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Vivian Gungaram : « Nous n’avons pas à Maurice l’environnement pour le haut niveau »

31 août 2011, 00:00

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Vivian Gungaram : « Nous n’avons pas à Maurice l’environnement pour le haut niveau »

L’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) a procédé samedi au stade Maryse-Justin au debriefing de la participation de Maurice aux 8es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) aux Seychelles (5-14 août). Elle est parvenue à un premier constat : les recommandations adoptées à l’issue des Jeux de 2007 n’ont pas été suivies par tous ses partenaires.

Le manque de moyens financiers et l’absence d’entraîneurs à plein temps ont aussi joué contre l’athlétisme mauricien qui n’a plus la possibilité d’envoyer ses meilleurs représentants dans des dynamiques à l’étranger. L’exercice entamé samedi dernier se poursuit vendredi à Réduit.

Lors de cette réunion-bilan, les responsables de l’athlétisme mauricien ont pris en considération des éléments tirés du bilan effectué à l’issue des Jeux de Madagascar en 2007. Ces pistes de réflexion pouvaient éclairer le présent.

« Un constat s’est imposé : les recommandations prises en 2007 n’ont pas été suivies totalement par les partenaires. Les sponsors ont joué le jeu mais pas le gouvernement. Nous n’avons pas eu d’argent du gouvernement, cela a résulté en l’impossibilité d’adopter une politique sportive pour l’athlétisme, faute de moyens », souligne Vivian Gungaram, secrétaire de l’AMA.


Le succès de l’ athlétisme, ajoute-t-il, a souvent reposé sur l’obtention de bourses et l’intégration d’athlètes mauriciens dans des dynamiques étrangères. « On entend souvent, il n’y pas de relève après Stéphan Buckland. La relève est là mais il faut des moyens pour faire le suivi des athlètes. Dans les années 90, il y avait Naiko, Fournier qui étaient bons et qui sont partis très jeunes en France. Il y a eu aussi la bande à Christian Boda qui avait été en sport-études aux USA. Elle a produit des résultats. Idem pour Stéphan Buckland et les meilleurs athlètes de sa génération qui ont été formés à Dakar. Nous avions ciblé les athlètes pour des bourses de haut niveau », analyse Vivian Gungaram.

Le secrétaire de l’AMA est catégorique : « Nous n’avons pas à Maurice l’environnement pour le haut niveau, nous n’avons pas les entraîneurs non plus. » « Le haut niveau suppose des entraîneurs à plein temps. Nous devons de ce fait envoyer les meilleurs dans un centre d’entraînement quelque part. Mais ce processus de formation à l’étranger s’est arrêté », regrette-t-il.


Un budget spécial pour 2015

Vivian Gungaram note que plusieurs athlètes appartenant à la présente génération ont un potentiel indiscutable. Il cite le triple sauteur Darren Paul, septième en 2010 aux Jeux Olympiques des Jeunes à Singapour. « Nous avons adressé une demande au ministère de la Jeunesse et des Sports, nous n’avons même pas reçu un accusé de réception », affirme-t-il.


Parmi les athlètes de haut niveau susceptibles de briller dans un proche avenir, il cite aussi Fabrice Rajah, Ian Carré, Christopher Sophie, Jonathan Permal, Julien Meunier, Mary Jane Vincent, Elodie Pierre-Louis. Ce sont des jeunes, assure-t-il, qui devraient «  exploser l’année prochaine s’ils intègrent des centres à l’étranger ».


« De nos jours, les athlètes s’entraînent hors de chez eux, dans des centres », remarque Vivian Gungaram. D’où, selon lui, la nécessité « d’envoyer ceux qui peuvent percer ailleurs » afin qu’ils puissent se préparer « pendant quatre ans ». C’est le seul moyen de pallier l’absence d’entraîneurs à plein temps – le seul qui soit employé à plein temps est Khemraj Naiko – et l’absence d’entraîneurs dans chaque spécialité.


« Il faut une politique gouvernementale favorisant le détachement des entraîneurs en poste dans la fonction publique et leur rattachement au ministère de la Jeunesse et des Sports. C’est une décision qui doit être prise au plus haut niveau », insiste Vivian Gungaram. Selon lui, le sport à Maurice souffre de l’absence d’une politique sportive contrairement à l’ère Glover où celle-ci était énoncée clairement et appliquée.


Le système d’éducation, ajoute-t-il, n’aide pas non plus les jeunes engagés dans la quête de résultats sportifs. « Nous ne cherchons pas des boucs émissaires, loin de là. Nous avons obtenu des médailles qui correspondent proportionnellement à nos moyens et à nos athlètes », précise-t-il.


L’autre constat auquel sont parvenus les responsables de l’AMA samedi est « un manquement au niveau de l’encadrement ». « Nous aurions dû obtenir des victoires dans les quatre relais. Les entraîneurs ont une part de responsabilité dans la composition des relais », reconnaît Vivian Gungaram. Autre constat tout aussi lapidaire : le secteur saut est une faillite. « Heureusement qu’il y a les athlètes de Rodrigues », confie notre interlocuteur.


Le deuxième volet de cette réunion-bilan se poursuit vendredi à Réduit. Chaque entraîneur devra proposer une liste d’athlètes susceptibles de bien faire aux Jeux de 2015. « Nous nous sommes penchés sur les points faibles. Mais il y a eu aussi des points forts. Annabelle Lascar et Christopher Collin en font partie », se réjouit Vivian Gungaram.


Mais il est impératif que la préparation et les moyens deviennent réalité tout de suite. « Si nous voulons préparer 2015, il nous faut des moyens dès maintenant et pas six mois avant. Il faut de l’argent et il faut un suivi médical. La base doit être solide. Nous avons eu de l’argent et à manger mais trop tard. Nous avons bâti des châteaux sur le sable. Ce constat est valable pour toutes les disciplines à l’exception de la natation qui a travaillé en groupe pendant longtemps », réitère Vivian Gungaram.


Le secrétaire de l’AMA va même plus loin : il faut faire la différence entre le budget de fonctionnement d’une fédération et le budget de préparation d’un événement tel que les Jeux des îles.

« Le ministère de la Jeunesse et des Sports doit trouver un budget dès maintenant pour 2015. Les présélections doivent être constituées dès maintenant et un budget spécial alloué pour la préparation des Jeux de 2015. Cette préparation ne peut être financée grâce au budget consacré au ’day to day running’ de la fédération. Il faut une enveloppe spéciale tous les ans qui permet de préparer les prochains Jeux et de faire le suivi médical », soutient Vivian Gungaram.


Ce debriefing pourrait comporter un troisième volet qui porterait sur « les besoins de chaque individu ». Un dossier résumant l’exercice entrepris dans le sillage des 8es JIOI sera transmis au ministère de la Jeunesse et des Sports. « Si le ministère est d’accord avec nos propositions, nous passons à l’action dès janvier », annonce Vivian Gungaram.


Robert D’Argent


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