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Ronald Edouard : Un demi-siècle de souvenirs

4 mai 2013, 08:04

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Ronald Edouard : Un demi-siècle de souvenirs

Le samedi 27 avril 1963 naissait le quotidien l’express. Une semaine plus tôt, Ronald Edouard, 27 ans à l’époque, suivait le Dr Philippe Forget, l’un des fondateurs du journal, à la rue Brown-Séquard et se fait embaucher comme typographe. Métier qu’il a appris après avoir arpenté d’autres imprimeries.

 
 
Invité samedi dernier pour être honoré en compagnie d’une quinzaine d’autres anciens employés qui ont «contribué à cette oeuvre collective» comme l’a rappelé le Dr Forget, Ronald Edouard, âgé aujourd’hui de 78 ans, n’a malheureusement pu y être. Ce qui ne l’empêche pas de nous faire revivre quelques souvenirs en nous recevant vendredi, chez lui à Bambous, assis à côté de Lydie, son épouse, alitée pour cause de maladie.
 
Des noms et des images issus de la belle histoire qu’il a vécue se bousculent dans sa tête et il cite pêle-mêle le directeur et rédacteur-en-chef  Dr Philippe Forget, les journalistes Jean Delaître, Guy et Jean Balancy, Percy McGaw, Pierre Renaud, Gilles Forget, Jean Claude de l’Estrac, Karl Offmann, ancien président de la République, Serge Courtois, Jeannine Rabaude et Luc Olivier, entre autres.
 
Il mentionne aussi, à tort, Marie Thérèse Sidonie – qui a en fait travaillé au seul journal de l’époque qui était publié en créole, l’épée, avec comme rédacteur Marcel Mason.
 
«Le Dr Forget était quelqu’un de très strict. Vous pouvez plaisanter avec lui après le travail mais pas avant ! C’est un homme que je respecte beaucoup. Il avait un sens de solidarité, un trait de caractère que j’avais découvert pendant les bagarres raciales de 1968. Il véhiculait des employés de La Sentinelle qui rentraient chez eux tard la nuit. J’en faisais partie. Un soir, en arrivant aux environs de Pailles sur la nouvelle route, on a entendu un bruit assourdissant et presque aussitôt on s’est rendu compte qu’un gros morceau de fer était tombé sur le dôme de la voiture. Ne perdant pas son sang-froid, le Dr Forget a poursuivi sa route et a déposé tous les employés chez eux. C’était des moments vraiment pénibles. Si Docteur ti areté, nu ti pou trouv la mor.»
 
Pour Ronald Edouard, l’esprit d’équipe primait vraiment à cette époque, dans le bonheur comme dans le malheur. «Je dois dire également que nous avons été frappés, ceux de ma génération et moi-même, par sa capacité de travail, sa rigueur professionnelle.»
 
Notre interlocuteur a vécu aux côtés de ses anciens collègues de grands moments de souvenirs et de grande complicité. Pour preuve, il se souvient encore de Jeannine Rabaude. Celle qui est encore employée comme réceptionniste à La Sentinelle et qui ne manquait pas de le taquiner dès qu’ils se croisaient dans les couloirs de La Sentinelle ou sur le parvis ou à côté de l’église Immaculée Conception.
 
«Mo ti ase gro sa lépok. Kot Jeannine trouv mwa li kasiet dan kwen li krié for for ‘gro nana, gro nana’. Letan mo tourn deryer, mo pa trouv li me mo dir ‘sa bizin limem sa’.»
 
Les moments les plus durs pour Ronald Edouard et ses amis à La Sentinelle, c’était lorsque la direction leur a indiqué qu’avec les nouvelles technologies pour moderniser l’entreprise, ses collègues et lui devaient se transformer, passer de la typographie au montage. «Nous ne savions pas trop quoi faire. Mais Patrick Michel qui était journaliste à cette époque, nous a conseillé de ne pas baisser les bras et dans la foulée avait conseillé à Bouck-Pillay Vythilingum d’accrocher un appareil photo autour du cou car il avait le potentiel de devenir un bon photographe.»
 
Se souvenant de Gérard Cariapen, animateur à la MBC, qui n’a passé qu’une seule journée à la rédaction de l’express, Ronald Edouard ne peut s’empêcher de pouffer de rire. «Gérard kit l’express parski ti pe travay aswar. Li pa ti koné ki laba (NdlR : à la radio nationale) bizin travay aswar et lizour et li pli dur.»