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Une école pour trisomiques à l’agonie à cause des nouveaux règlements de la CSR

20 juillet 2011, 00:00

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Une école pour trisomiques à l’agonie à cause des nouveaux règlements de la CSR

Les nouveaux règlements régissant la Corporate Social Responsibility entraînent des dégâts collatéraux. Un exemple parmi d’autres : l’institution pour trisomiques le Colibri qui a besoin de Rs 3 millions par an mais n’en reçoit que Rs 2 millions de l’Etat.

Fondé il y a 50 ans, le Colibri est au bord de l’asphyxie. La direction invite depuis peu les parents des enfants fréquentant l’établissement à mettre la main à la poche.

En cause : les nouveaux règlements régissant la Corporate Social Responsability des grosses entreprises du pays. Créé après le vote d’un texte de loi à l’Assemblée nationale et financé en partie par le ministère de la Sécurité sociale, le Colibri, établissement de Stanley, géré par la Mauritius Mental Health Association (MMHA), est au plus mal.

La direction a envoyé une note aux parents des 130 trisomiques fréquentant l’école durant la semaine écoulée pour leur exposer la situation catastrophique de ses finances.

Cette lettre leur indique que s’occuper de chaque enfant coûte Rs 3 500 par mois. Elle en appelle à leur compréhension et leur demande s’ils pouvaient consentir à une contribution minimale de Rs 2 000 mensuellement.

« L’école a été créée pour venir en aide aux plus pauvres de la société. Il s’avère qu’on a besoin de Rs 3 millions par an mais on ne reçoit qu’une aide de Rs 2 millions de la part de l’Etat. Les parents font ce qu’ils peuvent, disent qu’ils peuvent contribuer entre Rs 50 et Rs 100 mensuellement, ce qui nous amène à une somme de Rs 2 000 », lâche la directrice, Paula Atchia.

Avec un atelier, un Day Care Centre et 37 salariés, le Colibri est à deux doigts de la faillite, ses dettes avoisinant les Rs 5 millions. « On a frappé à toutes les portes mais les entreprises nous expliquent que d’après la loi, nous avons l’obligation de nous tourner vers le CSR Commitee. Le comité, lui, nous explique qu’on doit soumettre un projet pour obtenir de l’aide », s’indigne-t-elle.

« Déjà qu’on est en train de faire le travail du gouvernement, on ne peut pas nous demander de faire mieux », glisse Paul Atchia qui occupe le poste de directrice depuis trois ans à titre bénévole.

« Ce n’est pas la charité qu’on demande…. Ces enfants ont droit à cet argent… » soupire-t-elle. Sa prise de position inquiète les parents qui se posent des questions quant à l’avenir de l’institution.

Vendeur de légumes au Marché Central, à Port-Louis, Hassen Duymun, 71 ans, y envoie son fils de 29 ans depuis qu’il a 5 ans. Il doit déjà payer un taxi pour que son enfant puisse rallier la gare du Nord chaque matin afin qu’il ne rate pas son minibus. Il voit mal comment il pourra contribuer Rs 2 000 par mois.

Le Colibri n’est pas le seul dans cette situation. Le Collectif ONG met à l’index les dispositions de la loi qui prévoit que sur les 2 % des profits que les firmes privées doivent verser au CSR Committee, 1 % doit être dévolu à l’éradication de la pauvreté, au développement de l’enfant et au logement social.

Dans les faits, c’est la confusion la plus complète qui règne et la NA a fait part de ses soucis financiers lors de l’Espace rencontre CSR le lundi 18 juillet à Mer-Rouge.