Publicité

Troisième jour de violences à Athènes et Salonique

9 décembre 2008, 01:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Pour la troisième journée consécutive, des affrontements ont opposé lundi à Salonique et à Athènes forces de l''''ordre et manifestants protestant contre la mort d''un adolescent tué samedi par la police grecque. Les policiers ont pourchassé quelque 300 protestataires à Salonique en leur lançant des gaz lacrymogènes et procédé à deux arrestations. Des troubles ont également eu lieu en Crète, à Corfou et ailleurs et d''autres manifestations étaient attendues dans la soirée à Athènes, où 13 postes de police ont été endommagés.

Le Parti communiste a appelé à un grand rassemblement lundi soir dans le centre de la capitale, malgré l''arrestation de deux policiers dans l''enquête sur la mort de l''adolescent.  Le gouvernement de centre droit a lancé un avertissement. "Nous ne tolérerons pas que cet incident tragique soit le prétexte à des événements inacceptables et dangereux", a prévenu le Premier ministre, Costas Caramanlis, dans une déclaration télévisée.

Le Parti socialiste (Pasok) a souhaité une dénonciation massive et pacifique de la politique de Costas Caramanlis, déjà ébranlé par des scandales et qui risque, soulignent des analystes politiques, d''être encore plus fragilisé si les violences devaient durer. Son parti est devancé par les socialistes dans les sondages et ne dispose que d''une faible majorité au parlement.

Depuis le début des émeutes, une quarantaine de personnes ont été blessées, surtout à Athènes et Salonique, et au moins 35 autres ont été arrêtées.

"Athènes et Salonique en état de siège", écrit lundi à la Une le quotidien Eleftheros Typos, tandis qu''Apogevmatini évoque "48 heures d''horreur" à propos de ces incidents décrits comme les plus graves en Grèce depuis des décennies.

Les émeutes surviennent dans un contexte difficile pour le gouvernement, en proie à une vague de mouvements sociaux.

Les professeurs d''université, qui comptent s''associer à une grève générale de 24 heures mercredi pour protester contre les privatisations, la réforme des retraites et la baisse du pouvoir d''achat, ont annoncé qu''ils cessaient le travail pendant trois jours à partir de lundi.

La Grèce sera coupée du reste du monde mercredi au niveau des liaisons aériennes en raison de la décision des contrôleurs aériens de participer au mouvement de grève générale et de n''autoriser que les vols "à caractère d''urgence".

Dans la capitale, des milliers de jeunes manifestants ont affronté les forces de l''ordre aux cris d''"Assassins en uniforme" pendant tout le week-end, incendiant des voitures, des boutiques, ignorant les appels au calme lancés par le pouvoir. Lundi, des manifestants ont jeté des pierres et des bouteilles contre 13 postes de police, tandis que les étudiants occupaient les bâtiments de l''université, selon la police.

Des dizaines de magasins et une dizaine de banques ont été détruits dans les quartiers commerçants et le maire d''Athènes a repoussé le lancement des festivités de Noël.

A Salonique, deuxième ville du pays, dans le Nord, un millier de manifestants ont affronté la police. Des heurts se sont aussi produits à Patras, à La Canée sur l''île de Crète ainsi que sur celle de Corfou. A Berlin, des manifestants ont pénétré dans le consulat de Grèce.

Les violences ont été déclenchées par la mort d''un adolescent de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos, pendant une fusillade samedi soir dans le quartier d''Exarchia, bastion traditionnel de la gauche autonome à Athènes.

Son décès a eu l''effet d''un catalyseur pour la jeunesse ancrée à gauche, qui s''indigne de l''accroissement du fossé entre riches et pauvres ces dernières années. Les heurts sont fréquents lors des rassemblements étudiants, tout comme les attaques au cocktail Molotov de la part de groupes anarchistes.

Deux policiers ont été mis en examen, l''un pour meurtre avec préméditation et l''autre pour complicité.

 Dans un communiqué, la police déclare qu''un policier a tiré à trois reprises quand son véhicule de patrouille a été attaqué par une trentaine de jeunes. Ce policier aurait évoqué des tirs de sommation, ce que contredisent des témoins qui assurent que l''homme a visé la victime. (Version française Jean-Stéphane Brosse, Pascal Liétout et Grégory Blachier)

REUTERS