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Silvio Berlusconi sur le point de perdre sa dernière bataille

2 octobre 2013, 06:24

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Silvio Berlusconi sur le point de perdre sa dernière bataille

 

La bourse de Milan a déjà choisi son vainqueur dans le bras de fer entre le premier ministre de gauche, Enrico Letta, 47 ans, et son prédécesseur, Silvio Berlusconi, 77 ans. En clôturant en hausse de 3 %, mardi 1er octobre, elle a clairement anticipé la victoire du premier et la stabilité du gouvernement au terme du vote de confiance qui devait se dérouler mercredi à partir de 9 h 30 au Sénat et à la chambre des députés.
 
En revanche, pour le Cavaliere, les dégâts pourraient être considérables. Condamné définitivement le 1er août pour fraude fiscale à quatre ans de prison, il avait imaginé mettre la pression sur le gouvernement en forçant cinq ministres de son parti, le Peuple de la liberté (PDL, droite) à démissionner samedi en prétextant d'une hausse de la TVA.
 
Son calcul : brandir la menace d'une crise politique majeure – et de ses conséquence majeures pour la troisième puissance économique de la zone euro – pour forcer les institutions à lui trouver une porte de sortie pour échapper à la déchéance de son mandat de sénateur. Ou, s'il le faut, provoquer de nouvelles élections. Il est tombé "sur un os".
 
M. Letta n'a pas seulement montré ses muscles, en répliquant que M. Berlusconi "humiliait l'Italie" par son attitude "irresponsable", mais également ses nerfs. Refusant le chantage, il proposait dimanche, après s'être concerté avec le président de la République Giorgio Napolitano une "clarification" devant le Parlement, et annonçait un vote de confiance dont l'enjeu – la vie et la mort du gouvernement – était autrement plus important que le départ de cinq ministres. Le jour et l'heure sont fixés : mercredi matin au Sénat, l'après-midi à la Chambre des députés. Soixante-douze heures, c'est assez pour réfléchir.
 
LES PARLEMENTAIRES DU PDL EN ORDRE DISPERSÉ
 
Trois jours ont suffi pour que la droite se déchire. Loyaux, en façade, avec leur chef, ils ont clairement fait comprendre qu'ils n'entendaient pas précipiter la chute du gouvernement. Angelino Alfano, 42 ans, est le plus emblématique d'entre eux. Présenté comme le dauphin de M. Berlusconi, il cumule les fonctions de ministre de l'intérieur et de vice-président du conseil avec celle de secrétaire général du PDL.
 
Garde des sceaux entre 2008 et 2011, il a cherché par tous les moyens à construire un bouclier judiciaire pour son leader. Mais cette fois il ne marche plus : "Je reste fermement convaincu que tout notre parti doit voter demain la confiance à Letta".
 
A sa suite, tous les démissionnaires ont entonné le même refrain. Mercredi, alors que M. Berlusconi de son côté répétait que tout le parti "était derrière lui", chez les députés, c'est la débandade. Sentant le vent tourner, une trentaine de sénateurs seraient sur le point de tourner casaque. Or, c'est au Sénat que la bataille se joue. Sans le PDL, il manque 18 voix à M. Letta pour avoir la majorité. Les dissidents seraient prêts à constituer un nouveau groupe parlementaire. Un nom ? Nuova Italia ("Nouvelle Italie") pour répondre à Forza Italia ("Allez l'Italie") que M. Berlusconi vient à peine de faire renaître de ses cendres.
 
De son côté, toute la journée de mercredi, le Cavalière tente de reprendre la main. Il hausse le ton. Dans une lettre à l'hebdomadaire Tempi, il s'en prend vivement au chef de l'Etat et au président du Conseil. "Enrico Letta et Giorgio Napolitano auraient dû se rendre compte qu'en ne défendant pas les droits politiques du chef du centre droit ils détruisaient un élément essentiel de leur crédibilité ", écrit-il. " Comment faire confiance à des gens qui (...) laissent le principal partenaire du gouvernement être assassiné politiquement par des moyens judiciaires ?"
 
Mais, dans les coulisses, ses fidèles cherchent à lui éviter une déconfiture. Renato Brunetta, ancien ministre du travail, tente de convaincre le chef du gouvernement de renoncer au vote de confiance. Daniela Santaché, critiquée dans le parti pour ses positions extrêmes, se propose "d'offrir sa tête" pour ressouder le PDL. M. Letta ne recule pas, et sentant la victoire à portée de main, refuse la démission des ministres annoncée samedi.