Publicité

Ram Seegobin : « Je vois difficilement cette alliance aller au bout de son mandat ».

31 juillet 2011, 11:43

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Ram Seegobin du parti Lalit et fin observateur politique revient sur les événements qui ont secoué l’échiquier politique au cours de la semaine écoulée. Il explique la réaction de Pravind Juganuth et réclame des comptes dans l’affaire Medpoint.

Quelle est votre analyse de la démission collective des ministres du Mouvement Socialiste Militant (MSM) ?
 
Cette démission en série peut être décrite comme un marchandage de Pravind Juganuth et du MSM. Une initiative vis-à-vis du Premier ministre. Qui n’a rien à faire avec la solidarité. Depuis les élections générales de 2010, l’Alliance de l’Avenir est minée par des conflits internes. Déjà la répartition des tickets et la distribution des portefeuilles ministériels n’avaient pas plu aux travaillistes. La performance de la plupart des candidats orange qui avaient terminé en tête de liste le jour des résultats avait jeté un froid entre les élus du Parti Travailliste (PTr) et ceux du Mouvement socialiste militant(MSM). Au cours des 14 derniers mois, régulièrement les rouges ont essayé de cut down to size leur partenaire d’alliance .

Quand l’affaire Medpoint éclate au grand jour, tout de suite le PTr a fait comprendre que c’est un problème du MSM. L’arrestation et la nécessité pour Maya Hanoomanjee de démissionner a été la dernière goutte d’eau qui a submergé les relations PTR-MSM. Quand il a réalisé que le PTr  a commencé à étriper son parti, Pravind Juganuth a été obligé de réagir pour protéger ses ambitions personnelles.

Quelle a été votre première réaction quand le scandale MedPoint a éclaté?

Comment et pourquoi ces gens ont pu croire qu’ils arriveraient à se sortir d’une telle embrouille et faire avaler une telle énormité à la population ?

Et quelles sont vos conclusions ?

Il faut peut-être revenir à l’épisode de la location du Sun Trust Building. Un gouvernement MMM-MSM décide de louer une partie de ce bâtiment pour y aménager les locaux du ministère de l’Education. Déjà cela c’est politiquement très malsain et ne cadre pas avec l’Etat de droit et la démocratie. En 1995, le gouvernement PTr-MMM prend la décision de résilier le contrat que j’imagine en béton. Le clan Jugnauth porte plainte et réclame Rs 45 millions à l’Etat. Cinq plus tard un autre gouvernement MSM-MMM reverse au clan Jugnauth un chèque de Rs 45 millions.
C’est pour cela, je pense, que le clan Jugnauth ne s’est pas inquiété et est allé de l’avant avec cette transaction frauduleuse. Toutefois des bancs de l’opposition, Bérenger a vu en l’affaire Medpoint un moyen de s’attaquer à la cohésion gouvernementale. Et ainsi est né le scandale du siècle.

Le plus aberrant dans cette affaire de votre point de vue ?

Malhotra, depuis quelques années déjà, a évalué sa clinique à Rs 145 millions. Après la très mauvaise représentation théâtrale des évaluations et contre évaluations mettant en scène évaluateur, chef évaluateur et Quantity surveyor, le prix de la clinique arrive soudain à Rs 125 millions et en y ajoutant des équipements à Rs 19,7 millions nous arrivons comme par enchantement à Rs 144,7 millions. Il ne faut pas prendre les gens pour des cons.

Beaucoup de spéculations ont été faite sur ce qu’il adviendra après le retour du Premier ministre

Il y a une difficulté à imaginer l’issue de cette crise. Les quelques scénarios envisageables dans l’immédiat sont totalement différents de ceux qui sont possible dans le court et moyen terme. Cependant je vois difficilement cette alliance terminer son mandat.

Autre question soulevé par cette cassure annoncée : Des éventuelles transfuges viendront-ils brouiller les cartes ?

Je ne me souviens pas d’une cassure propre depuis notre accession à l’indépendance. Il y a toujours eu des élus qui ont abandonné leur parti pour s’en aller occuper les bancs de l’opposition. Je ne pense que ce soit différent cette fois-ci.

Propos recueillis par Jean-Yves Chavrimootoo