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Sonder les abîmes de l?épave de Pointe-aux-Feuilles

22 juin 2005, 00:00

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Aucune certitude n?existe pour l?heure quant à l?identité de l?épave qui gît au large de Pointe-aux-Feuilles. Cependant, concèdent les archéologues, certaines indications laissent croire qu?il pourrait bien s?agir de la goélette française, Le Coureur, soupçonnée d?avoir été impliquée dans le trafic illégal d?esclaves. La première phase de la campagne archéologique, qui s?est achevée récemment, laisse maintenant place à l?étude minutieuse des objets remontés à la surface.

Certains de ces objets ont été présentés lors d?une rencontre avec la presse à laquelle participaient les archéologues, le président du Mauritius Museums Council, Cader Kalla et l?ambassadrice d?Egypte à Maurice, Magda Hosni Nasr Ahmed. L?occasion aussi de permettre à tous ceux qui ont participé au projet de mesurer l?avancement des travaux.

L?épave a été découverte le 10 octobre dernier par Armyo Vundapa Naiken, plongeur à la Ferme marine de Mahébourg, lors d?une plongée de routine. Il en avertit aussitôt Yann von Arnim, du Mauritius Museums Council et de la Mauritius Marine Conservation Society. Une première plongée est organisée pour tenter d?identifier la structure en bois qui gît dans le lagon.

Le gouvernement égyptien, à travers du fonds égyptien de coopération technique avec l?Afrique, a dépêché à Maurice l?un de ses archéologues, Ibrahim Ahmed Metwalli, pour mener à bien l?expédition. L?étude des documents historiques, la localisation de l?épave ainsi que les premières observations effectuées par les plongeurs les confortent dans l?idée qu?il pourrait bien s?agir du ?Le Coureur?. Ce navire a été construit à Port-Louis en 1804.

La prochaine étape, expliquent les archéologues, consiste à nettoyer et à étudier tous les objets remontés à la surface depuis le début de la campagne archéologique. ?Cette partie pourrait prendre beaucoup de temps et impliquer de nombreux partenaires tels que des géologues, des scientifiques et des historiens?, fait ressortir Yann von Arnim. L?étude des ballasts ? composés de basalte, de marbre, de quartz, de minerai de fer et de granite ? permettront aux archéologues et historiens de retracer l?itinéraire complet du navire.

Eviter toute degradation

?Le parcours du navire est écrit dans les ballasts?, déclare pour sa part le président du Mauritius Museums Council. Parmi les nombreux autres objets remontés à la surface : des chevilles en cuivre, des plaques de plomb, des balles en plomb pour mousquet, des fragments de bouteilles en céramique, une assiette en étain, des poulies et des maillons qui pourraient avoir été utilisés pour enchaîner les esclaves.

En attendant les résultats des examens, l?épave a été entièrement recouverte par trois couches protectrices ? une matière géotextile, des sacs de sable et des single skin remplis de sac de sable ? afin d?éviter toute dégradation du site. ?Cette méthode nous permettra également de débuter immédiatement les travaux sans perdre de temps lors d?une prochaine campagne?, font ressortir les archéologues.

Toutefois, prévient Ibrahim Ahmed Metwalli, les travaux pourraient durer plusieurs années avant de pouvoir espérer établir la véritable identité de l?épave de Pointe-aux-Feuilles. ?Même dans ce cas, rien n?est sûr. Je travaille depuis 13 ans avec une cinquantaine d?autres archéologues sur le site supposé du phare d?Alexandrie. Et malgré cela, nous ne sommes encore sûrs de rien aujourd?hui?, déclare l?archéologue égyptien. Il a tenu à remercier les différents partenaires qui ont rendu les travaux archéologiques possibles.