Colère et frustration. Voici ce que ressentent depuis une semaine les villageois de Rivière-Noire suite à l’accès interdit de la plage publique des Salines. Soutenus par les forces vives de la région, ces derniers ont manifesté vendredi dernier lors d’une marche pacifique qui a réuni 200 personnes devant l’entrée des villas privées en construction donnant directement accès à la plage des Salines.
 
« Nos enfants ne peuvent plus aller se baigner et jouer à la plage. Nous ne pouvons plus y aller pour nous détendre en famille. Ils sont en train de nous confisquer notre plage ! », s’indigne Marie Laure Labeauté, une villageoise de Rivière-Noire, dont les quatre enfants n’ont plus d’autre choix que de s’amuser sur le chemin et dans leur cour, depuis l’accès interdit de la plage des Salines. Avec les vacances scolaires de Paques qui arrivent prochainement, ces enfants du village de Rivière-Noire et des alentours ne pourront plus aller jouer sur cette plage peu fréquentée de la région. Alors, faute de mieux, ils s’occupent et s’amusent comme ils peuvent avec ce qu’ils peuvent. Un vieux ballon usé, des billes, des roches et des poupées feront l’affaire pour les plus sages, alors que les plus téméraires iront s’aventurer sur les barques de leur père ou de leur oncle quelque part sur les berges du barachois.
 
De génération en génération, la plage des Salines a toujours été, selon Marie Laure Labeauté, le lieu de loisir de prédilection de toutes les familles de pêcheurs et des villageois de Rivière-Noire. « C’est une tradition pour toutes les personnes de l’endroit d’aller pique-niquer en famille ou de célébrer des fêtes religieuses sur cette plage. Elle fait partie de notre patrimoine », poursuit notre interlocutrice visiblement peinée de ne plus pouvoir s’y rendre. Comme elle, ils sont 27 familles, pour la plupart des pêcheurs à protester contre cette interdiction.  
 
Cette plage était également l’unique endroit accessible et proche pour ces habitants pour pouvoir s’y baigner et se rafraichir, compte tenu de la chaleur écrasante qui y règne en été. « Maintenant nous devons prendre le bus en famille pour aller à la plage publique du Morne, vous imaginez que c’est une dépense supplémentaire pour nous tous », ajoute Marie Laure Labeauté. Remonté et ne ménageant pas ses forces, un autre habitant de la région, Soopaya Veerapen, un chauffeur de taxi essaie tant bien que mal de réunir les autorités concernées pour une visite du site et pour trouver une solution face à ce problème, mais en vain… « Je me demande à quoi sert la Beach Authority. Ils n’ont rien pu faire pour nous aider. Je ne suis pas contre le progrès et le développement de la région, mais qu’on nous laisse l’accès libre à la plage des Salines qui appartient au public », fait-il entendre.
 
Selon ce dernier, les habitants ont peut être perdu une bataille mais la guerre car une autre manifestation avec d’autres forces vives et les habitants des villages allant de Tamarin au Morne est à prévoir d’ici la fin du mois d`avril.
 
Une barrière surveillée par des gardes de sécurité nuit et jour bloque l’accès à la plage des Salines. Cette barrière se situe à l’entrée des villas privées destinées à une clientèle étrangère, dont la plupart seraient des Sud-Africains, selon Soopaya Veerapen. « Nous sommes en train de devenir des étrangers dans notre propre village », ajoute-t-il.
 
Le propriétaire et responsable du projet, n’a pu être joignable, en raison d’un déplacement à l’étranger. En attendant, les habitants du village restent sans défense et n’ont pas d’autre choix que de se rendre au Morne pour nager tranquillement ou se détendre.

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