Publicité

Somalie : l’attentat à Mogadiscio fait soixante-dix morts et 150 blessés

5 octobre 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Somalie : l’attentat à Mogadiscio fait soixante-dix morts et 150 blessés

Un attentat au camion piégé revendiqué par les rebelles islamistes a fait plus de 70 morts et 150 blessés mardi en plein coeur de Mogadiscio, la capitale de la Somalie.

Cet attentat est le plus meurtrier commis par les Chabaab depuis le début de leur insurrection en 2007.
Le président somalien, cheikh Sharif Ahmed, a condamné un "acte de violence cruel et inhumain". Quant au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, il s''''est dit atterré par cet attentat.

Des témoins ont rapporté qu''un camion piégé avait explosé à l''entrée du quartier K4 (Kilomètre 4) de Mogadiscio abritant quatre ministères, où des étudiants s''apprêtaient à passer des examens.

Le coordonnateur des services ambulanciers, Ali Muse, a dit à Reuters que 70 personnes avaient trouvé la mort, des soldats, des étudiants et des civils. D''après lui, le camion piégé semblait rempli d''essence et d''explosifs.

"Les Chabaab ont commis cette attaque. Nous visions les ministères", a dit l''un de leurs porte-parole. Demandant aux Somaliens de s''éloigner des bâtiments gouvernementaux et des bases militaires, le porte-parole des Chabaab, cheikh Ali Mohamud Rage, a averti que d''autres attentats suivraient.

"D''autres puissantes explosions sont à attendre", a-t-il dit.

Un journaliste de Reuters dit avoir vu neuf cadavres sur les lieux de l''attentat, dans un secteur de la capitale contrôlé par les forces gouvernementales et les soldats de la force de maintien de la paix de l''Union africaine (Amisom).

Paddy Ankunda, porte-parole de l''Amisom, a déclaré que des soldats gouvernementaux et des étudiants figuraient parmi les victimes.

De nombreux blessés couverts de brûlures se dirigeaient vers un hôpital voisin et la police tentait de venir en aide à des étudiants coincés dans les décombres des immeubles endommagés. L''explosion a éparpillé des débris sur des centaines de mètres.

Des centaines de parents, auxquels l''accès de l''hôpital Madina était refusé pour des raisons de sécurité, attendaient en pleurs aux abords de l''établissement, où les infirmières disaient être débordées par la situation.

Un autre journaliste de Reuters a vu un véhicule officiel quitter les lieux avec deux corps recouverts à l''arrière et cinq autres personnes aux visages ensanglantés. Les policiers tiraient en l''air pour disperser la foule.

L''ONU CRAIGNAIT DES ATTENTATS

La France a condamné un "horrible attentat" et a réaffirmé sa "solidarité à la population somalienne et son soutien aux autorités du gouvernement fédéral de transition dans leur lutte contre le terrorisme".

L''émissaire spécial de l''Onu en Somalie, Augustine Mahiga, s''est déclaré profondément attristé par un attentat "absurde, lâche".

Les Chabaab, rebelles islamistes liés à Al Qaïda, ont retiré en août la plupart de leurs combattants de Mogadiscio. Ce retrait a permis aux forces gouvernementales et à l''Amisom de prendre le contrôle de la majeure partie de la ville.

"Nous sommes toujours dans Mogadiscio. Sinon, comment aurions-nous pu commettre un tel attentat au coeur de la ville ?" a déclaré un porte-parole des insurgés.

Les observateurs ont pour leur part mis en garde contre une évolution de la tactique des Chabaab, susceptibles, à leurs yeux, de reprendre le mode opératoire d''Al Qaïda.

"Depuis le départ des Chabaab de Mogadiscio, notre inquiétude n''a cessé de grandir quant à une évolution vers (...) des actions de type terroriste", a dit un représentant de l''Onu.

"Nous mettons en garde depuis longtemps sur le fait que la situation demeure fragile, que les services de sécurité ne sont pas en mesure de parer à des attentats. L''Amisom ne peut faire davantage et elle a un besoin urgent de ressources supplémentaires", a ajouté ce responsable onusien.

Les Chabaab ont commis des attentats spectaculaires par le passé. Un kamikaze a tué trois ministres en décembre 2009 à Mogadiscio et un autre membre du gouvernement a succombé à ses blessures deux mois plus tard. Le ministre de l''Intérieur a été tué en juin 2010 dans un attentat suicide commis par une femme.

Les Chabaab combattent le gouvernement de transition soutenu par l''Onu pour imposer une application stricte de la charia, la loi islamique.

Les islamistes contrôlent une grande partie du centre et du sud de ce pays de la Corne de l''Afrique, actuellement frappé par la famine.

Le gouvernement kényan a aussi imputé aux Chabaab l''enlèvement de deux touristes occidentales, dont une Française, ces dernières semaines au Kenya.

Le fragile gouvernement somalien s''emploie pour sa part à respecter une feuille de route censée aboutir à l''élection d''un nouveau parlement et d''un président avant le 20 août 2012.

"Cet attentat montre que le danger que constituent les terroristes n''a pas disparu et qu''il demeure à l''évidence des gens déterminés à saper les progrès vers la paix accomplis par le peuple somalien", a réagi le gouvernement dans un communiqué.
 

(Source: Reuters)