupement des bases de l''Otan n''a laissé sur place qu''environ 4 200 soldats occidentaux.

« Guerre de nécessité »
 
La réapparition de "djihadistes" dans cette région est emblématique des défis auxquels Washington et ses alliés seront confrontés pour se sortir d''une guerre longue et coûteuse sans laisser l''Afghanistan devenir à nouveau une plaque tournante de l''islam radical anti-occidental."Nous sommes au courant des efforts entrepris par Al Qaïda pour établir une présence dans l''est de l''Afghanistan, mais une priorité de la campagne est de l''en empêcher", déclaré un responsable du Pentagone interrogé à ce sujet.

Le président Barack Obama distingue le conflit en Irak, auquel il s''est opposé, de la "guerre de nécessité" menée en Afghanistan contre Al Qaïda pour garantir la sécurité des Etats-Unis. La mort d''Oussama ben Laden, tué le 2 mai 2011 par un commando américain au Pakistan, a constitué pour lui un succès. Mais la sécurisation du pays après le départ des troupes américaines et de l''Otan semble encore loin d''être assurée, en dépit des milliards de dollars d''aide occidentale injectés dans le pays.

Grâce à un effort de financement accru sur leur formation depuis 2009, les forces afghanes sont plus nombreuses et plus aguerries qu''auparavant, mais elles restent encore très dépendantes d''une aide extérieure dans certains domaines comme le renseignement ou le soutien aérien. En outre, personne ne sait quand l''Afghanistan sera en mesure de financer lui-même sa sécurité et les alliés de l''Otan, comme devrait le montrer le sommet de l''Alliance à Chicago dimanche et lundi, rechignent à mettre la main au porte-monnaie en pleine période d''austérité budgétaire.

La grande frustration vis-à-vis du Pakistan

Pour Bruce Riedel, un ancien responsable de la CIA qui a présidé en 2009 le réexamen de la stratégie américaine dans le pays, maintenir les insurgés taliban à distance serait déjà une bonne chose et ce n''est pas une tâche hors de portée à condition de poursuivre l''effort de formation de la police et de l''armée."Cela suffira à maintenir les taliban hors de Kaboul et à nous laisser utiliser les bases afghanes pour mener des missions de contre-terrorisme", déclare-t-il.

Car Washington manifeste également la plus grande frustration vis-à-vis du Pakistan, qu''il accuse de fermer les yeux sur la présence des insurgés sur son territoire, dans les zones tribales qui servent de refuge aux rebelles. "Il y a des choses qui ne sont pas de notre ressort d''un point de vue militaire", déclare un haut responsable du département de la Défense. "Le problème des sanctuaires est énorme."

L''avenir de la stratégie américaine, estime le chercheur Brian Katulis, passe sans doute par des opérations qui s''appuieront sur des drones et les forces spéciales, comme c''est déjà le cas dans les zones tribales pakistanaises ou au Yémen, où les Américains luttent contre Al Qaïda dans la péninsule arabique. "Quel que soit le vainqueur de l''élection du 6 novembre aux Etats-Unis, le futur président ne prendra pas le risque de revenir à la situation de l''Afghanistan dans les années 1990", assure-t-il.

Source : Missy Ryan/Reuters

Missy Ryan/Reuters