Publicité

Tunisie : L’ex-président Ben Ali et sa femme condamnés à 35 ans de prison

21 juin 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Tunisie : L’ex-président Ben Ali et sa femme condamnés à 35 ans de prison

TUNIS (Reuters) - Zine ben Ali et sa femme, jugés par contumace à Tunis, ont été condamnés chacun à 35 ans de prison et à une amende de 91 million de dinars (46 millions d''''euros) pour vol et possession illégale de devises étrangères et de bijoux, quelques heures après l''ouverture de leur procès.

L''ancien président et son épouse Leila Trabelsi, réfugiés en Arabie saoudite, sont également poursuivis pour possession illégale de drogues, d''armes et d''objets archéologiques. Pour ces trois chefs, le verdict sera rendu le 30 juin, a précisé le juge.

Ben Ali, âgé de 74 ans, rejette les accusations portées contre lui. Le juge Touhami Hafian a expliqué lors de cette première audience comment les enquêteurs avaient découvert dans la résidence privée de Ben Ali et le palais présidentiel 1,8 kg de drogues et 43 millions de dinars (22 millions d''euros) en liquide.

Le procureur a demandé "les peines les plus sévères pour ceux qui ont trahi la confiance et volé l''argent du peuple pour leur gain personnel".

"Ils n''ont pas arrêté de voler durant 23 ans
", a-t-il affirmé.

Second procès
Plusieurs centaines de manifestants, dont certains réclamaient la peine de mort, se sont rassemblés devant le palais de justice pour demander que l''ancien président soit ramené dans son pays. Les autorités saoudiennes n''ont pas donné suite à la demande d''extradition de Tunis.
"Pourquoi ont-ils commencé avec le procès pour les drogues, les armes et l''argent volé ?", a demandé une femme. "Pourquoi n''ont-ils pas commencé par le procès pour le meurtre de centaines de personnes ?"

Outre le procès en cours, Ben Ali doit être jugé par un tribunal militaire pour atteinte à la sûreté de l''Etat et homicides volontaires. Plusieurs centaines de manifestants ont été tués par les forces de l''ordre durant les trois semaines de contestation.

Dans un communiqué publié lundi, ses avocats contestent la responsabilité de Ben Ali dans ces événements.

"Il n''a pas donné l''ordre de tirer sur les manifestants et cela peut être prouvé par les contacts entre la présidence, le ministère de l''Intérieur et les différents ministères, qui sont enregistrés", écrivent-ils.

Ben Ali affirme par ailleurs par la voix de ses conseils que les armes sont des cadeaux de chefs d''Etat et que les bijoux ont été offerts à sa femme par des dirigeants étrangers.

Quant à l''argent et aux drogues, ils ont été cachés dans sa maison et le palais présidentiel après son départ du pouvoir dans le cadre d''une machination, ajoute-t-il.

Projet d''assassinat ?
Ses avocats expliquent par ailleurs qu''il a accepté, le 14 janvier, d''emmener sa famille en Arabie saoudite pour la protéger mais assurent qu''il avait l''intention de revenir immédiatement.

Ce jour-là, comme les précédents, des milliers de manifestants s''étaient rassemblés à Tunis pour réclamer sa démission après 23 ans d''un règne autoritaire.

Le responsable de la sécurité présidentielle est venu le voir, racontent les avocats de l''ancien président, pour l''informer d''un projet d''assassinat que lui avait confié une source au sein des services de renseignement.

Il a été convaincu d''embarquer pour Djeddah, en Arabie saoudite, avec sa femme et ses enfants.

"Il a pris place à bord de l''avion avec sa famille après avoir donné ordre à l''équipage de l''attendre à Djeddah. Mais après son arrivée à Djeddah, l''avion est rentré à Tunis sans l''attendre, contrairement à ses instructions", peut-on lire dans le communiqué.

"Il n''a pas abandonné son poste de président de la République et n''a pas fui la Tunisie, comme il en a été accusé à tort."

Ben Ali a estimé que son procès constituait une tentative de la part des nouveaux dirigeants de détourner l''attention et de masquer leur incapacité à rétablir la stabilité en Tunisie.

Depuis sa chute, grèves et émeutes se produisent régulièrement malgré les efforts déployés par le gouvernement de transition pour rétablir l''ordre.

La révolution tunisienne a été le déclencheur du "printemps arabe". Le président égyptien Hosni Moubarak, renversé le 11 février, doit être jugé le 3 août.

Par Tarek Amara (Reuters)