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Roselyne Yong Shee : Obstinément sociale

26 février 2009, 11:48

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Elue présidente du conseil de district de Rivière-Noire jeudi dernier, Roselyne Yong Shee s’est immédiatement mise au travail, établissant comme priorité l’aspect social des affaires régionales. Résolue à faire au mieux durant son mandat, elle reconnaît l’urgence à laquelle elle est confrontée, terminant, en fait, le mandat de l’ancien président révoqué, François Auguste.

A peine a-t-elle pris ses fonctions qu’elle enchaîne les réunions. C’est que le mandat de Roselyne Yong Shee à la présidence du conseil de district de Rivière-Noire ne devrait durer que quatre mois et demi. Les mains encombrées de feuilles, les lunettes accrochées à son chemisier, cette habitante de Richelieu insiste d’emblée sur ses priorités. Celles-ci découlent directement de son parcours, de femme, de mère, d’administrée, de travailleuse sociale et d’élue locale.

Le social et le local. Voilà les maîtres-mots de cette dynamique femme de 52 ans. S’exprimant d’une voix douce, c’est sa gestuelle qui traduit davantage sa détermination.

« Je suis contente d’avoir été portée à la présidence du conseil de district. Mais les honneurs ne m’intéressent pas. Je ne compte pas rester plantée dans mon fauteuil. Pour bien faire, il faut être sur le terrain, au cœur des enjeux de notre région ». A chaque phrase, Roselyne Yong Shee met le «nous» en avant.

 C’est que très tôt, « avant même mon mariage il y a 25 ans », elle s’intéressait déjà à la politique locale et au travail social.

Ancienne du ministère de la Femme, et ex-community Support Officer du Sugar Industry Welfare Fund, la présidente du district de Rivière-Noire a une fibre sociale si prononcée qu’elle prend parfois le pas sur sa vie privée. Et cette fibre, elle l’exprime en premier lieu à l’échelle locale. « Dès le début, j’ai voulu m’investir dans la politique directe, c’est-à-dire m’investir dans l’endroit où j’habitais, Richelieu ». Premiers pas donc au Village Council de ce petit village à quelques encablures de Petite-Rivière il y a 25 ans.

En racontant son parcours, elle jette des images de Rivière-Noire, bien loin de ce que le district est aujourd’hui. « Les équipements publics étaient presque inexistants, les routes n’étaient pas asphaltées. Il y avait tant à faire et aujourd’hui on peut voir les résultats». Mais loin de s’enorgueillir des accomplissements, Roselyne Yong Shee indique encore les chantiers qui restent en suspens, tout en rappelant, dans le même souffle, que des inégalités subsistent. «Imaginez que, cinq ans de cela, certains habitants de villages n’avaient pas de routes asphaltées. Alors, de l’arrêt de bus à chez eux, ils étaient obligés de patauger dans la boue!», s’indigne-t-elle. Heureusement, les travaux nécessaires ont été effectués.
 
La question des infrastructures est une des priorités des pouvoirs locaux. Roselyne Yong Shee le reconnaît. Toutefois, les  routes, ou éclairage public, ont leur importance. C’est que la présidente fraîchement élue met en parallèle… le social. Encore et toujours. Obstinément.

«Il nous faut travailler pour tout le monde. La politique partisane n’a pas sa place dans les enjeux locaux. Notre groupement est un mélange de personnes de différents bords mais qui sont unies par une même motivation, celle d’oeuvrer pour tous les habitants de la région. L’une de nos priorités est de réussir à parvenir à un meilleur partage du gâteau national car on voit bien les inégalités qu’il y a dans la région». Le travail social de Roselyne Yong Shee se traduit sur le terrain. Pour elle, la mobilisation des ressources est essentielle et en cela, le renforcement des capacités des village councils un impératif.

Membre du Groupement social pour le progrès du village, dirigé par son «professeur» Francis Victor, ancien président du conseil de district, cette mère de deux filles souhaite faire un maximum pour les jeunes, et surtout pour les femmes. Certaine que rien ne peut arrêter une femme dans une mission, quelle qu’elle soit, elle veut motiver les jeunes générations à s’investir davantage dans les enjeux locaux. «Casser la routine» des jeux de pouvoir traditionnels en somme.

En «resserrant le tissu social et professionnel en faveur des femmes», il serait possible de développer encore davantage ce grand district principalement rural, sous-équipé à certains endroits et marqué par des inégalités criantes.

Pouvant compter sur le soutien de son «mari compréhensif », elle jouit d’une totale latitude pour agir au mieux pendant ce cours mandat qui commence. Le pari est risqué car les ambitions énormes.

A sa manière Roselyne Yong Shee donne un visage humain à la fonction en ce sens qu’elle replace les habitants au centre de la politique locale. Et la présidente a une idée bien précise de la politique parce qu’il s’agit bien de s’occuper des affaires de la cité, sans pour autant mettre de côté les premiers concernés.

«Avec mon énergie et le soutien de mes conseillers et des village councils, nous serons capables de faire avancer les choses ou au moins jeter les bases d’un mieux être» conclue-t-elle, le poing fermé.