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Viol fictif : La Cour suprême ordonne la condamnation de Marie-Linley Savriacooty

8 mars 2012, 00:00

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Viol fictif : La Cour suprême ordonne la condamnation de Marie-Linley Savriacooty

Les juges Bushan Domah et Devianee Beesoondoyal estiment que la présidente de la Cour intermédiaire s’est lourdement trompée en rayant l’accusation contre l’habitante de Mahébourg pour son « viol » dans un champ de cannes à Flacq en 2006. Ils l’invitent à enclencher les procédures pour la condamner.

La Cour intermédiaire a été très mal inspirée de rayer le procès intenté à Marie-Linley Savriacooty, née Adélaïde, pour son « viol imaginaire » dans un champ de cannes, à Flacq, le 29 juin 2006. Dans un jugement rendu ce jeudi 8 mars suite à un appel du Directeur des poursuites publiques (DPP), les juges Bushan Domah et Devianee Beesoondoyal déclarent que la magistrate Véronique Kwok Yin Siong Yen s’est gravement trompée et la somme de condamner l’accusée.

Cette affaire avait créé une onde de choc à l’époque. L’habitante de la rue Bazar, à Mahébourg, avait déclaré avoir été enlevée devant le guichet d’une banque face à l’arcade Sunnasee, à Rose-Hill et qu’elle s’était réveillée dans un champ de cannes où trois hommes masqués l’ont forcée à avaler des pilules, l’ont agressée avec un cutter puis arraché une tige de canne avec ses racines qu’ils ont ensuite introduite dans ses parties intimes.

Certains membres de la société civile avaient même organisé une action de soutien en faveur de la présumée victime, celle-ci ayant déclaré des semaines plus tôt avoir fait l’objet d’une agression sexuelle dans les rues de Rose-Belle avec une lampe torche. A la presse, elle disait tout le mal qu’elle pensait des policiers de ce village, soutenant qu’elle avait perdu l’enfant qu’elle portait. Dans les deux cas, elle accusait un voisin, Dev Manna, d’être le cerveau de ces agressions.

L’enquête confiée au tandem Clifford Parsad et Clency Meeterjoye du Central CID, avait révélé que Marie-Linley Savriacooty mentait. Elle n’avait jamais été droguée, s’était elle-même infligée des blessures au cutter selon le constat de l’ex-médecin légiste, Satish Boolell et la variété de la canne trouvée dans ses parties intimes ne poussait pas dans cette région mais à Rose-Belle où elle vivait avec son époux...

La décision avait alors été prise de l’inculper sous une accusation de « effecting public mischief ». Quelle n’a pas été la surprise du Central CID et du DPP quand l’actuelle présidente de la Cour intermédiaire a rayé le procès, estimant que les enquêteurs n’ont pas prouvé que l’accusé a consciemment décidé de mener la police en bateau.

Entre autres, les juges Domah et Beesoondoyal donnent raison aux arguments du DPP à l’effet que la magistrate n’aurait pas dû rejeter le constat du Dr Boolell en privilégiant celui du Dr Amah Charrya Gujjalu, ancien médecin légiste recruté par la défense, qui n’a fait que commenter le rapport de son ex-collègue. Parmi les manquements notés dans le jugement de Véronique Kwok Yin Siong Yen, les juges soulignent que le Dr Boolell a parfaitement raison de dire que Marie-Linley Savriacooty a, elle-même, introduit la tige de canne dans ses parties intimes.

Ils notent qu’aucune blessure interne n’a été relevée alors que si trois hommes avaient réellement commis un tel acte, la présumée victime aurait été blessée. Ils font également ressortir que le Dr Gujjalu a fait un exposé sur la « monstruosité » de la tige alors, qu’en fait, elle n’est épaisse que d’un centimètre.

Les juges déplorent également que la magistrate ait rejeté le témoignage d’un autre témoin-clé de l’affaire, le camionneur Anil Goreeba. Il avait dit avoir vu Marie-Linley Savriacooty marcher le long d’un sentier menant au champ de cannes quelques minutes avant qu’elle n’ait été découverte par la police. La magistrate avait mis de côté le témoignage de cette connaissance de l’accusée parce qu’il a dit l’avoir aperçue à 17h15 alors que la police déclare avoir trouvé la mère de famille à 17h10. Pour les juges, cette différence de cinq minutes est très compréhensible, le témoin et la police n’ayant pas synchronisé leurs montres.

De l’autre, un élément de simple logique : les juges notent que les savates de Marie-Linley Savriacooty étaient couvertes de boue, ce qui démontre qu’elle a marché dans ce champ de cannes et qu’elle n’y a pas été emmenée par trois hommes comme elle a voulu le faire croire. Le cutter était également en sa possession. 

Autre point : Bushan Domah et Devianee Beesoondoyal déplorent que Véronique Kwok Yin Siong Yen ait rayé le procès contre l’accusée en invoquant l’article 297 du Code pénal quant à un acte fictif rapporté à la police. Elle expliquait que l’accusée n’avait pas rapporté ce viol de « manière spontanée à la police » alors que la poursuite l’avait inculpée sous l’article 298 où l’élément de spontanéité n’y figure pas.

Les juges invitent ainsi la magistrate à condamner Marie-Linley Savriacooty et à décider de la sentence qui doit lui être infligée. Il faut rappeler que ce « viol » avait été inventé par l’accusée le 29 juin 2006 pour ne pas se rendre à la CID de Rose-Belle où ses deux fils et elle-même devaient être entendus pour une attaque au cocktail Molotov contre la maison de Dev Manna.