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Raj Ramrachia : La force des convictions

20 août 2009, 00:00

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Raj Ramrachia : La force des convictions

Il est venu présenter un projet ambitieux de ville-satellite à Réduit. Raj Ramrachia, directeur général de «Four Equal», est un Mauricien établi à l’étranger, qui ne se contente pas de son business outre-mer. Pour lui, la réussite n’est qu’une question de volonté, et Maurice ne peut en être dissociée.

C’est un homme pressé qui traverse, le pas décidé, la démarche soutenue, le hall d’entrée de son hôtel à Ebène. Raj Ramrachia a l’oreille collée à son téléphone. A peine le temps de saluer d’une poignée de main ferme que le téléphone sonne de nouveau. C’est que l’homme d’affaires, venu lancer un projet de ville-satellite à Réduit au coût de Rs 11,6 milliards pour la première phase, est très sollicité.

Fils unique d’une famille de Floréal, Raj Ramrachia n’est pas un inconnu. Il a été, à l’âge de 17 ans – il dit, blagueur, être âgé aujourd’hui de «27 ans et demi» – le tombeur de Vacoas Transport alors qu’il était à la tête du Bus Owners’ Syndicate en 1979. De ces années chaudes, il garde un souvenir vivace. Pour autant, il ne s’épanche pas plus sur le sujet. «Mes enfants ne sont même pas au courant de cette partie de ma vie», confie-t-il. Parti vivre en Afrique du Sud en 1982 «avec deux cos tumes, une cravate et Rs 2 000 en poche», aurait-il tourné le dos à sa vie mauricienne ? Certainement pas. «Je suis à 400 % Mauricien», insiste-t-il. Raj Ramrachia fait donc partie de ces Mauriciens d’ailleurs, qui n’ont pas oublié leurs racines. «Cette île, c’est notre mère.» Et c’est cela qui n’a cessé de le motiver à proposer des projets pour son pays, bien que la plupart de ses propositions soient restées lettre morte.

En Afrique du Sud, Raj Ramrachia n’a pas souffert outre mesure de l’apartheid. «Cela n’a pas été facile les quatre premières années, mais pour autant, je n’ai pas souffert du régime, parce que Maurice a toujours eu de bonnes relations avec l’Afrique du Sud et qu’on le veuille ou non, tant qu’on travaille, qu’on est générateur de revenus, la couleur de la peau ne compte pas», croit fermement cet imposant businessman au visage brun orné d’une barbe épaisse.

Très rapidement, il quitte Johannesburg, première étape de sa vie sur le continent, pour Durban, dans le Kwazulu-Natal, fief de la diaspora indienne installée dans le pays depuis le XIXe siècle. Là-bas, Raj Ramrachia se lance dans les affaires, avec l’in - time conviction qu’il va réussir.

Entrepreneur dans l’âme, il se lance dans le textile, l’ex - port, puis l’agroalimentaire ou encore la presse. «Quand on entreprend quelque chose, il ne faut pas se dire qu’il y a un risque mais que je vais le faire.» Manifestement, cet état d’esprit lui a été profitable. Le projet immobilier et commercial qu’il vient de dévoiler est à l’image de l’homme : une pointe de démesure, du volume, de l’opulence. Et du réalisme aussi. «Je ne suis pas un marchand de rêves.

Cela ne m’intéresse pas de vendre des rêves, de faire des effets d’annonce qui ne donnent rien. Je ne rêve pas. J’agis. Je construis. Je fais. C’est pourquoi il était hors de question de dévoiler quoi que ce soit de ce projet avant d’avoir tous les permis et tous les accords en main. On est donc en mesure de dire que ce projet ne restera pas dans les cartons, et que les premiers coups de pioche ne tarderont pas», souligne le directeur général de Four Equal, en se balançant dans le fauteuil en cuir qui trône devant le bureau de sa chambre d’hôtel.

Toutefois, on pourrait très bien se dire que ce vaste chantier aurait été davantage fait pour l’Afrique du Sud. Ne va-t-on pas vers un trop-plein d’offres, de projets immobiliers, de centres commerciaux ? «C’est un shopping mall, un vrai, qui intègre des activités commerciales, hôtelières, de loisir, et de l’habitat, des espaces de vie. Pourquoi estce que ce type de projet devrait-être réservé aux pays étrangers ? Pourquoi devrions-nous continuer à faire du shopping à Singapour, à fantasmer sur les shopping malls de Dubaï alors qu’on pourrait le faire, pour les Mauriciens et pour les touristes ?» interroge-t-il sans attendre.

Clairement, Raj Ramrachia continue de nourrir des ambitions pour son île parce qu’il ne l’a vraiment jamais quittée. Les modèles de développement, les innovations, ou encore les projets commerciaux qui fonctionnent à l’étranger, devraient, selon lui, trouver leur place à Maurice. «Quand j’ai entendu parler pour la première de World Class Mauritius, j’ai compris que l’ouverture que nous donne l’expatriation doit nous permettre, à nous les Mauriciens de l’étranger, d’apporter notre contribution à notre pays.» Et cela doit toujours être fait dans un élan d’ambition non dissimulé et surtout, sans aucune crainte du risque.

Raj Ramrachia a d’autres tours dans son sac à business, c’est certain. Il ne saurait s’arrêter là. «On n’a qu’une vie. Il faut la vivre pleinement. Je fais ce que j’aime : travailler, manger, profiter. Et je garde sans cesse à l’esprit que j’ai des choses à donner à Maurice.» Plus que tout, peut-être, l’essentiel est de ne pas avoir de regret. Sans conteste, Raj Ramrachia n’en a aucun.

(Source : L''''express quotidien)