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Travailleurs étrangers à Maurice : fuir la misère dans l’espoir d’un meilleur avenir

16 janvier 2011, 00:00

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Travailleurs étrangers à Maurice : fuir la misère dans l’espoir d’un meilleur avenir

Ils sont près de 40 000 travailleurs étrangers à contribuer au développement du pays. La majeure partie d’entre eux oeuvrent dans le secteur manufacturier ou de la construction.

Ces dernières années, les travailleurs étrangers se sont plaints des conditions de travail ou de logement. Certains indiquent même avoir été victimes de maltraitance. En février 2010, trois travailleurs bangladeshis allèguaient avoir été séquestrés par leur patron, dans leur dortoir, à Coromandel. En juin dernier, 26 ouvriers étrangers de l’usine textile de Star Knitwear de Rivière-du-Rempart, ont été déportés, alors que les négociations pour délocaliser l’usine avaient été enclenchées. Sans oublier la présence d’une équipe de bouncers mandés sur les lieux pour les intimider.

Selon les syndicats, certaines clauses des contrats des travailleurs étrangers présentent des lacunes. Si certains critiquent fortement les horaires de travail, d’autres s’élèvent contre leurs salaires. Ces ouvriers, venant particulièrement du Bangladesh, de la Chine, de l’Inde et du Sri Lanka, vont jusqu’à même travailler le week-end, dans des boulangeries, dans la construction, entre autre, pour arrondir leurs fins du mois. Bien qu’ils puissent bénéficier des mêmes opportunités que les travailleurs mauriciens, ils estiment leurs droits sont très souvent bafoués. Mais par peur d’être déportés, ils se taisent.

Pour Faizal Ali Beegun, syndicaliste, la raison en est que le contrat de ces travailleurs étrangers, au fil des années, n’a jamais été respecté. «Maurice est un paradis pour les touristes, mais un enfer pour les travailleurs. Malheureusement, seul l’employeur, lui-même, a le droit de choisir les clauses des contrats de ses ouvriers. Le salaire, par exemple, représente un très gros problème pour les travailleurs étrangers», confie Faizal Ali Beegun.

A noter qu’un ouvrier bangladais peut dépenser entre Rs 150 000 et Rs 200 000, en vue de venir travailler à Maurice, un travailleur indien près de Rs 125 000 et un Srilankais, Rs 100 000. «Ils dépensent une très grosse somme d’argent, pour venir à Maurice et voilà comment on les traite», avance le syndicaliste, précisant que leur pauvreté ne leur laisse pas beaucoup de choix.

Faizal Ali Beegun s’élève aussi contre les conditions de logement des travailleurs, opérant dans le secteur de la construction. En effet, le syndicaliste affirme qu’ils n’ont nul autre logement que le conteneur qui se trouve à quelques mètres du chantier de construction. «Il est inacceptable que l’on traite des gens ainsi. Ils sont environ une vingtaine dans ce conteneur, avec seulement un ventilateur et quelques lits pour dormir », soutient le syndicaliste.

Dans une déclaration à l’express.mu, le consul du Bangladesh à Maurice, Yusuf Mohamed, indique qu’il s’agit d’un «problème complexe qu’on ne peut aborder sans un examen profond».

Pour ce qu’il est du triste événement qui a choqué le pays le mercredi 12 janvier dernier, faisant onze morts, dont dix ouvriers bangladais, Faizal Ali Beegun estime qu’une enquête devrait être initiée, pour faire la lumière sur les moyens utilisés par certaines compagnies pour transporter les travailleurs.

Le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, pour sa part, avait déclaré à lexpress.mu que les 14 ouvriers bangladais qui se trouvaient dans le minibus n’étaient pas couverts par une police d’assurance, étant donné qu’ils ont été embauchés depuis le 30 décembre et qu’ils venaient de passer leurs examens médicaux. Pourtant, explique un officier du ministère du Travail, la loi stipule que chaque employé doit acquérir une couverture d’assurance, dès qu’il est embauché.