Publicité

Sylvio Tang: «Le problème de surendettement est une question d’éducation»

31 décembre 2009, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Sylvio Tang: «Le problème de surendettement est une question d’éducation»

Le ministre pour la Protection des Consommateurs annonce que son ministère se lancera, en 2010, dans le combat contre le surendettement et la prolifération des jeux de hasard.

Comment appréhendez-vous le problème du surendettement?

Je suis heureux que vous m’ayez posé cette question puisque ce sera l’une de nos priorités l’année prochaine. Notre thème pour la journée des consommateurs, le 15 mars, sera «Our money, our right». Il s’agira de mettre en place des mesures légales pour protéger les consommateurs contre les facilités de crédits et contre des facilités pour obtenir des cartes de crédits. Cependant, le projet le plus important pour mon ministère sera la mise sur pied d’un «Financial Education» en direction de la population en général.

Est-ce une prise de conscience du gouvernement?

Nous sommes conscients de la situation. Notre rôle, c’est de protéger les consommateurs. C’est trop facile aujourd’hui d’obtenir une carte de crédit. Cette situation aggrave le problème de l’endettement. Nous irons également vers les banques. Nous leur demanderons de bien étudier le profil des clients avant de livrer une carte de crédit. Nous pensons légiférer également dans ce domaine. La majorité de la population ne connaît pas ses droits et signe des papiers sans savoir exactement ce qu’il en ressort. Par exemple, une personne, qui emprunte de l’argent à une banque et s’engage à rembourser sur 5 ans, perdra tout ce qu’elle aura remboursé si au bout de la 3ème année elle rencontre des difficultés à compléter sa dette. Nous voulons que les consommateurs connaissent leurs droits et savent ce qu’ils sont en train de faire en signant des contrats. Ces contrats vont sur 10 à 15 feuilles de papier à signer.

Parlez-nous de cette journée du 15 mars…

Nous espérons venir de l’avant avec la «Credit Card Act», une loi pour réduire l’accès facile aux cartes de crédit. Nous envisageons également d’organiser des ateliers de travail à travers tout le pays dans le but d’éduquer la population sur une gestion plus responsable de l’argent. Il faut que le consommateur ait une notion de ce qu’est l’intérêt et comment investir intelligemment.

Qu’en est-il de la prolifération des jeux de hasard?

Je suis conscient que le «gambling» devient un problème sérieux. Le gouvernement veut limiter le développement de ce phénomène à Maurice. Nous ne voulons pas que les Mauriciens deviennent une population de «zougadères». Un développement sauvage de ces jeux mènera inexorablement vers une situation incontrôlable. Nous ne voulons pas que cela arrive.

Quelles sont les mesures que vous comptez prendre à ce chapitre?

Je fais un appel à la population. Il ne faut pas qu’elle se laisse tenter par l’argent facile. Si les gens ont de l’argent en plus, ils peuvent jouer. Ceux qui n’en ont pas, il ne faut pas qu’ils prennent en emprunt pour jouer. C’est une logique implacable. J’ai des enfants moi-même et je vous parle en temps que père de famille, je ne voudrais pas que mes enfants tombent dans ce piège. L’éducation est la meilleure arme contre ce danger. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Savoir gérer son argent est important, il n’y a pas à chercher de bouc émissaire.

Comment allez-vous vous y prendre?

Le gouvernement mise beaucoup sur l’éducation des gens. C’est dans le dialogue que nous arriverons à agir. Nous devons contrôler les paris et être plus stricts sur l’application de la loi. La situation ne doit pas devenir incontrôlable pour un pays phare sur le continent africain, comme le nôtre.

Qu’avez-vous à dire à ceux qui demandent l’interdiction des publicités ayant trait aux jeux de hasard et aux paris?

Le gouvernement travaille déjà sur ce dossier. Il existe déjà des restrictions et des avertissements sur les publicités de jeux. Mais cela ne suffit pas, il faut des efforts de la part du gouvernement, des partenaires et des consommateurs. C’est une question d’éducation chacun doit prendre ses responsabilités.